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Always « No future » ?

No comment (histoires et dessins d’Ivan Brun, éditions Drugstore, 2008)

Connaissez-vous l’excellente émission de la télévision publique belge Streap-Tease ? Et bien No comment d’Ivan Brun pourrait en être l’équivalent en bande dessinée !
Tout d’abord par l’approche silencieuse de celui qui donne à voir le monde. Les quelques bulles qui émaillent les cases standards (format gauffre 3 x 4) de l’album utilisent les signes de communication internationaux ($, %, etc…).
Pour le reste, les histoires se comprennent d’elles-mêmes. D’autant mieux qu’elles décrivent le monde dans lequel nous évoluons. Et si la plupart du temps nous réussissons à fermer les yeux sur la réalité qui nous entoure, lorsqu’un artiste nous la jette à la figure, nous la reconnaissons instantanément… Nous en faisons aussi partie.

Le travail d’Ivan Brun est remarquable d’acuité et d’intelligence. Bien qu’il dénonce les hypocrisies sociales, politiques et culturelles qui fondent notre société contemporaine (aussi bien en occident qu’ailleurs, du reste), Ivan Brun ne fait pas preuve d’exhibitionnisme gratuit. Tout sert son propos. Même l’économie de son trait et de sa mise en scène (que je trouve personnellement superbe…).

En définitive, No comment est une belle démonstration graphique et narrative qui, contrairement à certaines formes d’art, est aussi utile qu’intelligente…

A lire : une interview d’Ivan Brun sur le blog Black Cat Bones

A voir : quelques toiles d’Ivan Brun sur le site Diogene.ch

A savoir : les éditions Drugstore sont le nouveau nom du Vent des Savanes (racheté par Glénat)

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Il était une fois l’Amérique…

Le maître de Benson Gate – Tome 2 : Huit petits fantômes (scénario de Fabien Nury, dessin de Renaud Garreta, couleurs de Jean-Jacques Chagnaud, lettrage de François Batet, 2008)

Décidément, IDDBD ne vous recommande que des suites ces jours-ci (après le troisième tome de Miss Pas Touche, vendredi dernier). Aujourd’hui, c’est sur le deuxième opus du Maître de Benson Gate que vous allez vous jeter ! Si vous vous souvenez de la chronique du 8 janvier 2008 (mais si, mais si, un petit effort voyons…), vous n’avez pas oublié le conseil d’IDDBD : ne passez à côté d’aucun des albums scénarisés par Fabien Nury. C’est peut-être simple comme conseil, mais sacrément efficace lorsqu’il s’agit de choisir une bonne BD sur l’étal de son libraire ou dans les rayons de sa bibliothèque…

Le deuxième tome de la série Le Maître de Benson Gate ne faillit pas à cette règle : l’intrigue nouée au premier tome autour de Calder et Richard, les frères Benson, héritiers putatifs d’un empire pétrolier dans l’Amérique du début du XXème siècle, se clôt dans un permier diptyque passionnant et sombre comme un roman de James Ellroy (pour reprendre les termes de Christophe Quillien du magazine Avant-Première). Et ce n’est pas la découverte du cadavre de Joan Bartlett, la fille de neuf ans d’un notable lié à la famille Benson, qui apportera un peu de lumière dans ce cloaque humain qu’est la bonne société de Boston. Ni les occupations de Taylor, le domestique de Benson Gate

On reste admiratif du talent de Fabien Nury et de son extraordinaire capacité à nous immerger dans l’intimité de ses personnages, renforcée encore par le magnifique dessin réaliste de Renaud Garreta dont la maîtrise est époustouflante. Ce dessinateur est à la hauteur de son scénariste, ce qui n’est pas peu dire !

Et la bonne surprise dans tout cela c’est que ce deuxième tome, qui clôt donc le premier diptyque du Maître de Benson Gate, annonce déjà les prochains albums… à suivre de très près.

A lire : 16 planches sur Read-box.com

A voir : la bande annonce de la série Le Maître de Benson Gate

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A l’aube d’une autre humanité…

Neandertal – Tome 1 : Le Cristal de Chasse (scénario et dessin d’Emmanuel Roudier, collection Conquistador, éditions Delcourt, 2007)

Passionnant ! Tout simplement passionnant ! Et documenté, intelligent, superbe avec ça ! Ce premier tome de Neandertal cumule toutes ces qualités… ce qui est loin d’être courant en ces temps de surproduction d’Homo Bédé-Economicus.

Passionnant, car Emmanuel Roudier nous plonge – en quelques planches habilement ammenées – dans une saga préhistorique pleine d’aventure, de rebondissements et de suspense, à la suite de Laghou, un tailleur de pierres Neandertalien, quelque part en Europe, il y a juste 50 000 ans de ça. Pas évident d’appâter le chaland avec un pitch comme celui-là, pourtant croyez-moi, pour que vous soyez un minimum sensibles à l’Histoire (ou la Pré-Histoire pour être exact), vous ne pourrez qu’être captivés par les intigues qui se nouent au sein de la tribu des Torses Rouges du clan de l’Ours, jusqu’à forcer Laghou à devoir la quitter pour s’engager dans une quête dangereuse mais pleine de promesses.

La magie qui opère dans cet album, c’est d’abord celle de nous transporter dans le temps avec une facilité incroyable. Les premières planches ne nous plongent pas seulement dans le récit aventureux : elles nous y emmènent carrément ! Tout cela grâce à la documentation extrêmement précise accumulée par Emmanuel Roudier avant qu’il ne se lance dans Neandertal. Tout est parfaitement rendu, crédible, scientifiquement correct (en l’état actuel de nos connaissances, évidemment) : les paysages, le climat, la faune, l’attitude de ces Homos Neandertalis, ces cousins de l’Homo Sapiens (dont nous sommes issus) ; hommes de Neandertal, certes, mais hommes à part entière, de la même espèce que nous bien que sur une branche différente de la nôtre. Bref, cette BD n’est pas seulement une BD d’aventure passionnante, c’est aussi un cours vivant d’anthropologie !

Un cours intelligent, qui plus est. En donnant la parole (imagée) à ses protagonistes, Emmanuel Roudier nous les rend plus proches et nous conduit finalement à nous interroger sur notre nature humaine, nous qui nous croyons uniques et éternels sur cette Terre. Il est bon parfois de se rappeler que d’autres êtres humains, différents de nous (aux plans physiques et culturels) mais incontestablement humains (artisanat, art, maîtrise du feux, rites funéraires élaborés...), sont apparus avant nous (vers – 250 000 ans av.EC), ont longtemps vécus sur cette Terre que nous croyons nôtre, et ont finalement disparus (-28 000 ans av.EC) ! Nos ancêtres Homos Sapiens les ont mêmes cotoyés ! Et si l’on croit ce que l’on voit de notre civilisation moderne (pour que vous crompreniez mieux la suite de mon propos, sachez que je viens de visionner La 11ème Heure), je vois au moins une explication possible à l’exctinction subite de nos cousins Neandertalis : juste leur dégoût – lorsqu’ils ont appris à nous connaître – de ce que nous allions devenir, nous et notre monde…

Pour finir sur une note plus optimiste, l’histoire passionnante, documentée et intelligente imaginée par Emmanuel Roudier est servie par un dessin superbe qui permet à toutes les autres qualités de ce premier album de mériter très prochainement un enthousiaste « Recommandé par IDDBD » !

A visiter : le blog d’Emmanuel Roudier, où l’on apprend – à la date du 22 mai 2008 – que le tome 2 de Neandertal avance « piano mais sano« …

A visiter (aussi) : le mini-site des éditions Delcourt consacré à Neandertal (avec 20 planches à lire !)

A lire : l’interview d’Emmanuel Roudier sur le site hominides.com où vous pourrez en apprendre plus sur les différences entre ces deux espèces d’hominidés, Sapiens et Neandertalis

A (re)lire : pour rester dans le même domaine, mais trité de manières très différentes, jetez un coup d’oeil (ou plus, je vous les conseille) à L’âge de raison de Matthieu Bonhomme et Umbra de Stephen Murphy et Mike Hawthorne

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Easy preacher

Preacher – 3 tomes parus (scénario de Garth Ennis, dessins de Steve Dillon, Panini, collection Vertigo).

J’ai enfin trouvé 3 minutes (un peu plus d’ailleurs) pour m’attaquer à la tour d’album à côté de mon lit. Le premier de la pile porte le doux nom de Preacher. La couverture nous rappellerai presque une phrase célèbre de La Divine Comédie « Toi qui entre ici abandonne toute espérance » et pour un peu…

Car amis bien pensants, aux valeurs morales et religieuses assumées et solides, voici un comics qui vous fera retrouver le noble chemin de la censure ! Voici un comics choc, un comics qui a fait date dans les années 90 ! Preacher est une grenade dégoupillée prête à éclater à tout moment !

Après tout, ça commençait pas si mal. Par un dimanche matin au beau milieu du Texas, le révérend Jesse Custer, qui la veille vient de se battre dans un bar, s’occupe de son troupeau de braves gens. Mais soudain, une comète tombe du ciel et le frappe en anéantissant purement et simplement l’église et toute sa population. Unique rescapé, Custer a fusionné avec un être mi-ange, mi-démon nommé Genesis. Au passage cet être hybride s’est un peu échappé du paradis (oui, oui le vrai !), et bien entendu, les anges qui ne sont pas des enfants de cœur aimeraient bien le récupérer (mort de préférence).
De son côté, Jesse souhaiterait bien quelques explications et, accompagné par une ex-petite amie à la gâchette facile et un irlandais tout aussi mystérieux que déjanté, entreprend un voyage encombré d’embûches et même bien plus que ça.

Autant vous prévenir, les aventures de Jesse Custer et de ses acolytes ne vous épargnera rien ! Rien excepté le bon goût peut-être. En effet entre sexe, bagarres, drogues, blasphèmes en tout genre, sang, flingues, immoralité et tout autres choses du même genre, Garth Ennis et Steve Dillon ne se sont rien refusés.

Mais attention, Preacher est loin d’être un film d’action où Jean-Claude Van Damme aurait le premier rôle. Non, les deux auteurs jouent tout en finesse et distillent avec talent des petits bouts de passé et d’explications. Bref, ils réussissent à crédibiliser leur histoire, à rendre attachant des personnages aux passés sulfureux et à l’avenir incertain et surtout, à faire rire ou trembler à chaque chapitre.

Et puis Preacher, c’est le « chat » de la « souris cliché »: il joue avec avant la croquer. Il ne fait pas bon être un personnage récurrent des films US : le super-flic ou le texas rangers, le serial-killer, le cow-boy, le journaliste et bien d’autres s’en prennent plein la tête dans une histoire mêlant western, road-movie, quête fantastique, thriller et bien entendu, catholic-fantasy. Preacher est une joyeuse cacophonie qui malgré tout, est entièrement maîtrisée. Rebondissements et suspense sont au rendez-vous de cette œuvre à part mais totalement sympathique… si vos valeurs morales ne sont pas trop susceptibles bien entendu… Mais, pour le coup je vous aurai prévenu. Trois mots pour conclure : tout simplement jouissif !

Et comme je ne conclus jamais directement, j’aimerais remercier Jimmy (qui se reconnaitra s’il passe par ici) pour ce conseil. Je n’aurai sans doute pas eu l’occasion de le lire sans lui. A charge de revanche !

A lire : la très bonne chronique sur culturofil
A voir : le site très complet du BDvore

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Eloge de l’autre

L’autre laideur l’autre folie (scénario et dessins de Marc Malès, collection Tohu-Bohu, éditions Les Humanoïdes associés)

Tout commence par un dessin au style retro, mélange de comics des années 30-40 et de José Munoz pour son utilisation du noir et blanc.
Ça continue par une émission, rétro également, de la télévision américaine évoquant une ancienne star de la radio des années 30 et de son étrange disparition. Puis, une femme âgée arpente en compagnie de sa fille le quai désert d’une gare oubliée au beau milieu d’un trou perdu des Etats-Unis.
Finalement, c’est un souvenir. Celui d’une rencontre peu banale entre deux êtres perdus, l’un fuyant sa douleur, l’autre son image. L’un sur les chemins, l’autre cloîtrée dans une maison sans miroir.

Dans tout ce que l’on peut lire, et je ne parle pas seulement de BD, il y a des choses que l’on aime mais que l’on oubliera, d’autres que l’on adore et qu’on garde pour soi et puis il y a ce genre de merveilles, des livres à part découvert au hasard, des livres qui résonnent en vous et qui rejoignent votre patrimoine personnel. Des œuvres parfois perdues dans les étagères d’une librairie, dans un carton ou qui vous attendent sous votre nez depuis des mois, voire des années. J’ai attendu longtemps avant d’ouvrir L’autre laideur l’autre folie. J’avais tort.

Je me demande encore comment un auteur comme Marc Malès fait pour regrouper autant de qualités et de talent dans 120 pages : finesse de l’écriture, dessin totalement maitrisé servant au-delà de toute espérance son récit et donnant une humanité « physique » à ses personnages, construction du récit ciselé, histoire magnifique, psychologie des personnages poussé au point qu’on se demande si ce n’est pas du vécu. Mais surtout, plus que toutes ses qualités un peu « technique« , c’est cette incroyable alchimie dégageant une atmosphère, une mélancolie, une poésie profonde et touchante. Poésie qui personnellement me ramène inexorablement vers des œuvres telles que Sur la route de Madison ou plus récemment The Hours. Sans grand effet de style, ni effusion de sentiments, nous voici submergés par des vagues d’émotions contradictoires.

Vous l’aurez compris, L’autre laideur l’autre folie est un album marquant, magnifique, beau et triste, optimiste et désespérant. Marc Malès a tenté de réunir les tourments, les peurs, les tristesses mais aussi les espoirs de l’âme humaine. S’il est présomptueux de vouloir réussir ce tour de force, on doit admettre qu’il l’a effleuré du doigt. C’est une définition d’un chef d’œuvre.

A lire : les chroniques sur Sceneario.com et sur BDselection.com

A écouter : Philipp Glass signant la BO de The Hours.

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Meteors

Meteors (scénario de Fred Duval, dessin et couleurs de Philippe Ogaki, collection Série B, éditions Delcourt)

Ne confondez pas cette nouvelle série des éditions Delcourt avec Meteor – Les conquérants de l’espace, série parue dans les années 50 à 60 aux (désormais défuntes) éditions Artima.

Bien entendu, l’une comme l’autre, nourries au sein de la série B (comme l’indique d’ailleurs de manière explicite le nom de la collection chez Delcourt), puisent dans le grand réservoir de l’imaginaire SF collectif.

Vous retrouverez donc dans Meteors de nombreux clins d’oeil à Star Wars mais aussi à Planètes (si si, et le rôle de l’héboueur de l’espace, c’est quoi d’après vous ?), à 2001 l’Odyssée de l’Espace, Goldorak (heu, là j’exagère un peu… quoi que les scaphandres-armures 45A-A n’auraient pas déparaillés dans un épisode de l’auguste robot…), à Isaac Asimov (bien que ses 3 lois de la robotique aient été remplacées par la Charte de Turing…) et bien d’autres (dont la sublime série Le complexe du chimpanzé).

Mais rassurez-vous, Meteors n’est ni un assemblage hétéroclite de souvenirs disparates, ni une parodie de sagas SF : derrière son appartenance assumée à la série B, ce premier tome sait titiller l’intérêt du lecteur sans jamais relâcher le rythme de la narration, tout en lui présentant les différents personnages et l’univers qu’il cotoira tout au long de la série… On sent bien que Fred Duval a encore un maximum d’idées en tête et qu’il s’apprète à nous embarquer encore une fois dans une aventure à tiroirs et à rebondissements, tout en abordant de manière très ludique bon nombre de problèmes qui se posent déjà à nous (la pollution, la liberté d’expression) ou qui ne tarderont pas à s’imposer (rôle des ordinateurs, des réseaux et bientôt des intelligences artificielles dans l’organisation même de nos sociétés).
C’est d’ailleurs une constante des oeuvres dites mineures (séries B et autres) que de traiter de sujets plus profonds que bien des oeuvres dites majeures ou considérées comme telles par la critique. En tout cas, chez IDDBD, pas d’ostracisme : loin de nous l’idée d’affubler Meteors d’une étiquette d’oeuvre mineure. Au contraire, sans être un monument éternel de la BD contemporaine, cette nouvelle série vous fera passer un excellent moment de SF aux côtés de personnages sympathiques, dans une ambiance particulièrement efficace suspense et d’intrigue…

Quant aux dessin de Philippe Ogaki, il participe justement à cette efficacité du récit en adoptant un style à mi-chemin entre le trait européen et celui du manga, en tout cas très moderne.

Ce coctail narratif et graphique fait de Meteors une BD que l’on appréciera de lire pendant les vacances ou après une journée particulièrement éprouvante de boulot. Juste comme on apprécierait de temps en temps un bon épisode de Star Trek, de Cosmos 99 ou de Galactica… Juste pour le plaisir quoi !

A découvrir : le mini-site de la série Meteors où vous pourrez lire le pitch des éditions Delcourt et feuilleter Le règne digital (premier tome)

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Petit, beau et vaillant

Pandala (scénario de Tot, dessin de Bertrand Hottin, éditions Ankama)

Dans le brouhaha des sorties BD, de la surproduction d’albums, il existe une toute petite oasis de silence et de beauté graphique. Son nom ? Pandala. Véritable oeuvre d’art muette, sans dialogues, sans phylactères, sans commentaires. Un peu comme Là où vont nos pères. La preuve que le dessin, parfois, se suffit à lui-même sans qu’il soit besoin d’ajouter quoi que ce soit…

Mais attention, BD muette ne signifie pas BD sans queue ni tête ! Si Pandala est une magnifique oeuvre d’art graphique, aux paysages somptueusement dessinés et aux personnages magnifiquement vivants, les deux tomes vous raconteront tout de même une histoire, suivant la trame d’un scénario efficace même dans le silence. Tout commence avec la destruction du village du jeune héros, un panda. Comme lui, nous ne possédons aucune information sur les êtres qui ont commis cet acte de barbarie sauvage. En même temps que lui, nous découvrons la moitié de pendentif qu’il découvre dans le poing crispé de ce que l’on imagine être l’un de ses parents. Avec lui, nous partons affronter le vaste monde et ses dangers, à la recherche des assassins de son bonheur passé. Parfois, au détours d’un chemin, une rencontre amicale…

Même si j’étais sceptique à la lecture du pitch de Pandala, les premières cases ont balayé mes appréhensions d’une histoire sans texte ni dialogue. La beauté du dessin de Bertrand Hottin, alliée à l’efficacité du scénario de Tot, m’ont littéralement entraîné dans Pandala, l’une des régions d’un monde plus vaste : celui de Dofus, l’univers que les éditions Ankama déclinent aussi bien en jeux vidéo qu’en manga, comics ou BD… Au final, une belle découverte, atypique, et qui ouvrira de nouvelles perspectives à tous les amoureux du 9ème art.

A découvrir : quelques planches du premier tome sur Wartmag

A visiter : le site officiel de Pandala

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Kitaro le repoussant

scénario et dessins de Shigeru Mizuki, éditions Cornélius

Petit, laid mais vaillant

Le grand public européen a découvert un des mangaka monument du Japon en 2007 par l’intermédiaire de NonNonba, premier manga à recevoir le prix du meilleur album à Angoulême. Dans le même temps, les éditions Cornélius, toujours avec le souci d’un travail éditorial impeccable, ont publié Kitaro le repoussant. Cette série, incontournable au Japon, est considérée comme l’œuvre majeure de Shigeru Mizuki.

Amoureux des contes et des traditions populaires, le vieux mangaka (il est âgé aujourd’hui de 86 ans !) met en scène les fameux Yokaï. Vous savez les créatures fantastiques omniprésentes dans la culture japonaise.  Comment ça, non ? Si vous n’avez pas encore lu NonNonBa (malgré les conseils d’IDDBD), vous aurez déjà sûrement vu les films d’animations de Hayao Miyazaki comme Princesse Mononoke, Mon voisin Totoro ou Le Voyage de Chihiro. Ah ! Je le savais que les lecteurs d’IDDBD avait bon goût !

Kitaro est le dernier descendant de la tribu des morts-vivants. Né borgne, sorti du ventre de sa mère morte et enterrée, accompagné d’un père se résumant à un seul œil (mais avec des bras et des jambes !!!), il est chargé de résoudre les conflits et incompréhensions entre humains et créatures surnaturelles. Petite métaphore pour parler de modernité et traditions.

Genre d’anti-superhéros japonais, le petit mort-vivant, doté de pouvoir surnaturel que l’on découvre aux fils de ses aventures, joue son rôle avec sérieux et souvent au péril de sa vie et de son intégrité physique. Ses aventures le mènent vers des lieux incroyables (du cimetière à l’au-delà en passant par les îles du sud du Japon), affrontant ou s’alliant avec des créatures magiques et terrifiantes (le fameux bestiaire fantastique japonais mais aussi des personnages issus de la tradition occidentale) et se retrouvant dans des situations déconcertantes et/ou inconfortables.

Souvent burlesques, toujours décalée, riches (elles ont bien souvent deux voire trois niveaux de lectures) et surprenantes, les histoires de Kitaro le repoussant sont des portes ouvertes vers une imagination débridée, celle de Shigeru Mizuki. En entamant une de ces histoires (il y en a environ 5 par album) vous ne saurez jamais où vos pieds vont atterrir. Si l’on sait à peu près comment les choses vont se terminer, les méandres des aventures de Kitaro sont bien souvent complexes. Rien de mieux pour attiser la curiosité des lecteurs.

Malgré les années, la première publication date des années 60, le petit Kitaro n’a pas pris une ride et reste un monument du manga.

Pour compléter votre lecture :
Yokaï, dictionnaire des monstres japonais. Volume 1 : A-L par Shigeru Mizuki (le volume 2 est à paraître le 18 juin). Le manga présente plus de 500 yokaï. Passionnant pour les amateurs !

A noter : Kitaro le repoussant tome 5 paraitra le 26 juin.

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Il était une fois… un merveilleux album.

Château l’Attente (scénario et dessin de Linda Medley, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, lettrage de Anne Beauchard et Aymeric Lalevée, éditions ça et là)

Vous vous souvenez des paroles de la chanson Cendrillon ? Mais non, pas celle de Walt Disney ! Celle de Téléphone, ce mythique groupe de rock français qui a fait toute notre jeunesse dans les années 80 ! Ca y est ? Vous y êtes ? Et bien cette chanson pourrait servir de bande originale à Château l’Attente, une BD totalement atypique dans le monde de la fantasy.

A commencer par le propos. Linda Medley s’intéresse aux personnages des contes de fées après la dernière page de leur histoire officielle, celle où nous nous endormons en rêvant du « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants... ».

Son Château l’Attente n’est pas peuplé de Princes Charmants et de Princesses allanguies… En réalité, ce château est un refuge pour tous les parias, les exclus, les victimes d’un monde qui n’est pas forcément un conte de fées pour tous. Son personnage principal, Dame Jaine, est de celles-là : Château l’Attente est son seul refuge après les coups reçus de son mari. Mais il y a aussi tous les autres, Rackham, l’intendant du château, Sir Chess, un chevalier étonnant, ou Soeur Paix, une nonne à barbe… Tous ces personnages que l’on pourrait croire secondaires intéressent au plus haut point Linda Medley qui s’attarde longuement sur leurs histoires respectives. Elle nous fait ainsi découvrir l’envers du décor, l’après « Il était une fois… », avec un point de vue personnel très féminin, très fin, très bien vu et, en définitive, très attachant…

Cela vous étonnera-t-il de savoir que Linda Medley a fait ses études d’art à San Francisco ? Moi non. On sent dans son Château l’Attente toute la sensibilité humaine dont sont capables les artistes qui viennent de ce coin-là des Etats-Unis. En tout cas, son œuvre est absolument originale, pleine de vie, d’amour et de talent.

Il était une fois… une reine du 9ème art en son Château l’Attente. Son nom était Dame Linda Medley

A découvrir : quatre planches sur le site des éditions ça et là

A visiter : le site officiel de Château l’Attente (en français !) et celui (indipensable à voir !) de Linda Medley (en anglais…)

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La gloire de son père… le dessin de son fils !

Vacances à Saint-Prix (scénario de Chris Flamand, dessin de Julien Flamand, couleurs de Muriel Dutertre et Julien Flamand, éditions Akileos)

Quoi ? Est-il possible ? Un album d’Akileos qui n’est ni sombre, ni gothique, ni étrangement dérangeant ? Hé ! Il faut vous réveiller et ouvrir un peu les yeux ! Akileos n’est plus la petite maison d’édition underground publiant du 100 % « gore States » (l’a-t-elle jamais été d’ailleurs ???) ! Rappelez-vous tout de même : Les Baker, Louna et sa mère, c’est Akileos !

Bref, Vacances à Saint-Prix s’inscrit dans cette veine familiale, nostalgique, souriante mais avec quand même un « je ne sais quoi » de grinçant… En tout cas, si vous avez aimé Petit Polio de Farid Boudjellal, Les Baker de Lyle Baker ou Le retour à la terre de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet, vous aimerez assurément Vacances à Saint-Prix.

Sous le crayon plein de promesses de son fils Julien, Chris Flamand nous raconte quelques épisodes (parfois un peu romancés) de son enfance, et plus particulièrement de ses vacances à la ferme… Ca commence dans les années 50 pour se terminer au début des années 60, et ce n’est pas triste !

Les conditions sont plutôt rustiques : on ne peut pas vraiment dire que ce soit le Club Med ! Et pourtant, Kiki et son petit frère Patou vont vivre des vacances inoubliables qui les marqueront pour la vie. Comme les « grands » qu’ils rencontreront lors de leurs séjours à Saint-Prix : d’abord Pépé Marius et Mémé Marie-Louise pour Kiki, puis Marcel et Odette, d’un genre un peu différent (sic), pour les deux frères… Et puis il y a la séparation d’avec les parents (vite oubliée !), le rythme et les découvertes de la vie campagnarde, les jeux, une petite voisine…

On sent derrière le récit léger la grande nostalgie de Chris « Kiki » Flamand pour cette période de sa vie, ce qui fait de Vacances à Saint-Prix un album particulièrement attachant. Surtout lorsque, même en étant né à la toute fin des années 60, on retrouve certains détails de sa propre enfance…

Houlà ! Pour ne pas sombrer dans la nostalgie larmoyante, vite : une mention spéciale aux très belles couleurs de Muriel Dutertre et de Julien Flamand (je ne sais pas qui fait quoi, mais le résultat est magnifique)… Pour un premier album, chapeau !

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