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Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Vitamine

(scénario et dessin de Keiko Suenobu, Panini Comics, 2005)

Jeunesse japonaise

Sawako a 15 ans et comme tout bon élève japonais travaille d’arrache-pied pour faire plaisir à ses parents et décrocher ainsi la meilleure place dans le meilleur des lycées. Mais un jour, la jeune fille cède aux avances de son petit ami et se retrouve dans une position assez délicate dans une salle de cours. Ils sont très vite découverts par un autre élève. Mais ce n’est que le lendemain que le cauchemar commence pour Sawako. Elle devient la souffre-douleur de la classe tandis que son ami la rejette complètement.

Attention claque assurée si vous vous décidez à lire ce petit bijou. Sous ces doux airs de shojo, Vitamine remue son petit monde. Récit initiatique évoquant un double phénomène fréquent au japon, la violence à l’école (ijimé)et l’absentéisme qui en découle, Keiko Suenobu dresse un portrait à l’acide de la société nippone. Elle ne prend pas de gants pour décrire la faillite d’un système qui empêche les jeunes de s’épanouir. Entre les cours du soir, les activités en club et la pression des parents, les jeunes ont trop peu de temps pour se retrouver face à eux-mêmes. Et tout peut déraper facilement et il n’y aura personne pour vous rattraper. Dans cette société où l’élitisme et l’individualisme sont rois, il y a peu de place pour le rêve. A méditer.
Je meurs d’envie de vous en dire plus mais ce n’est pas possible sans dévoiler la conclusion. Les 200 pages de ce petit one-shot se dévorent à la vitesse de l’éclair, idéal pour faire découvrir un manga brillant d’une toute jeune mangaka toute aussi brillante. Keiko Suenobu fait partie de cette nouvelle génération qui révolutionne peu à peu l’image d’Epinal du manga (avec Testuya Tsutsui entre autres). Une mangaka à suivre donc et un manga à relire sans modération !

A lire : l’excellente analyse sur Orient Extreme.net avec en particulier une explication du phénomène de l’Ijimé.

Chroniques BD

Petite fille de l’île d’Yeu

Edlyn (scénario et dessin de Cécile Brosseau, couleurs de Sébastien Bouet, éditions Soleil, 2007)

Vous savez quoi ? Et bien notre Mike a vraiment du nez. Le 12 mai, il nous faisait une info du jour spéciale Soleil. Dans cette chronique, il signalait déjà la sortie de Edlyn. Et là, mon cher Mike, désolé de te prendre de cours mais arpès avoir lu cette BD, j’ai bondi vers mon clavier et en trois mots : elle est magnifique !
Pour résumer un peu l’histoire (si vous n’avez pas lu l’info du jour du 12 mai), Edlyn a sept ans et vit sur l’île d’Yeu. Sa mère est douce, elle a une sœur et un petit frère. Mais son père, marin, est autoritaire et souvent méchant. Un jour, alors que le bateau paternel prend le large, elle rencontre un petit garçon bien étrange.

Cet album est tout simplement magique. Son dessin simple, dépouillé, un peu naïf, brille par une incroyable expressivité. Quelques traits de Cécile Brosseau et tout devient vivant. Des couleurs magnifiquement appliquées par Sébastien Bouet et voici une couverture merveilleuse ! Et ce n’est pas valable que pour la couverture !
Cette histoire bénéficie également d’un scénario digne de ce nom. A l’image de son dessin, Cécile Brosseau a construit un récit simple mais touchant. Elle sait distiller avec talent les tristesses, les mélancolies, les joies et les mystères. Edlyn est magnifiquement vivante et les émotions, sans effusion mal placée, sont à fleur de peau.

Mélancolique et sensible, cette histoire fera rêver les plus jeunes et s’émerveiller les adultes. En tout cas, je la considère déjà comme une de mes toutes meilleurs lectures BD de l’année. Incontournable !

Chroniques BD

la splendeur de l’Amérique en best of

American splendor – the best of (scénario d’Harvey Pekar, dessins : divers;  éditions Ballantine books – USA)

Publié en 2005 aux USA, cette deuxième compilation « généraliste » des (censées être les) meilleures histoires de cette série de comics d’Harvey Pekar est toujours disponible en France sur les sites de vente en ligne généralistes et reste l’une des plus simples façon de connaître l’univers de cet auteur, qui n’était à ce jour pas traduit dans notre pays. (pas depuis the Quitter donc !).

Cela s’explique peut être par la caractère très américain de la démarche et des allusions, qui, je pense ne trouveraient sans doute pas suffisamment d’échos auprès du public français.

L’intérêt majeur de ce recueil  d’histoires (17) en noir et blanc et de la série en général, en plus d’offrir des réflexions sinon pertinentes en tous cas gratinées sur la société américaine, réside donc dans la multiplicité des dessinateurs impliqués.

Ainsi, à l’image d’autres recueils ou « annuals » d’éditeurs américains (cf Expo 2000, Dark Horse maverick, Les Top Shelf on parade, 9-11 Emergency, Mome…), le lecteur français a l’occasion de découvrir d’une traite une multitude d’auteurs peu ou pas du tout connus outre Atlantique.

Une aubaine  … pour amateurs !

*Rectification à postériori : ce « Best of » complète le premier sortit en 1991 intitulé bizarrement « The New American Splendor Anthology » (chez Four Walls Eight Windows publisher) et propose des histoires plus récentes de la série, à l’inverse de ce que j’avais avancé sur mon blog en Janvier 2006. Pour trouver les épisodes plus anciens avec des  dessins de Robert Crumb, c’est donc celui de 1991 qu’il faudra choisir en priorité. (cqfd).

News : La série qui comptait jusqu’à présent 31 épisodes (une première série de 1976-1993 parue en autopublication, puis une seconde chez Dark Horse), a été réactivée pour quelques épisodes l’année dernière, cette fois chez Vertigo, label de DC comics. Ces épisodes viennent d’être regroupés à leur tour dans un recueil bon marché intitulé « American splendor : another day« .

A lire : la page documentée de Wikipédia consacrée à American Splendor

A découvrir : le site des 100 meilleurs comics (American splendor # 1 en 21eme position !) ainsi que les couvertures de chez Dark Horse

A lire : une note plus ancienne (blog d’Hector )sur le parallèle film/BD d’American Splendor

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Dixie Road

(scénario de Jean Dufaux, dessin de Hugues Labiano, couleurs de Marie-Paule Alluard, éditions Dargaud)

Bien sûr qu’il y a un peu des Raisins de la Colère dans Dixie Road : comment pourrait-il en aller autrement dès lors que l’on situe une action dans cette Amérique des années 30, totalement ravagée par la misère sociale et morale qui poussent les métayers, les ouvriers agricoles, les petites gens sur la route, toujours plus loin…

Bien sûr qu’il y a aussi du Bonnie Parker & Clyde Barrows dans Dixie Road : face à l’insoutenable injustice des grands propriétaires terriens, le couple Jones et leur fille Dixie représentent pour les exclus du bord de la route un espoir de liberté à défaut d’être un modèle de moralité. Ils attaquent les banques (enfin, surtout Jones) mais redistribuent leur butin tout en gardant en tête l’American Way of Life vanté sur les affiches publicitaires…

Mais réduire Dixie Road à un erzats de Steinbeck ou à une ressucée de Robin des Bois moderne serait passer à côté de cette BD construite comme un véritable road movie (cadrages compris), à la fois peinture sociale des USA d’avant guerre, récit initatique pour la jeune Dixie, trimballée par des parents à la recherche d’une certaine liberté, véritable (et crédible) histoire d’amour, thriller habilement rebondissant… Le scénario de Dufaux est digne de celui d’un film américain (et c’est un compliment…) et le dessin réaliste de Labiano rend parfaitement à la fois les ambiances du Sud et l’action. Allez chers lecteurs, la route est là qui vous attend…

A lire : l’interview de Jean Dufaux et Hugues Labiano sur bdparadisio.com

Chroniques BD

Les cinq conteurs de Bagdad

(scénario de Fabien Vehlmann, dessin de Frantz Duchazeau, couleurs de Walter, collection Long Courrier, éditions Dargaud)

Pourquoi lisons-nous des bandes dessinées ? Y avez-vous déjà pensé ? Seulement pour nous divertir ? Ou aussi pour y trouver « autre chose » ? Et quoi ?

Les cinq conteurs de Bagdad ne répondra peut-être pas à toutes ces questions, mais ce magnifique album vous aidera intelligement à trouver vos propres réponses. A la fin de ce récit initiatique qui va conduire cinq personnages hors du commun (Tarek, Wahida, Anouar, Nazim et Ahmed) de Bagdad jusqu’au bord du monde, au pays des Djinns, un dialogue nous éclaire. Nazim, le conteur populaire des marchés de la capitale babylonienne, nous interpelle. Lui, il parle des histoires qu’il raconte. Nous, à travers ses mots, nous nous demandons si les BD ne seraient pas « de petits récits divertissants [fabriqués] avec coeur, c’est tout« . Le séduisant Tarek lui (nous) répond – de manière plus intellectuelle, moins populaire – que ce serait plutôt « des histoires [destinées à ] changer la manière de voir les choses de ceux qui les [lisent], [car] changer le regard sur le monde, c’est déjà changer le monde« …

Personnellement, je crois que les deux points de vues sont non seulement possibles mais absolument nécessaires et souhaitables ? Pourquoi ? Je préfère laisser le dernier mot à l’humble (mais non moins intelligent) Nazim : « Continuez à me mépriser, moi et mon public de merde ! Ces gens qui ont le mauvais goût de ne chercher qu’un peu de rêve et de soleil après une foutue journée de travail ! Mais quand à force de raconter des histoires que nul ne comprend, vous vous retrouverez entre vous, tellement entre vous que vous serez tout seuls, alors revenez m’expliquer comment vous parviendrez à changer le monde ! ».

Et si, après tout, cet avertissement valait aussi pour la littérature, les arts, la politique… la vie tout simplement ?

A lire : la fiche album sur le site de Dargaud (avec 5 planches à découvrir)

A lire (aussi) : la très bonne critique (comme d’hab’) sur sceneario.com (celle-là, elle est de Berthold)

A lire (enfin) : l’intéresante chronique de Sarah sur le site clochettes.net

Chroniques BD

V pour Vendetta – édition intégrale

(scénario d’Alan Moore, dessins de David Lloyd, Delcourt)

Fin du 20e siècle, l’Europe, les Etats-Unis et l’Afrique ont disparu sous les eaux et les bombes nucléaires, le monde est un chaos. L’Angleterre est sous la coupe d’un régime fasciste. Dans ce monde sombre où règne la violence organisée par le pouvoir, Evey est secourue par un être étrange portant un masque de théâtre au visage souriant. Cet homme n’a pas de nom, mais on peut le surnommer V

En 1982 (1989 en France), Alan Moore signe sans doute l’une de ses plus grandes bandes dessinées avec V pour Vendetta. Comme je n’aime dire de gros mots, je ne vais pas évoquer le truc commis par les frères Matrix l’an passé, ça m’évitera de me faire enguirlander par Mike .

Bref, V pour Vendetta est un chef d’œuvre de la BD, sans doute l’un des comics les plus importants de ces 25 dernières années (avec Mauss de d’Art Spiegelman et Watchmen… d’Alan Moore). Comme son nom l’indique, V pour  Vendetta est une histoire de vengeance… Mais très vite, elle dépasse ce postulat de départ et deviens une bande dessinée politique, engagée, au message prenant une importance considérable quand on sait qu’elle a été écrite au milieu de la période Thatcher (du coup on lit la première partie avec un autre œil).

Et puis, il y a ces personnages : V au masque de théâtre, au sourire figé, un étrange pantin manipulateur de ficelles armé d’une volonté extraordinaire, prêt à tout pour ouvrir les yeux d’un peuple engourdi par la peur. Est-il un fou ? Un terroriste ? Peut-on tuer pour l’idéal de liberté ? Doit-on tout
accepter pour pouvoir être libre ? Malgré le temps cette question est toujours au centre des préoccupations contemporaines. Décidemment, le temps n’a pas d’emprise sur les chefs d’œuvre. Mais n’oublions pas Evey, cette jeune femme condamnée à se prostituer pour survivre, est le petit mouton perdu. Plus qu’une faire-valoir, elle est à elle seule, le symbole d’une liberté bafoué, puis retrouvé au contact du héros.

Ne vous arrêtez pas au dessin difficile de David Lloyd, au bout du compte on s’aperçoit qu’il correspond totalement à l’ambiance du scénario.

Qu’ajouter de plus, sinon qu’Alan Moore étale un nombre impressionnant de références, que la multitude de thèmes rend toutes nouvelles lectures encore surprenantes, que nous avons là une BD subversive à souhait, d’une rare puissance, bref, que nous atteignons ici les plus hautes sphères du panthéon bédéphilique (du mien en tout cas…).

Ah oui, j’oubliais, les dirigeants d’Easy-jet devrait également en lire quelques passages.

Autre chose : faites-moi plaisir : oubliez le film !

A lire : le dossier Le Comic Book face au film sur le site écran large (vous apprendrez ainsi pourquoi le nom d’Alan Moore n’est pas cité au générique)
A lire : la critique sur Krinein.com

A lire : la critique sur sceneario.com (Oui je sais , ce site revient régulièrement mais que voulez-vous, on a les mêmes goûts !)
A lire : les avis des internautes sur Bulledair.com
A voir :
un fansite consacré à Alan Moore

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Moins d’un quart de seconde pour vivre

(8 cases de Jean-Christophe Menu, 100 strips de Lewis Trondheim, L’association, collection Eperluette,1990, 1996 (réédition) ).

En 1990, JC Menu dessine quatre cases pour Lewis Trondheim. Ce dernier réalise alors 20 strips de 4 cases en réorganisant l’ordre de ces dernières et en ajoutant du texte. Puis trouvant le nombre de combinaisons trop faible, Trondheim demande à Menu de réaliser 4 cases supplémentaires. Avec 8 cases, il réalise 100 strips et l’une des toutes premières BD à contrainte volontaire artistique. Moins d’un quart de seconde pour vivre fut plus tard qualifié d’Oubapienne par anticipation. Oubapienne ? Kézaco ?

Et bien ceux qui n’ont pas dormi en cours de lettres, connaissent sans doute l’OULIPO, l’ouvroir de littérature potentielle, fondé (entre autres) par Raymond Queneau (Exercices de style, Zazie dans le métro). Le principe étant de se donner des contraintes pour réaliser une œuvre. En 1992, l’OUBAPO est créé sur le même principe : expérimenter de nouvelles façons de lire et de faire de la BD.

Toujours visionnaires et curieux, Trondheim et Menu offrent une œuvre déroutante et forcément brillante à leurs lecteurs, un pur exercice de style ! Si la répétition des cases peut gêner au départ, on entre rapidement dans cette multitude de petites histoires qui finissent par former un ensemble cohérent ! C’est terrible le talent. En tout cas, Moins d’un quart de seconde pour vivre est à lire pour au moins deux raisons : la première étant que c’est un bon album, la seconde pour son importance dans l’histoire de la BD contemporaine.

A lire : quelques explications sur l’Oubapo sur wikipedia
A découvrir : la page dédiée à l’Oubapo sur le site du CNBDI (avec pleins de liens intéressants ! )

Chroniques BD

Billy Wild T1(/2) : Mais où est donc Linus ?

(scénario de Erick Lasnel dit Céka, dessin de Guillaume Griffon dit Sthrad, collection Regard Noir et Blanc, éditions Akileos, janvier 2007)

IDDBD vous a souvent parlé de western. Vous avez eu droit au western à la Sergio Leone, au western classique, au western humoristique, au western déjanté. Il ne vous manquait plus que le western gothique ! Gothique ? Vous avez dit gothique ? Pour ça, il n’y a qu’une maison d’édition qui puisse vous proposer du gothique de qualité : Akileos (non, cette chronique n’est pas un publi-reportage…).

En effet, vous connaissez maintenant les quelques titres d’Akileos qui ont plus particulièrement retenus l’attention d’IDDBD. Ils sont tous de cette veine fantastique, noire, avec une pointe d’humour (Akileos n’aime pas le gothique désespéré… voire désespérant !). Et bien vous retrouverez tout cela dans Billy Wild, version far west du bon vieux mythe de Faust.

Imaginez Clint Eastwood ayant pactisé avec le diable lui-même, John Wayne ayant vendu son âme (et son accent traînant…), James West ayant finalement préféré se damner avec le docteur Loveless et vous aurez une pâle idée de qui peut être Billy Wild, le chasseur de prime le plus sanglant du Darkwest. Billy Wild, c’est plus de 220 victimes au compteur (pas innocentes pour un cents…) et une insolente santé de fer, malgré les balles qui pleuvent comme long horn qui pisse. Sauf que cette santé de fer, cette « immortalité » à toute épreuve, Billy Wild la doit à la magic potion d’un certain Linus, être malfaisant et retors qu’il a rencontré dans sa jeunesse. Et que se passe-t-il lorsque Linus et son précieux breuvage disparaît ?

Ca, vous le saurez en lisant le premier tome de cet excellent diptyque noir et blanc, au dessin aussi classe que le scénario…

A visiter (impérativement !) : le site de Billy Wild

A lire : quelques pages de Billy Wild sur fnac.com

Chroniques BD

Koma

4 tomes parus (scénario de Pierre Wazem, dessin de Frederik Peeters, Les Humanoïdes associés).

Ah, je sais, vous pensiez être tranquille pour un moment avec Frederik Peeters. Mais voilà, à IDDBD, quand on aime, on le dit ! Et il me restait à vous parler de Koma. Sur cette série, scénarisé par l’excellent Pierre Wazem (Week-end avec préméditation, Promenade(s), Le chant des pavots, Monroe), Peeters passe pour la première fois à la couleur.

La petite Addidas (pas comme les chaussures) travaille avec son père, un petit ramoneur. Ils vivent dans une étrange ville industrielle où il règne une atmosphère à la 1984 de Georges Orwell. Addidas est très régulièrement frappé par une sorte de coma, elle tombe d’un seul coup pour se réveiller quelques minutes plus tard. Un jour, par hasard, elle découvre un passage dans une cheminée qui l’amène dans une salle où d’énormes monstres travaillent sur des machines. Je vous laisse découvrir la suite.

Encore, une merveilleuse histoire raconté par ces deux très bons auteurs. Elle tient par cette fantaisie incroyable qui s’en dégage, par un scénario totalement imprévisible, par ses personnages (la petite Addidas, son père et le monstre) et également par le dessin énergique et sensible de Peeters. Si certains « spécialistes » du noir et blanc perdent parfois en qualité avec la couleur, il reste égale à lui-même.

Bref, si ces deux auteurs ne s’étaient pas rencontrés, Koma aurait manqué au paysage éditorial car dans le brouhaha actuel c’est une belle série, douce et poétique, qui apporte un peu de frâicheur et d’imagination.

A lire : la (toujours) excellente chronique sur sceneario.com
A voir : les planches sur le site des humano

Chroniques BD

La tendresse des crocodiles : une aventure de Jeanne Picquigny

(scénario et dessin de Fred Bernard, éditions Le Seuil, 2001)

Attention ! Si vous décidez de suivre Jeanne Picquigny en Afrique, à la recherche de son père, Modeste Picquigny, et du légendaire Mokolélé Mbembé, tenez vous bien aux pages de votre BD, car celle-ci vous entraînera dans l’aventure avec un grand A. Dans cette Afrique du début du 20e siècle, voyages, rencontres, dangers, dépaysement mais aussi sensualité et magie sont au rendez-vous de cette histoire surprenante.

Et que serait une aventure sans son héros ? Car la réussite de cette BD, tiens avant tout à la présence de Melle Jeanne Picquigny, sans doute l’une des héroïnes les plus charismatiques que j’ai eu le plaisir de lire. Oserez-je la comparer à Corto ? Un peu.

Fred Bernard, que je connaissais surtout par ses livres pour la jeunesse (voir plus bas), signe ici une bande dessinée des plus réjouissantes. N’ayant pas lu la suite des aventures de Jeanne, L’ivresse du poulpe, je ne peux pas en parler plus, mais il faut avouer que l’on tombe sous le charme de cette surprenante héroïne. Bref, un grand moment de bonheur !

Juste en aparté, je ne peux pas évoquer Fred Bernard sans parler de Jésus Betz, sans doute l’œuvre la plus aboutie de sa carrière d’auteur jeunesse. Je sais, nous sommes sur un blog BD mais ça ne nous empêchera pas de vous faire découvrir des chefs-d’œuvres à la fois graphique et narratif (bien vu David, IDDBD aime les (belles) histoires et le (beau) dessin…).

Jésus Betz est un enfant tronc, né sans bras ni jambe. A travers les pages de cet album, il dicte une lettre pour sa mère. Il y raconte sa vie, ses difficultés, ses joies.

Avec son complice François Rocca au dessin, Fred Bernard donne une magnifique leçon d’espoir et de courage. Dérangeant par son thème, cet album pour la jeunesse passède l’universalité du génie, il parle aux petits comme au grand. Plus généralement, je ne saurais trop vous conseiller les œuvres de Bernard et Rocca, tous d’authentiques moments de grâce.

A lire : l’interview de Fred Bernard sur Paris étudiant

A savoir : Fred Bernard est aussi l’auteur de Lily Love Peacock (récemment publié chez Casterman) dont IDDBD vous a parlé le 7 novembre dernier (album n° 5 de la série « Vous aimez… les filles ?« )

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