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Blog | Le bruit de la mouche le soir au fond du blog (humeur)

Comme un bruit de moucheron derrière l’oreille, ça m’est venu sans prévenir, pour déranger, pour m’empêcher de trouver le sommeil du juste. C’est un germe semé aux quatre vents du globe Internet et qui touche tout le monde… enfin surtout nous, auteurs de chroniques amateurs.

Cette idée m’est venue en regardant mes statistiques. Ah les statistiques ! Qui vient chez moi ? Quand ? Pour quel article ? Beaucoup d’entre nous font les fiers en arborant l’air détaché de celui qui s’en désintéresse. Si pour certains dont la noblesse d’âme n’est plus à prouver c’est effectivement le cas, la plupart se jette quotidiennement, ou disons très régulièrement, sur les courbes, camemberts, listes ou autres histogrammes. Les mêmes statiques qui nous font découvrir les mots clefs poétiques du type Loisel Erotique, Comédie Pornographique utilisé par les gens pour rejoindre notre site. Et encore j’évite de mettre les plus trashs ! Bref, de quoi avoir des assurances quant à l’avenir glorieux de l’humanité…

Je dois avouer que je suis plutôt dans la catégorie des acharnés des stats.  Après tout, si le blog est un outil narcissique de première catégorie – regardez comme je sais faire de jolies phrases  – c’est aussi un moyen efficace de partager son avis avec le monde entier. Sous réserve bien entendu que le dit « monde entier » soit francophone mais nos diplomates y travaillent. Bref, être lu est agréable et ça motive pour faire de belles chroniques (si, si !).

Où en étais-je ? Ah oui ! Après 3 ou 4 jours sans passer par mon module de gestion du blog, je regardais donc ces fameuses statistiques. Quand soudain (tada !) un pic ressemblant étrangement au Mont Ventoux sur un profil d’étape du Tour de France ! Un pic, un cap, une… ! Cette pointe spectaculaire était le fruit d’un article publié ce jour précis, un seul article, unique, alors que j’ai tant de chouettes billets à lire : la Page Blanche de Boulet et Bagieu !

« Fichtre me dis-je ! Je viens de quintupler mes visites sur un seul article ! ça c’est du buz ! » Buuuuzzzz, buuuuzzzz ! Vous avez vu ! L’appel du moucheron ! L’idée saugrenue était cachée sous l’insinuation maladive qu’éventuellement, en étant un peu malin, je pouvais peut-être doubler mes visites sur la multiplication de ces articles dont l’objet était plus le passage que l’album lui-même. En y réfléchissant c’est simplissime :

Recette pour se faire du buzz :
– Prenez le top 10 des meilleurs albums vendus dans le classement Livres Hebdo ou plus fort encore celui du supermarché local. Evitez tout contact avec votre libraire habituel !
– Choisissez les 5 premiers, en particulier les albums qui marqueront à jamais l’histoire de la bande dessinée surtout ceux scénarisés par des imitateurs de la télé.
– Faites une chronique de préférence incendiaire
– Comptez sur la chance pour qu’une armée de fan en délire passe par là et vous insulte copieusement
– Faites montez la sauce en surenchérissant dans l’insulte graveleuse, voire raciste/machiste (pour les garçons)/féministes (pour les filles)/ homophobe c’est encore mieux.
– Consultez vos statistiques, si ça ne prend pas encore, recommencez. A force ça passera.

A partir de la semaine prochaine j’appliquerai donc cette formule.

Non mais revenez quoi !

Heureusement pour moi, cette idée saugrenue a été chassée d’un revers de la main. Un gros PAF sur le moucheron et l’idée était déjà partie. Vous ne verrez donc pas sur IDDBD, les albums de ce fameux top 5 des titres les plus vendus. Bien entendu si un jour Fred Peeters était dans le lot je ferais une exception mais malheureusement je suis bibliothécaire depuis 9 ans et je ne l’ai encore jamais vu passer.

Evidemment, vous l’aurez compris, je me moque gentiment de cette chasse aux lecteurs dont certains blogueurs sont friands. Ils sont capables de choses étonnantes pour cette gloire illusoire. Ce n’est pas nouveau, seule la qualité, la créativité ou la participation sont des moyens de faire grandir un blog. Les solutions artificielles sont rarement pérennes… et les choses se savent vite dans ce petit monde. Mais après tout, chacun mène sa barque dans la direction voulue. Ce n’est simplement pas la même que la mienne. IDDBD restera donc un petit blog.

Ce billet n’avait d’utilité que pour moi seul, c’est un petit plaisir narcissique dont je parlais plus haut, une façon caricaturale d’exorciser un penchant mal venu. J’en tremble encore. Il est parfois utile de se perdre un peu.

Allez demain j’attaque une chronique sur les blagues de… Buuuuuzzzzzzzzzzzzzzzz !!!!!
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!

Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Chronique | Soldats de sable (Higa)

De mars à juin 1945, des milliers de civils japonais furent pris dans la bataille de l’archipel d’Okinawa. Simples civils, soldats, volontaires des groupes d’auto-défense, hommes, femmes ou enfants, c’est par leur regard que Susumu Higa raconte l’un des tournants de la sanglante bataille du Pacifique.

Un livre pour l’histoire

Pour moi, inculte notoire passant son temps à lire des livres avec des images, la bataille du Pacifique était surtout quelques lignes dans les livres d’histoire du lycée, des noms comme Kamikaze, Pearl Harbor ou Hiroshima par exemple. Ce recueil d’histoires était donc l’occasion de m’éclairer un peu en découvrant en plus le travail de Susumu Higa.

Pour raconter cette histoire,  l’auteur n’a pas fait le choix de se lancer dans une grande saga militaire digne des reportages et films hollywoodiens sur le sujet. Au contraire, il a pris le parti des petits, de l’humain, de ceux et de celles qui ont subi les conséquences des choix des puissants. Par ce biais Susumu Higa, dont l’attachement à son île natale est si profond qu’il en a fait le lieu de toutes ses œuvres, dresse le portrait d’une dizaine de personnages, femmes, hommes et enfants. Il raconte même les histoires de ses propres parents. Sans doute un peu romancés, ces témoignages n’en demeurent pas moins véridiques et apportent un éclairage bien particulier sur une époque et une société. Un japon qui, au vu de ses récits, paraît clairement à la dérive à la veille de cette bataille.

Histoires ordinaires

En faisant ce choix, on pourrait penser que l’auteur manque d’ambition. Au contraire, évoquer une guerre uniquement par ses grandes manifestations m’apparaît personnellement beaucoup plus paresseux. Oui, la connaissance du fait est importante mais est-elle primordiale pour comprendre ? Pourquoi 100 000 civils sur 450 000 habitants sont-ils morts ? Pourquoi sur les 90 000 militaires morts du côté japonais (sur une armée de 110 000) 28 000 était des membres civils de groupe d’auto-défense ? Pourquoi ce massacre ? Pourquoi ce sacrifice ? Beaucoup de questions auxquelles une description des événements militaires serait bien incapable de répondre.

La pertinence de l’approche de Susumu Higa apparaît alors dans le détail, dans le sous-texte permanent qui décrit d’une manière indirecte une société schizophrénique prise entre un militarisme forcené, un sens du sacrifice proche de la folie suicidaire et une volonté de survie, de conservation de la part de ses citoyens. Heureusement, il évite la moralisation facile du type « la guerre c’est mal » mais touche par l’héroïsme de ces êtres ordinaires. L’inquiétude et l’émotion sont vite au rendez-vous.

 

Une juste progression

Susumu Higa fait le choix d’une très grande sobriété. Son trait est plaisant, fin et réaliste, il n’abuse pas d’effet. La composition est efficace, classique mais permet d’alterner le rythme. Même si Soldats de Sable est un recueil, il propose des récits relativement longs ce qui permet d’éviter la frustration inhérente au format. Surtout, si les nouvelles sont indépendantes, elles progressent chronologiquement. Ainsi, des prémisses de la bataille dans le premier récit, aux premières attaques puis à la débandade, la lecture entraîne progressivement dans le conflit. Nous perdons peu à peu les repères pourtant si clairs au départ, à l’image de ce volontaire du groupe d’autodéfense, vous serez perdu dans le flot des événements comme les personnages eux-mêmes ! Là encore, cela participe à l’intérêt du récit en rendant ainsi la perte du monde connu par la population japonaise encore plus amère.

Soldats de Sable est une œuvre documentaire majeure dont la force réside dans sa grande sobriété. Pas de grandes envolées, juste la simplicité de l’humanité. Une œuvre qui porte un regard particulier sur un événement historique important. Un hommage aux disparus innocents de la seconde guerre mondiale. Une œuvre forte justement sélectionnée au FIBD d’Angoulême 2012.

A lire : feuilletez les premières planches sur le site du Lézard Noir, le très bon éditeur de cet album.
A lire : la chronique de Choco, notre spécialiste Japon sur KBD

Soldats de Sable (Suna no Tsurugi)
Scénario et dessins : Susumu Higa
Éditions: Le Lézard Noir, 2011 (21€)

Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : une œuvre incontournable pour les bibliothèques au budget satisfaisant. Plus difficile pour les petites.

Chroniques BD

Chronique | La page blanche (Bagieu & Boulet)

Elle est dans la rue. A Paris. Regard à droite, à gauche… Que fait-elle ici, sur ce banc ? Elle ne sait pas vraiment. Son nom… comment s’appelle-t-elle ? Impossible de se rappeler. Son sac ! Elle fouille. Éloïse Pinson, 10 rue de Nancy… Oui, peut-être…

Le Mariage des princes

Dire que le phénomène blogs BD a été un véritable changement dans les pratiques de lecture des bédéphiles dans ces 10 dernières années est un doux euphémisme. De nombreux auteurs ont connu le succès grâce à leurs billets quasi-quotidiens. Plus que quiconque (hormis Martin Vidberg peut-être) Pénélope Bagieu – qui s’est fait connaître au départ par le pseudo de Pénélope Jolicoeur – et Boulet sont les exemples parfaits de cette réussite. Succès sur le web avec des dizaines (voire des centaines) de milliers de visiteurs par jour et succès de papier avec les ventes de leurs albums respectifs (les Notes, Ma vie est tout à fait fascinante, Joséphine, Cadavre Exquis). Qu’on aime ou pas leurs travaux, là n’est pas la question. Ils sont simplement incontournables et comme souvent dans ce cas, sont tour à tour l’objet de critiques voire de haines… Bandes de petits jaloux !

C’est dire si cette Page blanche était attendue au tournant ! Boulet au scénario et Pénélope aux dessins est une idée venue des équipes de Delcourt. Et je dois avouer que j’étais moi-même plutôt intrigué par le résultat possible de cette collaboration. En effet, si Boulet n’a pas attendu le succès de son blog pour faire des séries de qualités issues du magazine Tchô ! – je vous conseille la lecture de La Petite Rubrique scientifique ou de Raghnarok – il est surtout spécialiste de formats courts (gags à planches, billets de blogs…). Que pouvait-il donner sur une histoire de 200 planches ? Allait-on retrouver cette touche si particulière entre humour de geek, nostalgie et regards décalés ? Pénélope Bagieu, la sainte patronne des blogueuses  girly, pouvait-elle adapter son dessin à un esprit différent ?

Une jolie idée

Cette histoire de quête identitaire commence par une introduction qui pose bien les choses. Immédiatement, nous retrouvons le trait habituel de Pénélope Bagieu : lisse, couleurs informatiques, personnages en rondeur et découpage dynamique n’hésitant pas à faire zoom avant ou arrière, gros plan… Pas de mots inutiles, beaucoup d’efficacité et nous voici déjà plongés dans l’histoire. Tout part très vite et on attend la suite car cette idée d’amnésie, si elle apparaît être classique, peut très bien amener des développements intéressants. Bref, la première impression est bonne.

Au fur et à mesure de l’histoire on retrouve de ci de là ce qui fait toute la saveur des travaux des deux auteurs : le sens de la dérision, cette faculté à multiplier les situations cocasses – je pense notamment aux tentatives diverses d’explication de la situation dans l’esprit d’Héloïse – et un sens de la construction qui rend très agréable la lecture.

Puis, au cours de l’histoire, des thématiques apparaissent : le rapport aux choses et aux êtres, l’intégration dans la vie et la construction de sa propre personnalité… ça effleure, ça tend des perches, ça va démarrer bientôt, là, oui, c’est… la fin. On dit au revoir à Éloïse sur une conclusion terrible, monumentale, audacieuse, ultime dirais-je ! [NDLR : attention je spoile à la fin de cette phrase] : elle repeint son appartement  ! Moi, je dis YES, pourquoi perdre son temps avec une psychanalyse. C’est LA solution !

Sous le superficiel… le vide

Désolé, je ne pouvais empêcher cette pointe de sarcasme. J’ai essayé pourtant, impossible ! Franchement, quel est le problème de cet album ? Son manque profond d’intérêt et d’envergure. Oui c’est par instant drôle, c’est même un album très bien réalisé, tout est en place, tout est pensé et construit. Ça donne l’impression d’une pierre parfaitement polie pour être la plus douce possible, une pierre sur laquelle les flots passent. Mais que reste-t-il au bout ? Une vague lecture, un simple divertissement alors que les possibilités offertes étaient nombreuses. Honnêtement, quand on se moque à demi-mots des lectures « standards » des clients de son héroïne, on veille à produire un livre qui sorte un peu des sentiers battus.

Tout au long de cette lecture, j’ai attendu un véritable démarrage, une prise de risque qui nous amènerai éventuellement à être touché par cette tranche de vie perdue. J’attendais un instant lumineux où l’apparence des êtres, la superficialité des instants seraient dépassés par un message, une thématique. J’attendais quoi ? Je ne sais pas très bien. Une surprise, un rebondissement ? Un peu de profondeur dans un récit qui se borne à inspecter la surface des choses ? On en vient presque à plaindre cette héroïne qui se débat seule pour aller au-delà, comprendre… On lui donnerait presque un mouchoir quand, dans sa « profonde » quête identitaire, elle n’arrive pas à faire des réflexions plus puissantes que « Oh, une maison Bouygues ! Super ! ». Zut les auteurs, aidez-là quoi !

C’est incroyable. Quand on lit régulièrement le blog de Boulet, on sait que sous ses airs d’humoriste  potache, il est capable par un dessin, un mot, une réflexion simple, d’émouvoir avec beaucoup de sensibilité. Il a la grâce de l’humoriste, capable de parler de choses graves avec légèreté, le talent de celui qui « montre son cul pour cacher son cœur » (Desproges). Mais La Page Blanche est une simple historiette, un petit livre artisanale bien propre fait pour donner bonne conscience aux foules par un message final démago mal amené qui tombe avec autant de finesse qu’un sumotori plongeant du tremplin de 30 mètres à la piscine municipale. Ils peuvent se moquer du cliché de la parisienne tout au long du livre mais objectivement, jamais ils n’en sortent eux-mêmes ou alors pour en proposer de nouveaux. Au final, toutes ces pages sont bien fades.

La Page Blanche est un album décevant. Paradoxalement, il est réalisé avec beaucoup de maîtrise mais en matière de dessin comme en scénario, l’absence de risque, la volonté de faire « propre » dénature complètement la bonne idée de départ. Au bout de l’histoire, rien ou si peu, sinon une accumulation de clichés et une conclusion démagogique.

A lire : enfin une critique digne de ce nom sur les Bulles Carrées !

La Page Blanche (one-shot) [encore heureux !]
Scénario : Boulet
Dessins : Pénélope Bagieu
Editions : Delcourt, 2012 (22,95€)
Collection : Mirages

Public : Ados-adultes
Pour les bibliothécaires : un pur best-seller. Aucun intérêt mais on vous le demandera.

Chroniques BD

Chronique | Frenchman (Prugne)

1803, la Louisiane est vendue par le jeune consul Bonaparte à la toute jeune nation américaine. Dans le même temps, le futur empereur lève la conscription en France. En Normandie, dans le village de Champs-sur-Huguette, Alban Labiche, fils de paysan, frère d’Angèle, est ami avec Louis de Mauge. Ce dernier est également l’amant d’Angèle. Quels liens entre ces personnages, la Louisiane et la conscription ? Le destin et une aventure dans les paysages sauvages et dangereux de l’Amérique inexplorée.

Aventure, aventure

Ce qui attire l’œil en premier lieu avec ce livre, c’est cette couverture aux tons brumeux. On hume l’aventure à plein nez, le danger également. Bref, en l’ouvrant on sait que l’on va être transporté vers des univers bien éloignés de la réalité des grandes villes et des considérations intellectuelles du roman graphique. Ici, c’est de la BD à l’ancienne, avec des jeunes héros insouciants, des vieux briscards qui vont leur apprendre la vie et des méchants bien pourries comme on aime à les détester. Effectivement, pas de surprises, on trouve exactement ce qu’on était venu chercher.

Angèle, par exemple, porte magnifiquement son nom avec son visage doux, ses cheveux blonds, ses fesses rebondies, ce petit côté audacieux et indomptables, cette naïveté de (fausse) pucelle, bref des traits qui sauront séduire ces messieurs. Quand elle se fait presque violer, elle réussit à dire : « Sans votre intervention, je ne sais pas de quoi ce vaurien aurait été capable ». Heureusement, Patrick Prugne joue très bien le coup dans la réplique suivante. Ce qu’on pourrait donc prendre pour de la maladresse se révèle être un petit côté auto-dérision, une gentille façon de se moquer de son personnage.  Quant aux garçons, pas de soucis avec eux, il y a du courage, de l’impétuosité, de la droiture et un côté candide absolument parfait qui les poussent de plus en plus loin dans leur aventure. Bref, des héros de bande dessinée qui ont, eux aussi, droit à quelques répliques bien senties.

La tradition « historique »

Le dessin n’est pas strictement académique. Mais il correspond parfaitement au genre « historique ».  Toutefois, nous ne sommes pas ici dans les critères stricts d’une collection comme  Vécu de Glénat qui cherche un trait très réaliste. La grande qualité graphique de cet album est double. D’abord les couleurs qui sont, à l’image de celles de la couverture, absolument splendides. Elles donnent une vraie atmosphère aux forêts sauvages, aux baraquements des premières colonies mais aussi à ces paysages normands du début du 19e siècle. Ensuite, les cadrages. Patrick Prugne fait ici un remarquable travail sur ces choix en faisant « tourner » ses images autour de ses personnages. Sur une même planche, on peut facilement avoir plusieurs angles. Cela nous permet à la fois de bénéficier d’un regard à 360° sur des paysages magnifiques lors de temps de repos ou de jouer sur les points de vue durant les moments « chauds ».

Bien entendu, comme dans toutes BD réalistes à l’ancienne, on  notera le remarquable travail de documentation graphique et historique. Il nous permet de plonger avec exactitude dans une période et un lieu propice aux grandes aventures. Ici, il ne s’agit toutefois pas de dresser le portrait d’un général mais d’un simple soldat victime d’une chasse à l’homme accompagné d’un trappeur bougon type Davy Crocket à moustache. Ce dernier, personnage historique réel, est d’ailleurs l’archétype du vieux briscard dont je parlais tout à l’heure.

Par les chemins… balisés

Mais très vite, on s’approche des limites de ce type de bande dessinée. Il y a bien sûr le côté un peu vieillot. Mais après tout, c’est dans les vieux pots… vous connaissez le dicton. Non, mon principal reproche est la linéarité du scénario. Hormis le dénouement que je trouve bien vu quoique pas totalement surprenant, je trouve l’histoire très prévisible. Bien entendu, il y a ce long flashback qui permet de comprendre la situation de départ mais globalement, on voit les choses venir de loin, trop loin. J’ajouterais même qu’avec des personnages principaux et secondaires de ce type, très marqué graphiquement par leurs rôles respectifs, proposer un tel scénario signifie s’exposer aux clichés. Heureusement, on se laisse facilement emporter par la narration qui est plaisante et l’atmosphère graphique. Cependant, les quelques rebondissements sont, eux aussi, cousus de fils blancs.

Mais c’est peut-être un point de vue très personnel. Pour moi, le problème de la bd historique est souvent qu’elle cherche à trop se coller à la grande histoire en oubliant quelques peu le récit. Ainsi, malgré un travail remarquable d’inscription dans les faits historiques, on peine parfois à s’accommoder d’une histoire un peu trop simpliste. Voici quelques temps, je disais l’inverse dans un commentaire (sur Habibi je crois) mais simplicité ne rime pas toujours avec linéarité. Ici, nous sommes plus transportés par l’atmosphère que par une véritable action et des rebondissements.

Frenchman est un beau tableau d’un Amérique naissante avec ses violences, ses cruautés, ses beautés naturelles. Graphiquement somptueux, cet album s’inscrit dans un classicisme assumé et ravira les amateurs de BD historiques d’aventures. Cependant, son scénario très linéaire manque un peu de surprises. Une lecture agréable certes, mais loin d’être extraordinaire.

A lire : la chronique de Manuel Picaud sur son blog

Frenchman (one-shot)
Scénario et dessins : Patrick Prugne
Éditions : Daniel Maghen, 2011 (19€)

Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : une bd classique qui ravira les amateurs de bd historique… et pour une fois ce n’est pas une série à rallonge.

Chroniques BD

Mini-Chronique | Tétine Man (Long & Nicolas)

Aujourd’hui, j’entame un nouveau type d’article sur IDDBD : les mini-chroniques. Ces billets sont destinés à des albums dont je souhaiterais parler mais qui ne nécessitent cependant pas d’en faire une analyse longue et profonde (hum, hum) comme dans les chroniques habituelles. Je pourrais également les utiliser pour vous signaler la suite de séries déjà présente sur IDDBD. Bref, un peu de tout mais pas du n’importe quoi.

Donc c’est parti avec Tétine Man. C’est une BD jeunesse (oui, une BD jeunesse, incroyable ici) que j’ai acheté pour ma fille lors du festival d’Angoulême. Les plus attentifs se souviendront s’en doute de mon article sur le sujet.

Tétine Man est un petit garçon de 4 ans qui ne se sépare jamais de sa tétine. Il y puise force, courage, calme. Bref, sans sa tétine, il n’est plus Tétine Man. D’ailleurs ses parents ont abandonné la lutte. Impossible de lui faire enlever. Malgré les quelques quolibets, Tétine Man reste Tétine Man : il est le plus fort. Durant ce premier volume, nous découvrons trois petites histoires qui le mettent aux prises avec les plus furieux adversaires : la petite fille qui voulait passer devant au toboggan, le petit garçon qui voulait lui manger son goûter et sa grand-mère (la plus maline de toute). Mais évidemment…

Lecture rapide pour un petit livre mais de très bons moments d’humour intergénérationnel. Ma fille de 4 ans, sa grande sœur, sa maman et moi-même avons beaucoup ri, mais pas pour les mêmes raisons. Les parents y verront une jolie parodie des super-héros, aimeront le côté décalé de l’ensemble. Les enfants se retrouveront dans ce petit personnage malin, stoïque et jamais violent (au contraire). Bref, l’écriture de Christophe Nicolas est efficace et rigolote. Quant au dessin de Guillaume Long, il est aussi très simple. Son petit personnage est, comme souvent avec les enfants, très expressif. Si on ne voit jamais sa bouche, ses yeux et ses attitudes parlent pour lui.

Bref, une fois n’est pas coutume, je vous conseille de lire cette BD jeunesse très maline. Et si vous avez des enfants, c’est encore mieux. Une bonne façon de découvrir la bande dessinée pour nos chères têtes blondes.

A voir : la fiche album sur Didier Jeunesse

Tétine Man (2 tomes parus)
Scénario : Christophe Nicolas
Dessins : Guillaume Long
Éditions : Didier Jeunesse

Public : pour tous, et les parents surtout
Pour les bibliothécaires : ah, je ne suis pas spécialiste en BD jeunesse mais je pense que celle-ci vaut le coup !

Chroniques BD

Chronique | Sous l’entonnoir (Sybilline & Sicaud)

Aline tente de se suicider en avalant des médicaments. Heureusement pour elle, elle échoue dans sa tentative. Quinze ans après, Aline/Sibylline raconte, son séjour à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne, à Paris.

Sibylline est une auteure qui ne semble pas vraiment hésiter dans ses choix. Depuis son premier album, Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin, cette dernière a tenu à bousculer les habitudes. En 2008, elle signe Première fois, un recueil de 10 récits érotiques. Rare pour une fille auteure de BD ! Sur cet album c’est d’une façon bien différente qu’elle se livre. Si cette fois, elle n’enlève ni le haut ni le bas à son personnage, c’est pour lui faire enfiler un pyjama bleu et un entonnoir. En réalité, le personnage n’en est pas vraiment un et l’entonnoir n’existe pas. Mais Sibylline se met à nu et revient sur une courte période de son adolescence, un mois qui a compté dans sa vie.

Dans la littérature, le cinéma et même la bande dessinée, l’hôpital psychiatrique a le plus souvent été raconté par un regard extérieur. Que se passe-t-il vraiment dans ces lieux mystérieux et inquiétants ? Sibylline, elle, nous le raconte de son point de vue de patiente. Sous l’entonnoir n’est pas une histoire de fous mais chez les fous. Il s’agit de dresser le portrait d’une communauté close, enfermée dans des lieux où l’horizon – et par conséquent l’avenir –  n’existe plus. De ce point de vue, le rendu graphique de Natacha Sicaud est un travail magnifique. Les décors minimalistes (quelques tables, quelques chaises) ne sont que des aplats de couleurs, des murs sans vie, froids.

Sibylline ne fait pas le choix de raconter chaque histoires des humains habitant ce drôle de lieu. Elle les décrit, les regarde évoluer, entre parfois en contact sans jamais pouvoir véritablement comprendre leur existence. Ainsi, Sous l’entonnoir est composé de très courts chapitres qui constituent chacun de toutes petites touches de sa propre existence. A croire que ces hommes et ses femmes n’existent qu’à travers elle. L’alternance entre plan resserré et grands espaces de vide aide à mesurer toute l’importance du regard dans cet album. Regard sur soi, regard sur les autres.

Car ne vous y trompez pas, Sous l’entonnoir est aussi un livre d’apprentissage. Après tout, le personnage n’est pas là non plus sans raison. Sans être l’incarnation de la folie elle reste une patiente comme les autres… avec ses problèmes et ses soucis. Faire un livre sur cette période, raconter cet événement douloureux et sans aucun doute fondateur d’une autre vie n’est absolument pas anodin. Faut-il du courage pour réussir à parler de tout cela ou est-ce au final une façon de faire la paix avec la vie d’avant, une façon définitive de combler ce vide immuable que l’on ressent tout au long du livre ? Car, après la folie, le vide est l’autre grand thème de cet album. Le vide intérieur qui empêche de grandir, l’absence de la mère qui par conséquent est incapable de résoudre les problèmes de l’adolescence, l’absence de parole laissant pourrir la douleur au fond de soi. Tout ce vide à combler donne à cet album toute son énergie.

Sous une fausse simplicité, Natacha Sicaud et Sibylline offre une œuvre  véritablement aboutie dans le fond et la forme, une symbiose entre textes et dessins. La scénariste se donne entièrement et généreusement dans cette œuvre d’une très grande sensibilité. On ressent les choses, la douleur, la peine mais aussi les joies et ce sentiment d’apaisement qui conclut les quêtes abouties. Un album très fort !

A lire : les chroniques d’Yvan, d’Eric Guillaud et celui, surprenant, d’un maître de conf’ en droit privé !

Sous l’Entonnoir (one-shot)
Scénario : Sibylline
Dessins : Natacha Sicaud
Editions : Delcourt, 2011 (17,50€)
Collection : Mirages

Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : sélection officialle Angoulême 2012, un album important dans la lignée qualitative de cette collection (cf Pourquoi j’ai tué Pierre ? ou Elle ne pleure pas elle chante)

A noter : aujourd’hui, 4 janvier, IDDBD passe sur le blog 1blog1jour ! Merci à Franck pour sa sélection et bienvenu aux non-habitués qui passerait par ici

Chroniques BD

Chronique | La Dynastie Donald Duck T1 (Carl Barks)

Dernière chronique de l’année pour IDDBD ! Dans mon sac de voyage, j’emporte quelques bonnes lectures qui vous retrouverez certainement durant le mois de janvier 2012. J’avais quelques albums sous la main ces derniers jours mais ils ne m’ont pas beaucoup inspiré. Pas du tout même. C’est pourquoi je me suis repenché avec nostalgie sur l’intégrale Carl Barks dont j’avais acheté le premier volume cette année. Pourquoi nostalgie ? C’est tout simplement l’un des premiers héros à avoir bercé mon enfance de lecteur de BD. Si vous lisez cette chronique, c’est grâce (ou à cause) de lui !

Qui ne connaît pas le plus célèbre des canards créé par Dick Lundy pour les studios Disney en 1934 ? Hystérique, colérique, malchanceux mais aussi courageux et espiègle, Donald Duck c’est un peu un monsieur tout-le-monde. De petits boulots en multiplication de dettes, il est comme vous et moi, bien souvent en galère. Mais chose incroyable, il se débrouille toujours pour se retrouver dans des aventures extraordinaires capables de lui faire oublier les multiples soucis de son quotidien. Faut dire qu’avec sa famille… Car Donald n’est pas seul à Donaldville la bien nommée. Il est accompagné par ses neveux (les fameux Castor Junior Riri, Fifi, Loulou), ses cousin Gontran Bonheur et Gus, sa jolie cousine Daisy, Grand-mère Donald, et surtout le non-moins célèbre Scrooge Mc Duck alias Onc’Picsou, le canard le plus riche du monde. N’oublions pas non plus Géo Trouvetou, les Rapetou ou Miss Tick

Mais tout ça, vous le connaissez aussi bien que moi. Sauf si vos parents communistes vous interdisaient de lire cette « littérature capitaliste », vous avez sans doute parcouru les multiples chasses au trésor ou les improbables aventures du quotidien dans l’univers Duck. Le titre de ce premier recueil, La Dynastie Donald Duck, n’est pas qu’un simple titre, c’est la réalité d’un univers riche développé presque exclusivement par un seul homme : Carl Barks. Celui que l’on surnommait affectueusement l’homme des canards a consacré 40 ans de carrière au palmipède à vareuse, a écrit plus de 700 histoires. Comme tous les grands auteurs, il a lui-même des héritiers. Citons l’américain Don Rosa et sa Jeunesse de Picsou.

Paradoxalement, les amateurs de bandes dessinées européennes voient plutôt d’un mauvais œil les publications Disney. Ersatz de sous-BD uniquement bonnes à figurer dans des magazines pour enfants vite lu et vite oublier ? On ne peut pas toujours leur donner tord, il y a beaucoup de choses inintéressantes. Cependant, les œuvres de Carl Barks sont marqués d’une griffe particulière qui les font immerger. Je crois qu’on appelle ça le talent.

En 60 ans (1950-1951 pour ce volume) certaines histoires sont devenues un peu désuètes. Cependant la plupart ont gardé beaucoup de dynamisme et d’intérêt. Si dans les formats courts (entre 10 et 15 planches pour la plupart) l’auteur n’a pas eu le temps de tergiverser, allant droit au but dans sa narration, les histoires aux formats plus longs (entre 30 et 40 planches) sont des véritables exemples de construction de scénarios. Il alterne péripéties et temps morts, suspense et révélations. Pas de doute, Carl Barks était un conteur. D’ailleurs 60 après, les enfants – je sais j’ai testé avec mes filles– accrochent très facilement à ses histoires (faussement) simples.

Mais à quoi reconnaît-on une bonne BD ? Allez, je suis certain que vous avez la réponse ! Je l’ai déjà dit en plus ! Bon ce sont les vacances alors je passe pour cette fois. Une bonne BD c’est une adéquation parfaite entre scénario et dessin. Est-ce le cas ici ? Oui, assurément car tout le travail narrative se retrouve également dans le dessin. Contrairement à plusieurs bande dessinée jeunesse européenne des années 60, le graphisme de Carl Barks n’est pas vraiment marqué par le temps. Si les décors simples mais réalistes sont ceux du monde des années 50 (comme les décors de Tintin par exemple), les caricatures cartoonesques n’ont pas pris une ride. Donald et ses camarades sont toujours en mouvement. Rien n’est statique même si le découpage est très classique. Comme ses histoires, Carl Barks signe un dessin d’une efficacité d’orfèvre, un travail d’artisan et d’artiste.

Pour ces fêtes, je vous conseille donc de vous repencher sur ce grand ancêtre de la bande dessinée américaine disparu en 2000. Cela vous permettra de jeter un autre regard sur des productions souvent mal connues par le public européen. Mais c’est vrai que Disney n’a autorisé la publication au format album que très récemment en Europe. Alors n’hésitez pas, jetez vous sur ces petits trésors d’inventivités. Il ne me reste plus qu’à vous souhaitez de joyeuses fêtes ! Et j’espère que le père Noël vous aura apporter quelques bonnes BD… Si il lit IDDBD, ça devrait le faire !

A voir : la fiche album chez Glénat
A lire : la biographie de Carl Barks sur wikipedia

Titre : La dynastie Donald Duck : sur les traces de la licorne et autres histoires (5 volumes parus)
Collection : Intégrale Carl Barks
Editions : Glénat, 2010, 29€
Editions originales : Disney

Public : Jeunesse
Pour les bibliothécaires : un grand classique de la bande dessinée mondiale. Un maître tout simplement.

Chroniques BD

Chronique | Solanin T.1 (Asano)

Taneda et Meiko débutent dans la vie. Jeune couple, ils découvrent les joies et les problèmes de la vie à deux et du monde du travail. Ils n’ont rien d’extraordinaire mais rêvent d’une vie loin du train-train quotidien… comme tous leurs amis.

Simple, beau…

Je commence souvent mes chroniques en vous disant que le hasard fait parfois bien les choses. J’aime bien prendre un album, ne rien en connaître et puis découvrir son histoire et son auteur. Chacun sa façon de se balader dans les rayons d’une bibliothèque. On y rencontre parfois de belles choses. Alors, qu’est-ce qui m’a attiré chez Solanin ? Déjà le titre qui m’a rappelé l’un de mes films préférés de Takeshi Kitano (Sonatine). Oui, je sais, c’est un critère un peu spécial mais que voulez-vous, l’effet madeleine de Proust oblige ! Bon d’accord, les deux œuvres n’ont strictement rien à voir. J’avoue. Ensuite, la couverture que je trouve très belle par sa simplicité et son originalité. Un jeune couple au loin dessiné sur une photo avec en filigranes quelques traits blancs. En ouvrant, on constate un dessin classique pour du manga. Mais ce dernier dispose d’un trait un peu particulier, me rappelant le dessin de Hisae Iwaoka (La cité saturne, Yumenosoko). L’auteur joue aussi beaucoup sur la lumière. Bref, j’ai apprécié ce que j’ai vu. Et sur ce point, je reste convaincu des qualités de cet auteur.

…mais creux.

En revanche, côté histoire, soyons clair d’entrée (enfin de milieu de chronique plutôt), il me semble avoir vu tous les poncifs du manga certes gentil (si ce n’est gentillet) mais pénible sur la longueur. Mais pourquoi tant de haine ? Non ami mangaka, je ne te hais point… Ton traducteur peut-être car quand je lis des phrases du type « Si jamais tu doutes de ton idéal parce qu’il te paraît irréaliste… il vaut toujours mieux risquer d’avoir des regrets en essayant que regretter de ne pas avoir essayé ». Et encore, là je fais dans la sobriété car il y a des grands moments de réflexions transcendantales destinées à comprendre la théorie générale de l’univers de mon 9m² avec cuisine. C’est simple, on dirait du Pascal (Obispo). Désolé si je suis un peu méchant – oui parce que quand j’évoque Obispo, en général, ce n’est pas un compliment – mais, je m’étonne qu’en 2006, on puisse encore nous servir ce genre d’album dont les principaux codes narratifs reposent encore sur ceux des années 80. Certes le dessin est moderne, certes nous parlons de jeunes des années 2000 mais globalement, en grattant un peu, on retrouve les mêmes préoccupations que dans un Maison Ikkoku (Juliette je t’aime). C’était bien à l’époque, mais depuis le monde de la bande dessinée a un peu changé. La comédie romantique c’est bien, mais pourquoi ne pas réfléchir à une façon nouvelle et élégante de présenter la chose ? On n’évite rien ! Les doutes s’enfilant sur des pages et des pages, le lacrymal en mode gros plan, le groupe d’ami avec le vieil étudiant, la copine dynamique, le rebelle, le faux dur… Bref, toute la famille est là ! Sous d’autres traits, mais toujours bien présent. Et je ne parle même pas des rebondissements (et de cette fin de premier volume surtout !!!!!) dont on se demande presque comment il a osé le faire tellement c’est du vu, revu et rerevu ! Lourd dans le plus mauvais sens du terme.

A trop tortiller

Comment ne pas comparer à Kazuo Kamimura et à son Lorsque nous vivions ensemble. Une oeuvre des années 70 évoquant un couple de jeune vivant sans être marié et dont les codes traditionnalistes de la société japonaise les brûlent peu à peu. Certes, c’est une œuvre qui est destiné à un public plus âgé, qui est un drame. Mais sur tous les plans, les qualités narratives rendent à cette histoire japonaise une universalité marquante. C’est une oeuvre dans son sens le plus noble. Avec Solanin, œuvre pour vieuex ados, on a juste envie de secouer un peu les personnages tout en se disant qu’ils sont un peu la victime d’un créateur qui a voulu ratisser large pour toucher un maximum de public. On navigue entre les berges du manga pour ados à succès (un brin de rêve de musique comme dans Nana ou Beck), de la comédie sentimentale classique et de la chronique de société (façon Everyday de Kiriko Nananan) sans jamais de véritable maîtrise. Résultat : on touche ces bords avec un tel fracas qu’il est impossible au bout d’un moment de ne pas voir les ficelles. Simplement puéril.

Vous l’aurez compris, Solanin n’est pas une œuvre qui se retrouvera dans mon panier de père Noël. Une œuvre aux beaux atours mais qui supportent assez mal la comparaison avec les références dont elle semble s’inspirer. Beaucoup trop de clichés pour se sentir concerner par l’histoire de ce jeune couple. En tout cas, je ne perdrais pas mon temps à lire le tome 2… ou alors vous serez convaincant dans les commentaires !

2 volumes (séries terminées)
scénario et dessins : Inio Asano
Editions : Kana (Dargaud), 2006
Collection : Made In
Edition originale : Shogakukan, 2006

Public : ados à partir de 14 ans
Pour les bibliothécaires : franchement inutile

Infos du jour

Dimanche KBD | Poulet aux prunes (Satrapi)

Comment bien terminer ce dimanche ? Avec la deuxième synthèse de décembre consacrée au magnifique Poulet aux prunes de Marjane Satrapi.

Sacré meilleur album à Angoulême, cet album est un peu à part dans l’œuvre de l’iranienne. Album poétique évoquant l’amour, le désespoir et la musique… Ça tombe bien, ce dernier thème est justement celui de ce mois sur KBD.

Allez, je vous laisse découvrir la synthèse d’Yvan.

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