Dans l’Italie des années 30, les pilotes d’hydravion sont les maîtres de la Mer Adriatique. Parmi eux, le nom de Porco Rosso plane au-dessus de tous les autres. Chasseur de prime impitoyable refusant de tuer, ancien militaire devenu pacifiste, il habite seul sur son île et n’a qu’un seul plaisir : entendre chanter sa belle amie Gina dans son hôtel-restaurant au milieu des flots. Mais à force de narguer les pirates de l’air, ces derniers trouvent une solution pour se venger.
Je ne pouvais terminer cet été spécial animation sans parler du film d’Hayao Miyazaki. J’avais l’embarras du choix. De Nausicaa de la vallée du vent à Le Vent se lève sortie en 2013 (mais pas encore chez nous), le cofondateur des studios Ghibli a marqué profondément l’histoire de l’animation. Cependant, parmi ses multiples œuvres, j’attache une tendresse plus particulière à Porco, peut-être l’un de ses films les moins reconnus. A tort.
Car il représente un moment charnière de la carrière d’Hayao Miyazaki. A sa sortie en 1992, Porco Rosso succède à 3 films destinés à un jeune public : Le château dans le ciel, Mon voisin Totoro & Kiki la Petite sorcière. Ce nouveau long métrage se place immédiatement en rupture. Outre le fait qu’il soit marqué dans le temps et l’espace (ce qui n’est pas le cas des précédents… et des suivants), il bénéficie d’un scénario et d’un personnage beaucoup plus sombres. D’ailleurs, avec Princesse Mononoke, Chihiro ou Le Château Ambulant, Miyazaki a continué de creuser le sillon d’une approche beaucoup plus adulte. Il faut attendre Ponyo pour retrouver l’âme d’enfant de Kiki ou Totoro.
Attention, je n’ai pas écrit que l’innocence et la joie enfantine qui inondent l’œuvre de Miyazaki n’étaient pas présentes. On sourit beaucoup dans Porco Rosso. Entre les pirates et les fabuleux personnages féminins qui ponctuent le récit, on ne s’ennuie pas. Mais il faut reconnaitre que Marco, alias Porco Rosso, est nostalgique, taciturne, solitaire et plutôt renfermé. Il a de quoi. Transformé en cochon par un phénomène inexpliqué, il traine son spleen, ses espoirs et ses souvenirs aux quatre coins du ciel. Car, même laid et difforme, Marco reste l’artiste des pilotes d’hydravions. Ni avions, ni bateaux, juste entre les deux mondes… comme ce héros très complexe à la part d’ombre marquée. Sans aucun doute le premier de ce genre chez Miyazaki. Évidemment, le film se veut être comme souvent, une fable humaniste, qui va, on le devine sans peine, faire sortir le cochon de sa grotte (pas sûr que les cochons vivent dans des grottes mais peu importe, vous avez compris la métaphore). Comment ? Et puis quoi encore ?!
Alors ensuite évidemment, on retrouve la patte des amateurs du réalisateur : cette façon merveilleuse et tendre de présenter ces grands machines volantes (son papa était le directeur d’une société d’aviation…), ces paysages et ces plans magnifiques qui ponctuent les passages aériens et toujours cette propension à combattre toutes formes de manichéisme. Les gentils sont gentils mais profitent au besoin, les méchants sont méchants mais bon, pas trop quand même car finalement… Au bout du compte, la vie n’est pas si noir, le ciel est bleu et la mer est belle… Au moins autant que les femmes.
Voilà, je termine l’été d’IDDBD sur cette phrase qui ne conclue pas trop mal notre série consacrée au film d’animation. Je me suis bien amusé, j’espère que vous aussi. Allez, la rentrée approche, je m’en vais préparer ma nouvelle chronique BD… Mais, mais, mais… les images ne bougent pas !!!! A l’aaaaiiiiidddddeeee !
Et évidemment la bande annonce
Porco Rosso
un film de Hayao Miyazaki (Japon, 1992)
Public : Tout public