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Chroniques BD

Il était une fois l’Amérique…

Le maître de Benson Gate – Tome 2 : Huit petits fantômes (scénario de Fabien Nury, dessin de Renaud Garreta, couleurs de Jean-Jacques Chagnaud, lettrage de François Batet, 2008)

Décidément, IDDBD ne vous recommande que des suites ces jours-ci (après le troisième tome de Miss Pas Touche, vendredi dernier). Aujourd’hui, c’est sur le deuxième opus du Maître de Benson Gate que vous allez vous jeter ! Si vous vous souvenez de la chronique du 8 janvier 2008 (mais si, mais si, un petit effort voyons…), vous n’avez pas oublié le conseil d’IDDBD : ne passez à côté d’aucun des albums scénarisés par Fabien Nury. C’est peut-être simple comme conseil, mais sacrément efficace lorsqu’il s’agit de choisir une bonne BD sur l’étal de son libraire ou dans les rayons de sa bibliothèque…

Le deuxième tome de la série Le Maître de Benson Gate ne faillit pas à cette règle : l’intrigue nouée au premier tome autour de Calder et Richard, les frères Benson, héritiers putatifs d’un empire pétrolier dans l’Amérique du début du XXème siècle, se clôt dans un permier diptyque passionnant et sombre comme un roman de James Ellroy (pour reprendre les termes de Christophe Quillien du magazine Avant-Première). Et ce n’est pas la découverte du cadavre de Joan Bartlett, la fille de neuf ans d’un notable lié à la famille Benson, qui apportera un peu de lumière dans ce cloaque humain qu’est la bonne société de Boston. Ni les occupations de Taylor, le domestique de Benson Gate

On reste admiratif du talent de Fabien Nury et de son extraordinaire capacité à nous immerger dans l’intimité de ses personnages, renforcée encore par le magnifique dessin réaliste de Renaud Garreta dont la maîtrise est époustouflante. Ce dessinateur est à la hauteur de son scénariste, ce qui n’est pas peu dire !

Et la bonne surprise dans tout cela c’est que ce deuxième tome, qui clôt donc le premier diptyque du Maître de Benson Gate, annonce déjà les prochains albums… à suivre de très près.

A lire : 16 planches sur Read-box.com

A voir : la bande annonce de la série Le Maître de Benson Gate

Chroniques BD

A l’aube d’une autre humanité…

Neandertal – Tome 1 : Le Cristal de Chasse (scénario et dessin d’Emmanuel Roudier, collection Conquistador, éditions Delcourt, 2007)

Passionnant ! Tout simplement passionnant ! Et documenté, intelligent, superbe avec ça ! Ce premier tome de Neandertal cumule toutes ces qualités… ce qui est loin d’être courant en ces temps de surproduction d’Homo Bédé-Economicus.

Passionnant, car Emmanuel Roudier nous plonge – en quelques planches habilement ammenées – dans une saga préhistorique pleine d’aventure, de rebondissements et de suspense, à la suite de Laghou, un tailleur de pierres Neandertalien, quelque part en Europe, il y a juste 50 000 ans de ça. Pas évident d’appâter le chaland avec un pitch comme celui-là, pourtant croyez-moi, pour que vous soyez un minimum sensibles à l’Histoire (ou la Pré-Histoire pour être exact), vous ne pourrez qu’être captivés par les intigues qui se nouent au sein de la tribu des Torses Rouges du clan de l’Ours, jusqu’à forcer Laghou à devoir la quitter pour s’engager dans une quête dangereuse mais pleine de promesses.

La magie qui opère dans cet album, c’est d’abord celle de nous transporter dans le temps avec une facilité incroyable. Les premières planches ne nous plongent pas seulement dans le récit aventureux : elles nous y emmènent carrément ! Tout cela grâce à la documentation extrêmement précise accumulée par Emmanuel Roudier avant qu’il ne se lance dans Neandertal. Tout est parfaitement rendu, crédible, scientifiquement correct (en l’état actuel de nos connaissances, évidemment) : les paysages, le climat, la faune, l’attitude de ces Homos Neandertalis, ces cousins de l’Homo Sapiens (dont nous sommes issus) ; hommes de Neandertal, certes, mais hommes à part entière, de la même espèce que nous bien que sur une branche différente de la nôtre. Bref, cette BD n’est pas seulement une BD d’aventure passionnante, c’est aussi un cours vivant d’anthropologie !

Un cours intelligent, qui plus est. En donnant la parole (imagée) à ses protagonistes, Emmanuel Roudier nous les rend plus proches et nous conduit finalement à nous interroger sur notre nature humaine, nous qui nous croyons uniques et éternels sur cette Terre. Il est bon parfois de se rappeler que d’autres êtres humains, différents de nous (aux plans physiques et culturels) mais incontestablement humains (artisanat, art, maîtrise du feux, rites funéraires élaborés...), sont apparus avant nous (vers – 250 000 ans av.EC), ont longtemps vécus sur cette Terre que nous croyons nôtre, et ont finalement disparus (-28 000 ans av.EC) ! Nos ancêtres Homos Sapiens les ont mêmes cotoyés ! Et si l’on croit ce que l’on voit de notre civilisation moderne (pour que vous crompreniez mieux la suite de mon propos, sachez que je viens de visionner La 11ème Heure), je vois au moins une explication possible à l’exctinction subite de nos cousins Neandertalis : juste leur dégoût – lorsqu’ils ont appris à nous connaître – de ce que nous allions devenir, nous et notre monde…

Pour finir sur une note plus optimiste, l’histoire passionnante, documentée et intelligente imaginée par Emmanuel Roudier est servie par un dessin superbe qui permet à toutes les autres qualités de ce premier album de mériter très prochainement un enthousiaste « Recommandé par IDDBD » !

A visiter : le blog d’Emmanuel Roudier, où l’on apprend – à la date du 22 mai 2008 – que le tome 2 de Neandertal avance « piano mais sano« …

A visiter (aussi) : le mini-site des éditions Delcourt consacré à Neandertal (avec 20 planches à lire !)

A lire : l’interview d’Emmanuel Roudier sur le site hominides.com où vous pourrez en apprendre plus sur les différences entre ces deux espèces d’hominidés, Sapiens et Neandertalis

A (re)lire : pour rester dans le même domaine, mais trité de manières très différentes, jetez un coup d’oeil (ou plus, je vous les conseille) à L’âge de raison de Matthieu Bonhomme et Umbra de Stephen Murphy et Mike Hawthorne

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Eloge de l’autre

L’autre laideur l’autre folie (scénario et dessins de Marc Malès, collection Tohu-Bohu, éditions Les Humanoïdes associés)

Tout commence par un dessin au style retro, mélange de comics des années 30-40 et de José Munoz pour son utilisation du noir et blanc.
Ça continue par une émission, rétro également, de la télévision américaine évoquant une ancienne star de la radio des années 30 et de son étrange disparition. Puis, une femme âgée arpente en compagnie de sa fille le quai désert d’une gare oubliée au beau milieu d’un trou perdu des Etats-Unis.
Finalement, c’est un souvenir. Celui d’une rencontre peu banale entre deux êtres perdus, l’un fuyant sa douleur, l’autre son image. L’un sur les chemins, l’autre cloîtrée dans une maison sans miroir.

Dans tout ce que l’on peut lire, et je ne parle pas seulement de BD, il y a des choses que l’on aime mais que l’on oubliera, d’autres que l’on adore et qu’on garde pour soi et puis il y a ce genre de merveilles, des livres à part découvert au hasard, des livres qui résonnent en vous et qui rejoignent votre patrimoine personnel. Des œuvres parfois perdues dans les étagères d’une librairie, dans un carton ou qui vous attendent sous votre nez depuis des mois, voire des années. J’ai attendu longtemps avant d’ouvrir L’autre laideur l’autre folie. J’avais tort.

Je me demande encore comment un auteur comme Marc Malès fait pour regrouper autant de qualités et de talent dans 120 pages : finesse de l’écriture, dessin totalement maitrisé servant au-delà de toute espérance son récit et donnant une humanité « physique » à ses personnages, construction du récit ciselé, histoire magnifique, psychologie des personnages poussé au point qu’on se demande si ce n’est pas du vécu. Mais surtout, plus que toutes ses qualités un peu « technique« , c’est cette incroyable alchimie dégageant une atmosphère, une mélancolie, une poésie profonde et touchante. Poésie qui personnellement me ramène inexorablement vers des œuvres telles que Sur la route de Madison ou plus récemment The Hours. Sans grand effet de style, ni effusion de sentiments, nous voici submergés par des vagues d’émotions contradictoires.

Vous l’aurez compris, L’autre laideur l’autre folie est un album marquant, magnifique, beau et triste, optimiste et désespérant. Marc Malès a tenté de réunir les tourments, les peurs, les tristesses mais aussi les espoirs de l’âme humaine. S’il est présomptueux de vouloir réussir ce tour de force, on doit admettre qu’il l’a effleuré du doigt. C’est une définition d’un chef d’œuvre.

A lire : les chroniques sur Sceneario.com et sur BDselection.com

A écouter : Philipp Glass signant la BO de The Hours.

Chroniques BD

Il était une fois… un merveilleux album.

Château l’Attente (scénario et dessin de Linda Medley, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, lettrage de Anne Beauchard et Aymeric Lalevée, éditions ça et là)

Vous vous souvenez des paroles de la chanson Cendrillon ? Mais non, pas celle de Walt Disney ! Celle de Téléphone, ce mythique groupe de rock français qui a fait toute notre jeunesse dans les années 80 ! Ca y est ? Vous y êtes ? Et bien cette chanson pourrait servir de bande originale à Château l’Attente, une BD totalement atypique dans le monde de la fantasy.

A commencer par le propos. Linda Medley s’intéresse aux personnages des contes de fées après la dernière page de leur histoire officielle, celle où nous nous endormons en rêvant du « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants... ».

Son Château l’Attente n’est pas peuplé de Princes Charmants et de Princesses allanguies… En réalité, ce château est un refuge pour tous les parias, les exclus, les victimes d’un monde qui n’est pas forcément un conte de fées pour tous. Son personnage principal, Dame Jaine, est de celles-là : Château l’Attente est son seul refuge après les coups reçus de son mari. Mais il y a aussi tous les autres, Rackham, l’intendant du château, Sir Chess, un chevalier étonnant, ou Soeur Paix, une nonne à barbe… Tous ces personnages que l’on pourrait croire secondaires intéressent au plus haut point Linda Medley qui s’attarde longuement sur leurs histoires respectives. Elle nous fait ainsi découvrir l’envers du décor, l’après « Il était une fois… », avec un point de vue personnel très féminin, très fin, très bien vu et, en définitive, très attachant…

Cela vous étonnera-t-il de savoir que Linda Medley a fait ses études d’art à San Francisco ? Moi non. On sent dans son Château l’Attente toute la sensibilité humaine dont sont capables les artistes qui viennent de ce coin-là des Etats-Unis. En tout cas, son œuvre est absolument originale, pleine de vie, d’amour et de talent.

Il était une fois… une reine du 9ème art en son Château l’Attente. Son nom était Dame Linda Medley

A découvrir : quatre planches sur le site des éditions ça et là

A visiter : le site officiel de Château l’Attente (en français !) et celui (indipensable à voir !) de Linda Medley (en anglais…)

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La gloire de son père… le dessin de son fils !

Vacances à Saint-Prix (scénario de Chris Flamand, dessin de Julien Flamand, couleurs de Muriel Dutertre et Julien Flamand, éditions Akileos)

Quoi ? Est-il possible ? Un album d’Akileos qui n’est ni sombre, ni gothique, ni étrangement dérangeant ? Hé ! Il faut vous réveiller et ouvrir un peu les yeux ! Akileos n’est plus la petite maison d’édition underground publiant du 100 % « gore States » (l’a-t-elle jamais été d’ailleurs ???) ! Rappelez-vous tout de même : Les Baker, Louna et sa mère, c’est Akileos !

Bref, Vacances à Saint-Prix s’inscrit dans cette veine familiale, nostalgique, souriante mais avec quand même un « je ne sais quoi » de grinçant… En tout cas, si vous avez aimé Petit Polio de Farid Boudjellal, Les Baker de Lyle Baker ou Le retour à la terre de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet, vous aimerez assurément Vacances à Saint-Prix.

Sous le crayon plein de promesses de son fils Julien, Chris Flamand nous raconte quelques épisodes (parfois un peu romancés) de son enfance, et plus particulièrement de ses vacances à la ferme… Ca commence dans les années 50 pour se terminer au début des années 60, et ce n’est pas triste !

Les conditions sont plutôt rustiques : on ne peut pas vraiment dire que ce soit le Club Med ! Et pourtant, Kiki et son petit frère Patou vont vivre des vacances inoubliables qui les marqueront pour la vie. Comme les « grands » qu’ils rencontreront lors de leurs séjours à Saint-Prix : d’abord Pépé Marius et Mémé Marie-Louise pour Kiki, puis Marcel et Odette, d’un genre un peu différent (sic), pour les deux frères… Et puis il y a la séparation d’avec les parents (vite oubliée !), le rythme et les découvertes de la vie campagnarde, les jeux, une petite voisine…

On sent derrière le récit léger la grande nostalgie de Chris « Kiki » Flamand pour cette période de sa vie, ce qui fait de Vacances à Saint-Prix un album particulièrement attachant. Surtout lorsque, même en étant né à la toute fin des années 60, on retrouve certains détails de sa propre enfance…

Houlà ! Pour ne pas sombrer dans la nostalgie larmoyante, vite : une mention spéciale aux très belles couleurs de Muriel Dutertre et de Julien Flamand (je ne sais pas qui fait quoi, mais le résultat est magnifique)… Pour un premier album, chapeau !

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History of States

Petite histoire du grand Texas (textes de Grégory Jarry,  dessins d’Otto T., éditions FLBLB, 2005).

« Il est faux d’affirmer que le Texas n’est qu’une vaste et morne plaine. Au Texas, les plaines sont variées. Hautes plaines avec des rochers, basses plaines avec des étangs, moyennes plaines avec des cactus…«

La maison d’édition FLBLB nous offre ici un drôle de petit OBRI (objet bédéphilique rarement identifié) avec cette version non-officielle de l’histoire de cette belle et pacifiste région texanne. Voici une BD historique comme je les aime, sans format standard, sans récit calibré et surtout sans un dessin « copie conforme« .

Pour tout vous dire, Petite histoire du grand Texas est un pur moment de délire où l’histoire, revisitée sous

nos yeux, prend une réelle dimension comique. Jouant allégrement avec toutes les cordes de l’humour – décalage dessin/texte, répétition, cynisme à souhait, clins d’oeil, dérapage, anticipation – on sent chez Grégory Jarry et Otto T., un plaisir maximum à méchamment égratiner l’Etat de la famille B. (nous garderons leur anonymat pour éviter d’avoir les services secrets du Texas sur le dos). Plume assassine d’un côté, dessin épuré et efficace de l’autre, il n’en fallait pas plus pour faire passer le message. Le plaisir étant communicatif, on dévore avec joie ce gros pavé en format à l’italienne.

Cependant, n’allez pas croire que cet album n’est rien de moins qu’un catalogue de clichés. S’ils sont soumis à interprétation, les faits historiques relatés dans ces pages sont justes (n’étant pas historien, je n’irais pas jusqu’à l’affirmer). Le travail de documentation est à saluer. Mais Petite histoire du grand Texas reste avant tout une caricature jouant parfaitement son rôle. N’y voyez pas une américanophobie vulgaire – il y a bien trop de finesse d’esprit chez ces auteurs pour tomber là-dedans – mais plutôt une critique d’une certaine vision de l’Amérique.

Parfaitement maitrisé et ironique, le ton de ces deux auteurs fait vraiment mouche. On rit beaucoup et en refermant le livre on s’effraie quand même un peu en écoutant les actualités. A noter que l’autre série de Grégory Jarry et Otto T., Petite histoire des colonies françaises, est nominé pour les Essentiels d’Angoulême cette année. Beau travail messieurs et n’hésitez pas à toucher là où ça fait mal !

Je ne resiste pas à l’envie de mettre une musique en accompagnement de cette chronique.

A (re)voir : le site des éditions FLBLB (vous pourrez y découvrir une vidéo sur Petite histoire des colonies françaises) et la chronique d’été consacrée à cette maison d’édition.

A lire : des extraits sur le site de la Libraire Le Feu rouge à Poitiers ainsi que les biographies des deux auteurs.

A lire : la chronique sur le site Clair de Bulle

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Tempus benedictus fantasisticus

Légendes des contrées oubliées : édition intégrale ( scénario de Bruno Chevalier, dessins de Thierry Ségur, Delcourt, 1989)
De la ville de Gaedor à la Gorge des vents brûlants, du pays des Songes au Pic de la mer, cinq voyageurs,en quête d’un nouveau roi, s’avancent en terres inconnues et réveillent à leur passage les haines ancestrales des anciennes puissances. Leur odyssée est devenue une légende.

 

 Une quête, trois nains, un voleur elfe (un Lin), un barbare, de la magie, des puissances divines et voilà posés les jalons de la fantasy. Si comme moi, vous êtes nostalgiques d’une époque où ce genre n’était pas un catalogue de clichés pour « Gros Bill » basés sur la notion de toujours plus (de monstres, de magies , d’humours, de glandes mammaires), époque où les scénaristes enrichissaient leur univers sans réutiliser systématiquement les mêmes formules commercialement viables, bref, si vous aimez la fantasy, la vraie, alors Légendes des contrées oubliées est pour vous.

Proche de la pure illustration le dessin rappelle que cette série en 3 tomes date de la fin des années 80, il peut décontenancer mais très vite on y trouve un réel intérêt. Ne serais-ce que par cet univers unique qu’il crée peu à peu. Le scénario est, quant à lui, digne des plus grands récits de fantasy. Sans s’écarter des schémas classiques du genre, il donne pourtant au lecteur sa leçon de récit bien bâtit. Bien sûr, nous n’allons pas vous révéler ici la moindre parcelle du mystère entourant la quête des nains. Ce serait un affront au talent des auteurs.

Personnellement, je n’avais pas lu une œuvre aussi abouti (en BD) depuis le dernier tome du premier cycle de la Quête de l’oiseau du temps. Car bien entendu, la comparaison avec la mythique série du talentueux Loisel est incontournable. Et à la lecture, il est bien difficile de les départager. Dans l’une comme dans l’autre, on revient aux origines. La quête et l’aventure ne sont plus prétexte aux errements militaro-simplistes de ces dernières années, mais bien une découverte de l’univers, de soi-même et des autres.

Les personnages, bien qu’issues directement de la tradition – comme Hûrl le chevalier-tonnerre ou Bragon le héros de la Quête – ne sont plus des caricatures

mais bien des éléments d’un univers aux équilibres subtiles et compliqués qu’on ne peut résumer aux luttes entre bien et mal. Chaque personnage subira à son tour les aléas du destin.
Plus fort que tout, cette BD nous rappelle pourquoi, un jour, on a aimé la fantasy : pour ses nobles sentiments, ses élans chevaleresques et romantiques issus des romans médiévaux et des contes, pour ses messages positifs et humanistes, pour cette curiosité inhérente au genre. Voici, une BD digne de cet héritage
et qui est indispensable à toute bédéthèque !
Pour finir, je dois remercier un des lecteurs de la médiathèque (encore un qui me prouve combien mon métier est formidable), futur très grand auteur de BD, pour ce conseil. J’ai  malheureusement oublié son nom… Mais on en reparlera.

A découvrir : le mini-site de présentation du jeu de rôle issu de la BD

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Un pour tous, tous pourris !

La malédiction d’Edgar (scénario de Marc Dugain, dessin de Didier Chardez, éditions Casterman, 2007)

« Edgar aimait le pouvoir mais il en détestait les aléas. Il aurait trouvé humiliant de devoir le remettre en jeu à intervalles réguliers devant des électeurs qui n’avaient pas le millième de sa capacité à raisonner. Et il n’admettait pas non plus que les hommes élus par ce troupeau sans éducation ni classe puissent menacer sa position qui devait être stable dans l’intérêt même du pays. Il était devenu à sa façon consul à vie. Il avait su créer le lien direct avec le Président qui le rendait incontournable. Aucun ministre de la Justice ne pourrait désormais se comporter à son endroit en supérieur hiérarchique direct. Il devenait l’unique mesure de la pertinence morale et politique. John Edgar Hoover, à la tête du FBI pendant près d’un demi-siècle, a imposé son ombre à tous les dirigeants américains. De 1924 à 1972, les plus grands personnages de l’histoire des Etats-Unis seront traqués jusque dans leur intimité par celui qui s’est érigé en garant de la morale… »

C’est ainsi que l’éditeur présente non pas la BD, mais le roman La malédiction d’Edgar, du même Marc Dugain (également auteur de La chambre des officiers, son premier roman paru en 1998, de Campagne anglaise et de Heureux comme Dieu en France). Car la première originalité de cet album est d’être une mise en image cinématographique (dixit le scénariste) du roman éponyme. On y retrouve, par séquences historiques, quelques grands moments de la vie d’Edgar J. Hoover, le mythique patron du FBI. Ces épisodes ont tous un lien avec un autre mythe américain : le clan Kennedy et plus particulièrement Joe Kenedy, le père de John et Ted. Et si l’on a pu parfois lire que les « aléas » de la famille Kennedy ressemblaient à une malédiction qui lui aurait été jetée, nul doute que le puissant Hoover y a apporté sa (peu modeste) contribution…

La malédiction d’Edgar est un album passionnant, superbement et efficacement mis en image par Didier Charvez, qui donnera envie à ceux qui ne l’on pas encore fait d’en savoir plus sur l’histoire secrète des Etats-Unis au XXème siècle. Les plus courageux se lanceront ensuite dans la lecture du sublime American tabloïd de James Ellroy

A lire : l’album complet sur le site des éditions Casterman ! Il suffit de s’abonner au club Casterman (ce qui doit prendre environ 30 secondes…)

A lire (aussi) : après celui des éditions Gallimard, le pitch de Casterman (plus centré sur la famille Kennedy que sur J. Edgar Hoover) : « Années 40 aux États-Unis, Joe Kennedy aspire depuis longtemps déjà à un avenir politique au plus haut niveau, mais sa fortune ne s’est pas faite sans quelques écarts de conduite… Projetant de mettre son aîné dans la course à la Maison Blanche, celui-ci meurt trop tôt emporté par la guerre. C’est donc son frère cadet “JFK” qui sera projeté malgré lui au devant de la scène, subissant l’ambition démesurée de son père. En suivant John Edgar Hoover, on découvrira les dessous de la montée en puissance d’un futur président, mêlant habilement relations avec la mafia et le tout Washington… »

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Attila le Hun, le trois…ième tome des aventures rocambolesques…

Le fléau de Dieu – Une aventure rocambolesque d’Attila le Hun (scénario de Manu Larcenet, dessin de Daniel Casanave, couleurs de Patrice Larcenet, collection Poisson Pilote, éditions Dargaud, 2006) Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il adviendrait de vous si vous aviez pu obtenir tout ce que vous souhaitez, là, d’un seul coup ? Oh, je devine votre réponse : « Trop de la balle ! », « Mazette, mais je serais positivement comblé ! », « Zarma, comment que j’me la pèterais, zyva ! », etc, etc… Ne vous emballez pas trop vite, chers lecteurs, ou vous pourriez connaître le triste sort d’Attila le Hun ! Attila le Hun ? Le fléau de Dieu ? Quel rapport entre ce (déjà) sauvageon massacreur de civilisations (et accessoirement de civilisés) et votre situation de nabab doté d’un coup de maguette magique de tout ce qu’un être humain normalement constitué peut souhaiter ? Le rapport, c’est justement l’album scénarisé par Manu Larcenet : il s’introduit dans la vie mouvementé du « Round Up » des Steppes au moment précis où celui-ci finit son Grand Oeuvre, à savoir la conquête du monde connu de l’époque. Ce moment émouvant se situant dans la Beauce, c’est à partir de cette morne plaine que l’on va suivre la rocambolesque aventure d’Attila. Car, une fois que l’on a réalisé tous ses rêves (en l’occurence de conquête, mais je compte sur vous pour y coller vos propres fantasmes…), ce qui guette l’heureux élu du destin… c’est la dépression ! Plus aucun but dans la vie (ah ! Conquérir le monde !), plus de défi à relever (la prochaine province sera-t-elle mieux préparée que la précédente à la vague d’assaut des pullulants Huns ?), aucun challenge à l’horizon (on ne va quand même pas réattaquer les provinces conquises, non ? Si ?) et voilà notre Premier des Huns avec le moral dans les chaussettes. L’errance commence, parfois accompagné (son dernier des fidèles vaut le coup, ou plutôt les coups devrais-je dire !), souvent seul. Puis c’est l’introspection qui finira par l’ultime défi qu’a trouvé à relever le Fléau : conquérir Dieu lui-même ! Contrairement à ce que vous pourrez lire ici ou là, je trouve cet album à la hauteur des deux précédentes aventures rocambolesque (Freud et Van Gogh) : on y retrouve l’intelligence du propos de Manu Larcenet et aussi beaucoup de la qualité de son dessin (assuré cette fois par Daniel Casanave). Et comme d’habitude, le récit présente différents niveaux de lecture, ce qui permettra à chacun d’y trouver son plaisir… A voir : quelques planches sur le site de la collection Poisson Pilote

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Canal émotion…

Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin (scénario de Sibylline et Loïc Dauvillier, dessins de Capucine, François Ravard et Jérôme d’Aviau, éditions Les Enfants Rouges)

Aujourd’hui, sort un album qui fait honneur à ce que la BD a de plus noble, cette capacité d’être tout à la fois un récit romanesque et une oeuvre visuelle, bref une oeuvre d’art à part entière. Avec Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin , Loïc Dauvillier et Sibylline ont concocté trois histoires dont le point commun est de toutes se dérouler en une nuit au bord du canal, autour d’un banc et d’un bar… et de parler de la solitude, choisie, subie, violente.

Ces trois histoires, qui parfois se téléscopent, sont mises en image par trois superbes dessinateurs. Le résultat de ses confrontations « scénaristes/dessinateurs » et « dessinateurs/dessinateurs« , c’est un magnifique album, très émouvant, indispensable.

Et pour ceux qui, comme IDDBD, l’auront aimé, l’aventure continue au-delà de l’ouvrage puisque Capucine, François Ravard et Jérôme d’Aviau, le trio de dessinateurs impliqués dans ces histoires, exposeront leurs planches originales au café Valmy à partir de 2 Octobre et jusqu’au 31 novembre. A cette occasion un vernissage est prévu le 2 octobre à partir de 18h en présence de tous les auteurs. Avis aux amateurs d’art !

A lire : une interview de Nathalie Meulemans sur le site bdtheque.com. Pour avoir été en contact avec elle par courriel, IDDBD peut témoigner que Nathalie Meulemans est une grande dame de l’édition et du 9ème art…

A lire : une interview passionnante pour un auteur passionnant, Loïc Dauvillier. Et c’est sur l’excellent site sceneario.com, comme souvent ! Et puis, vous visiterez aussi le blog de Loïc Dauvillier, ainsi que son site officiel !

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