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Dimanche K.BD : V pour Vendetta

Comme chaque dimanche, l’équipe de k.bd vous invite à découvrir sa nouvelle synthèse.

Cette semaine, c’est V pour Vendetta du dieu des scénaristes anglo-saxons alias Mr Alan Moore qui ouvre le mois consacré à la BD engagée… Si vous ne souvenez plus de cette série référence, relisez la chronique d’IDDBD et surtout ne ratez pas cette incroyable, magnifique, splendide synthèse rédigée par… votre humble serviteur

>>>Allez c’est par ici<<<

Chroniques BD

Chronique | Blacksad – Tome 4 : L’Enfer, le Silence

Scénario de Juan Diaz Canales
Dessins de Juanjo Guarnido
Editions Dargaud, 2010
Public : Adulte-Ado, amateur de polars classiques
Pour les bibliothécaires : une série culte, indispensable à toute bédéthèque digne de ce nom…

Jazz mais noir…

Eblouissant ! Si je devais résumer en un mot ce quatrième tome de Blacksad, c’est à coup sûr celui qui me viendrait immédiatement à l’esprit. Tant pour le dessin que pour le scénario. Certes, Guarnido et Diaz Canales nous ont habitué à un travail de très haute qualité où leurs talents respectifs se complimentent en permanence, où chaque case est traité comme un plan de cinéma, où chaque dialogue paraît avoir été prononcé par Humphrey Bogart ou Ingrid Bergman. Mais c’est précisément pour cette raison, pour le niveau de qualité atteint par cette série, que chaque tome est attendu avec beaucoup d’impatience et un peu d’angoisse (la peur d’être déçu…). Encore une fois, nos deux artistes éteignent l’une et l’autre en nous procurant un immense bonheur de lecture, visuel et scénaristique.

Ce quatrième opus des aventures de John Blacksad, détective privé félin, nous entraîne à la Nouvelle-Orléans, à l’âge d’or du jazz, dans les années 50, dans un tourbillon d’action et de sentiments comme savent les distiller Guarnido et Diaz Canales. Bien entendu, le scénario est classique, ce qui n’est pas un reproche mais un compliment tant il paraît difficile aujourd’hui  à certains auteurs de concocter de bonnes histoires, ponctuées de rebondissements tout en restant crédibles et respectueuses de leurs personnages, mêlant intelligence et profondeur sans jamais ennuyer le lecteur. Avec un académisme et un formalisme apparents (et assumés), Diaz Canales arrive une fois encore à nous proposer ce cocktail subtil composé, certes des ingrédients de base de tout polar classique (à commencer par le privé solitaire), mais en y ajoutant ses nuances personnelles (un zest de mélancolie, une grosse pincée de psychologie, une grande rasade d’humanisme et quelques autres arômes que je vous laisse découvrir…). Le résultat est simplement délectable et vous régalera à coup sûr… pour peu que vous preniez le temps de le déguster. Car lire un tome de Blacksad, ce n’est pas boire un coca en canette, vite fait, juste pour se désaltérer. Il vous faudra trouver un endroit confortable et accueillant (le vieux canapé club fera très bien l’affaire…), un bon éclairage (dirigé vers les planches, vous laissant, vous, dans une douce pénombre…), une bonne musique (si possible du bon vieux jazz… mais nous ne sommes pas intransigeants) et un peu de temps (pas de précipitation !) pour siroter l’histoire.

D’autant que vous prendrez autant de plaisir à lire qu’à admirer le sublime dessin de Guarnido ! Il me semble, avec le recul, que peu de dessinateurs peuvent prétendre l’égaler tant son trait et ses couleurs atteignent un niveau de qualité, de sensibilité et de talent qui – personnellement – me laissent béat d’admiration. Et ce n’est pas ce quatrième opus qui me contredira ! La maître a pris son temps (4 ans tout de même) mais cela valait le coup d’attendre ! Merci, merci et encore merci pour ce moment passé dans vos cases Monsieur Guarnido ! C’est un régal pour l’oeil, l’esprit et l’âme… A tous points de vue, Blacksad mérite de figurer au panthéon de votre bédéthèque : ne passez pas à côté de ce monument du 9ème art qui participe de ses lettres de noblesses.

A lire : le pitch et les six premières pages sur le site de Dargaud

A lire : la chronique de Bulles et Onomatopées

A noter : cette chronique s’inscrit dans le challenge BD de Mr Zombi auquel IDDBD participe !

Chroniques BD

Chronique : Rock’n’Roll Life

Textes et dialogues de Bruce Paley
Dessins de Carol Swain
Editions çà et là (2008)

Public : Adulte, amateur de romans graphiques anglo-saxon.Pour rockeurs dans l’âme

Pour les bibliothécaires : Un bon album, pas vraiment indispensable cependant. Si un bon public amateur de l’esprit rock.

American « No Way » of life

« Bruce Paley a 18 ans en 1967, l’année du Summer of Love. De la fin des années 60 à l’aube des eighties, il traverse l’Amérique de la contre-culture, de New York à Los Angeles et du hasch à l’héro... » (synospis éditeur)

Rock’n’roll life nous plonge dans les souvenirs de Bruce Paley, américain né à New York, immigré en Angleterre où il vit actuellement avec Carol Swain, illustratrice de cet album. Par un trait simple et un noir charbonneux, dans un fouillis ordonné qu’ils dressent ensemble un portrait de cette autre Amérique. Celle des rockeurs sous acide, des hallucinations, des voyages en auto-stop, des concerts ratés, du vagabondage, des petits trafics foireux entre dépression et moment de grâce. Bref, l’anti-conformisme des américains refusant la voie de la consommation de masse (hormis celle de drogues). Rock’n’roll life, donne une impression de fuite en avant, de points de non-retour constamment franchis. Pourtant, il n’y a rien de romantique là-dedans car Bruce Paley dresse un portrait sans aucune compromission. Il ne s’illusionne pas sur son passé et décrit les travers de sa propre voie. Les mots de sa dédicace donne immédiatement le ton : To Gordon and Harvey who survived, and Bob, Daphne et Howie, who diddn’t. Ces personnes seront tous de passage dans les pages qui suivront.

Malgré tout, on reste comme attaché aux folies et aux dérives dangereuses (voire suicidaires) de ce peuple d’insouciant qui em…. le monde. Ces hommes et ces femmes ne pensaient à rien, encore moins à l’avenir. Un présent pour brûler la vie, quitte à la finir trop vite. On peut ne pas être d’accord, c’est tout de même une forme de liberté. Si je l’admire ? Non pas vraiment car les résultats ne sont pas très probants, la liberté a son prix. Pourtant, je reconnais leur courage devant la résignation. Une époque où l’utopie avait sa place. Les périodes se suivent et ne ressemblent visiblement guère.

Rock n’ roll life est un témoignage sur une époque politiquement révolue. Un album qui casse les mythes et les légendes du sexe, drogue, amour et rock’n’roll. Malgré tout, même l’auteur rangé, on sent une petite pointe de nostalgie au fil de pages. Des regrets ? Non, mais des souvenirs !

A lire : la fiche album sur le site des éditions çà et là. Télécharger un extrait (pdf)
A découvrir : toujours sur le site de çà et là, l’alléchant Foodboy

Chroniques BD

Chronique | M

d’après le film M le maudit de Fritz Lang
adaptation et dessins de Jon J. Muth
scénario de Thea Von Harbou et Fritz Lang
Editions Emmanuel Proust (collection Atmosphères)
Public : adulte et cinéphile accompli ou en devenir
Pour les bibliothécaires : une expérience graphique impressionnante, pour un public averti

Bulle cinématographique

Berlin, années 30.
Impuissant face à un tueur en série, la police harcèle la pègre. Les chefs du milieu décident alors de se faire justice eux-mêmes. Commence alors une impitoyable chasse à l’homme.

Reprendre en BD l’une des œuvres majeures de l’un des plus grands réalisateurs du 7e art, voici une entreprise à la fois passionnante et risquée. Mais après tout pourquoi pas ? Le film de Fritz Lang, tourné au début des années 30, reste d’une modernité exceptionnelle et ses thèmes résonnent encore dans le paysage politique et social d’aujourd’hui.

D’ailleurs, Jon J. Muth, lui-même grand artisan de l’essor du roman graphique américain dans les années 80, n’a pas pris de risques avec le scénario original. Il y ajoute seulement quelques passages. On ne pourra pas le lui reprocher tant l’écriture de Théa Von Harbou et de Fritz Lang explore finement les côtés obscures de l’âme humaine, pose des questionnements autour de la justice et de la morale tout en interpellant le spectateur/lecteur au plus profond de lui-même. C’est vrai, pour l’ensemble, Jon J. Muth met en image sa propre vision de l’œuvre… Oui, mais quelle vision !

Car il ne se contente pas seulement d’illustrer. Il met lui-même en scène un « roman-photo », positionnant des acteurs dans des décors réels avant  de les photographier. Ces photos sont ensuite reproduites en tableau. Cette technique « photo-réaliste » donne véritablement un ton particulier à l’ensemble. Jon J. Muth s’attache à créer des atmosphères proches de l’univers original tout en ajoutant une touche bien à lui, plus moderne et surtout plus proche du média BD. Car, même si cette technique est souvent critiquée, on lui reproche notamment de cacher le manque  de qualité de certains dessinateurs, elle permet de créer une passerelle véritable entre le 7e et le 9e art tout en conservant à chacun sa spécificité. Et puis, entre nous, l’auteur n’a plus besoin de prouver quoi que se soit depuis bien longtemps.

Au bout du compte, cette histoire monumentale est magnifiquement bien servie par cette adaptation respectueuse, splendide sur le plan de la construction et du graphisme. Un livre qui vous donnera forcément envie de découvrir ou redécouvrir une des plus belles pages de l’histoire du cinéma.

A lire : le très bon article sur ActuaBD
A découvrir : le point de vue de collègues bibliothécaires dans l’Essonne
A lire (encore) : la critique sur sceneario.com

A noter : cette chronique s’inscrit dans le challenge BD de Mr Zombi auquel IDDBD participe !

Infos du jour

L’Info du Jour : Interne, le nouvel album de David de Thuin

Il y a des auteurs pour lesquels on a un attachement particulier, des affinités spéciales… enfin, quelque chose qui, à nos yeux, les distinguent définitivement des autres. David de Thuin appartient à cette catégorie d’artistes sensibles, intelligents, touchants. Aussi, lorsqu’il nous gratifie d’un nouvel album, impossible de ne pas vous le recommander chaudement (même avec un peu de retard… comme d’hab).

A lire : la belle chronique de Martin Vidberg (l’auteur de l’Actu en Patates)

A visiter : VERNOR, le blog de David de Thuin où vous pourrez vous régaler de quelques strips

A relire : les chroniques d’IDDBD sur les albums de David de Thuin (Le Roi des Bourdons ; La Colère dans l’Eau …)

Chroniques BD

Chronique : Swallow me whole

scénario et dessins de Nate Powell
Editions Casterman, collection Ecritures (2009)
Public : Adulte, amateur de roman graphique américain
Pour les bibliothécaires : Incontournable !
Eisner Award du Meilleur Roman Graphique 2009

Le magicien et le crapaud

Dans une ville moyenne des Etats-Unis, Ruth et Perry sont deux faux-jumeaux pré-ados en apparence bien ordinaire. Ils se rendent chaque jour dans un collège très marqué par une religion radicale, ont leurs relations et leurs habitudes. Cependant, chacun cultive un jardin secret un peu particulier : Perry voit et entend un petit sorcier qui lui demande de dessiner ses prophéties, Ruth entrepose des bocaux remplis d’insectes morts avec lesquels elle communique. Touts les deux veillent sur le secret de l’autre. Mais le temps passant ce qui apparaît comme une lubie d’enfants pourrait bien avoir des répercussions inquiétantes…

Dense et riche dans son propos, à la fois réaliste et onirique dans son graphisme, Swallow me whole fait partie de ses albums dont il est nécessaire de digérer le contenu après l’avoir lu afin de se poser les bonnes questions. Dans un premier temps, on serait facilement tenté de le comparer au très réussi Blankets de Craig Thompson : même période de la vie, même situation sociale et culturelle de l’environnement, même attrait pour un graphisme proche de l’école européenne. Cependant, il convient de s’arrêter là car Nate Powell aborde l’adolescence dans sa partie la plus obscure là ou Craig Thompson y voyait de la lumière.

Cette histoire est composée de petites touches du quotidien s’enchaînant à une vitesse vertigineuse. Autour des deux protagonistes principaux, que nous suivrons de 12 à 16/17 ans environ, gravitent toute la population habituelle : des parents aux réactions tardives, une grand-mère qui perd la tête, des professeurs à la merci des croyances locales (en particulier la prof de biologie qui se doit d’éviter les théories évolutionnistes), des amis exclus de la bulle du frère et de la sœur, des médecins… Chacun apporte sa pierre à l’édifice du récit, sa part de vérité dans le développement des deux personnages et de responsabilité dans les événements qui suivront. Malgré tout cet entourage, c’est l’absence d’écoute qui prévaut. La mère de Ruth et Perry devenant sourde au fur et à mesure de l’histoire en est une métaphore particulièrement bien réussie.

Graphiquement, c’est une réussite véritablement exceptionnelle ! Nate Powell alterne entre un dessin au trait simple et des moments de pures folies en adéquation avec son récit. Le mal-être transparaît dans des traits parfois durs et rares sont les moments d’apaisements. Seuls les délires des personnages peuvent amener à une (relative) sérénité. Cette violence sous-jacente est absolument bouleversante et entraîne le lecteur au fond des choses…

Dans cette vision radicale de l’adolescence, et au travers elle d’une certaine Amérique, Nate Powell dresse un portrait de la folie. Pour tenter de répondre à l’énigme Ruth et Perry, il explore de multiples voies, sans qu’aucunes ne soient véritablement une réponse, sans qu’aucunes ne soient totalement absurdes. Complexe et d’une incroyable richesse, Swallow me whole,  peut sans doute être considéré comme une œuvre incontournable du roman graphique américain… à condition d’y pénétrer et de résister à sa charge émotionnelle.

A lire : la critique positive de Melville sur sceneario.com
A lire : la critique négative de David Taugis sur ActuaBD
A découvrir (pour mettre tout le monde d’accord) : les premières pages sur BDGest’

A noter : cette chronique s’inscrit dans le challenge BD de Mr Zombi auquel IDDBD participe !

Chroniques BD

Chronique : Fell T1 Snowtown

Scénario de Warren Ellis
Dessins de Ben Templesmith
Editions Delcourt, 2007. (Contrebande)
Public : Adulte, amateur de roman (très) noir et de glauque puissance 10000
Pour les bibliothécaires : Un très bon début de série. Même si c’est un tome 1, il peut se lire seul.

Justicier perdu

De l’autre côté du pont, Snowtown est un quartier-ville où la violence, la pauvreté et la folie sont vécus au quotidien. C’est ici que débarque Richard Fell, lieutenant de police. Dès son emménagement, il découvre la réalité de cette ville et se plonge lui ainsi que son lourd secret dans la partie de la plus obscure de cette zone de non-droit.

Après Transmetropolitan, nous nous plongeons encore dans l’œuvre dérangeante de Warren Ellis. Si avec Spider Jerusalem il dressait le portrait d’un journaliste déjanté et exubérant dans une ville futuriste, avec Richard Fell en revanche, nous sommes dans le portrait plus classique du flic introverti. Même si le propos est sans doute moins ambitieux, disons plus classique surtout, on retrouve la même qualité d’écriture. Les intrigues des huit histoires de ce premier volume (seul paru à ce jour en France) n’ont rien d’anecdotiques et tiennent autant aux personnages principaux qu’aux seconds rôles. Les habitants de Snowtown portent tous en eux, sur leurs visages ou leurs attitudes, une espèce de malédiction répandue dans les rues de la ville. L’univers dans lequel le lieutenant Fell évolue se situe à la frontière entre réalité et cauchemar, une ville hors du temps et de l’espace. Il y règne constamment une atmosphère oppressante grâce (ou à cause) du dessin incomparable de Ben Templesmith. Et ce choix de dessinateur est totalement judicieux, il suffit de voir son travail sur 30 jours de nuit, pour vraiment comprendre que Warren Ellis ne pouvait pas trouver mieux. Avec son dessin haché, torturé et ses choix de couleurs absorbant totalement la lumière le plongeon est immédiat.

Là encore, Warren Ellis ne ménage pas son lecteur et l’entraîne véritablement dans des histoires plus dures les unes que les autres. Je me garderais bien d’y chercher quelques explications. Cependant, chez lui il n’y a jamais d’écriture gratuite et de là à voir dans sa ville perdue une image des ghettos… je vous laisse vous faire un avis sur la question.

Fell est donc à conseiller à des âmes non-sensibles, prêtes à se plonger dans un univers riche et dérangeant. Un monde hors du temps où personne n’aimerait ne serait-ce que passer. Pourtant, comme l’écrit Richard Fell dans son journal: « 7h. C’est ici que je vis. ET vous n’êtes pas personne à mes yeux. Aucun de vous« . Une définition du héros.

A lire : l’excellente chronique de sceneario.com

A noter : cette chronique s’inscrit dans le challenge BD de Mr Zombi auquel IDDBD participe !

Chroniques BD

Chronique : El Borbah

scénario et dessins de Charles Burns
éditions Cornélius, 2008 (première publication en 1981)
Public : Adulte et amateur de comics alternatifs américains
Pour les bibliothécaires : Indispensable pour les fonds importants, sinon préférez Blackhole

Freak story

Charles Burns a connu un succès mondial avec Black Hole, une métaphore carnassière de la jeunesse américaine. Mais plusieurs années auparavant, il avait créé un détective au look et à la gouaille bien particulière. Mais non, ce n’est pas Colombo ! El Borbah, le détective privée aux allures de catcheurs mexicains et aux réparties fleuries constitue l’une de ses premières créations.

Comme expliqué dans le petit texte à la fin de ce recueil d’histoires, c’est en regardant par hasard un match de catch à la télévision que Charles Burns dessine les premiers croquis de son personnage. Publié initialement dans le magazine Heavy Metal, El Borbah rencontre un succès rapide et trouve sa place dans la mythique revue d’avant-garde Raw dirigée par Art Spiegelman.

A mi-chemin entre Sébastien Chabal (pour le physique) et Les Tontons flingueurs (pour les dialogues). Toujours prêt à tout pour se faire un maximum d’argent frais (ou pas, mais il n’en a rien à faire tant que c’est de l’argent), El Borbah se retrouve régulièrement dans des postures complexes face à des personnages farfelues et/ou monstrueux. Bien avant Black Hole (1994), Charles Burns aimaient déjà jouer avec le glauque et la difformité. Ici, il les prend comme des métaphores de l’esprit humain, le corps devenant une représentation véritable de l’esprit. Dans El Borbah, les méchants ont l’air méchants et les imbéciles aussi ! Impression renforcée par cette déjà grande maîtrise du dessin et ces atmosphères noires et blanches reconnaissables entre 1000.

Mais tout ceci n’est qu’un prétexte, car tout comme au catch, le lecteur se retrouve au milieu d’un jeu. L’intrigue en elle-même est moins importante que les personnages ou l’univers. Charles Burns ne cherchent pas à faire briller ses talents d’auteur de polar. Il s’amuse, joue et détourne les règles. Pourquoi ? Pour le plaisir de pointer du doigt les vices de la bonne société et des bonnes mœurs avec un joli brin de cynisme, pour rire de la bêtise humaine tout simplement.

Incontestablement, on retrouve déjà les prémisses de Black Hole dans cette première œuvre majeure. Une œuvre tout à fait sympathique et haute en couleur. Originale ! Saluons encore l’extraordinaire travail des éditions Cornélius. Encore du bel ouvrage !

A lire : l’entretien de du9 avec Charles Burns
A découvrir : le blog des éditions Cornelius
A noter :
cette chronique s’inscrit dans le challenge BD de Mr Zombi auquel IDDBD participe !

Chroniques BD

Chronique : La Nef des fous

Scénario et dessins de Turf
Éditions Delcourt, Collection Terres de légendes (1993)
7 volumes (série terminée)
Public : A partir de 14 ans. Amateur de fantasy
Pour les bibliothécaires : Pas indispensable. Même si d’une certaine qualité, série vieillissante.

Avant chronique : vous connaissez IDDBD, on vous dit un truc et le lendemain c’est le foutoir ! Comme j’ai promis à mes collègues de K.BD de pondre une chronique sur La Nef des fous au mois de septembre, je fais donc une exception dans le mois consacré à la BD américaine. Voici donc une chronique… d’une série qui ne m’a qu’à moitié convaincu en plus !

Au royaume des imbéciles…

En l’an 627, le roy Clément XVII d’Oxfols règne sur le royaume d’Eaux-folles avec l’insouciance propre aux monarques peu concernés. Heureusement, le Grand Coordinateur Ambroise veille sur le bon fonctionnement du royaume. Cependant, ce dernier convoite un peu plus que Chlorente, la fille du roi. Dans ce royaume où la folle mécanique cohabite avec les principes féodaux, les évènements vont se dérouler très vite… jusqu’à dévoiler l’incroyable vérité.

Le premier tome de La Nef des fous publié en 1993 s’inscrit complètement dans la qualité historique des premières années de la collection Terres de Légendes. A savoir des récits de fantasy plutôt originaux, devenus des références pour plusieurs d’entre eux (Garulfo, De Capes et de Crocs et surtout Légendes des contrées oubliées), agrémentés de dessins réalistes cherchant à surprendre et étonner. Bref, une bande dessinée grand public de qualité, une sorte de Poisson Pilote pour amateur de fantasy.

Et La Nef des fous respecte ces principes. Le scénario est très original, cherchant sans cesse le contrepied. Les bons mots, clins d’œil (le signe des insurgés rappelant un logo de maison d’édition bien connu, les petits monstres bleus, les robots…) et multiplications de personnages haut-en-couleur, sont légions. Turf s’amuse à rendre les méchants sympathiques et lance des pistes narratives à l’emporte-case.

Et c’est justement pour cette raison que ma lecture de La Nef des fous n’a jamais été totalement accomplie. Si plusieurs passages sont très bon, Turf multiplie un peu trop les pistes et perd en cohérence (relative vu le titre). Bref, il part souvent dans le tout et le n’importe quoi. Bien entendu, on comprend son but : nous perdre puis nous retrouver en fin de parcours. Mais au bout de la route, c’est épuisé qu’on y parvient tant on passe du coq à la rivière et de la chaudière au tonneau. Comment ça, ça n’a rien à voir ? Ben oui justement, c’est la structure narrative de Turf. Dans un univers aussi riche (car rendons à César ce qui… bref), j’aurais apprécié un peu de calme de temps à autre.

En matière de dessin, si les décors sont globalement superbes, les personnages me laissent un peu dubitatifs : expressions très caricaturales, postures des personnages rigides sur les premiers albums. Dans l’ensemble, on sent le passage du temps (ce qui a malheureusement touché pas mal d’albums de cette collection) en particulier sur les couleurs qui sont vraiment marqués début des années 90. On est loin de la qualité de couleurs d’un album d’Alim le tanneur par exemple. Mais la technique et les goûts esthétiques ne sont plus identiques.

La Nef des fous porte très bien son nom tant la folie règne dans ses pages. Toutefois, pour moi, la série a mal vieilli. On ne peut pas reprocher à Turf la recherche d’originalité mais la multiplication des pistes narratives m’a très vite lassé. Dans le même genre et la même collection, je conseillerai plutôt le très bon Horologiom.

A noter : cette chronique s’inscrit dans le challenge BD de Mr Zombi auquel IDDBD participe !

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