Pink ( scénario et dessins de Kyoko Okazaki, Casterman, collection Sakka ou collection Ecritures)

Après Helter Skelter, chroniqué durant le mois d’aout, voici une autre petite merveille d’une très grande dame du manga, Mme Kyoko Okazaki.
Pink raconte l’histoire de Yumi, jeune fille de 22 ans, employée de bureau le jour et prostitué la nuit. Contrairement aux apparences, Yumi a choisi cette double condition qui lui permet d’être indépendante de sa belle-mère détestée et de nourrir tranquillement son animal de compagnie : un crocodile !
Un jour, elle rencontre Haruo, un jeune étudiant, apprenti écrivain et accessoirement amant de sa belle-mère !
Vous l’aurez compris en lisant ce petit résumé, le ton de ce manga est à l’image de son héroïne largement décomplexé ! S’il avait été par un homme, sans doute l’aurait-on qualifié de machiste, sexiste etc… Mais voilà, Kyoko Okazaki est bien une femme et elle n’a pas peur d’aborder crûment, mais sans vulgarité, un thème comme la sexualité. Si de nos jours, c’est assez banal, en 1989, date de parution de Pink, c’est une première.

C’est par un ton désinvolte, comique mais aussi cynique – incarné par Keiko, la petite soeur très adulte de Yumi – que Kyoko Okazaki  aborde la société japonaise. Critique vis-à-vis du monde de l’entreprise, du culte de l’apparence (la cruelle belle-mère), de l’hypocrisie des « biens-pensants » (voir la scène très drôle où après un séance, Yumi voit un de ses clients sado-maso à la télé), du monde littéraire (avec le personnage d’Haruo, pauvre garçon très légèrement débordé par la folie douce de sa copine), elle n’oublie pas pour autant d’évoquer les rêves, les ambitions ou les douces folies de son héroïne.

Cruelle parfois, déjantée souvent, entière, l’œuvre de Kyoko Okazaki a ouvert les portes à un manga pour femmes plus adultes. Si aujourd’hui Mari Okazaki (Complèment affectif), Erika Sakurazawa (Diamonds), Fumi Yoshinaga (All my darling daughters) ou Kiriko Nananan (Blue, Everyday) et bien d’autres peuvent aborder des thèmes aussi variés dans leur josei (manga pour femmes adultes) c’est bien grâce à leur glorieuse ainée.

Pour résumé, c’est un manga incontournable à mettre entre toutes les mains. Encore une pierre contre le mur des idées reçues qui commence juste à se fendiller.
A noter : deux versions disponibles : l’une dans la collection Sakka, l’autre dans la « select » collection Ecritures.

A lire : à lire une critique du site de la collection Akata (c’est marrant ça, Delcourt fait une chronique sur un album Casterman !!! )
A lire : une critique de sceneario.com

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