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Chroniques BD

Les cinq conteurs de Bagdad

(scénario de Fabien Vehlmann, dessin de Frantz Duchazeau, couleurs de Walter, collection Long Courrier, éditions Dargaud)

Pourquoi lisons-nous des bandes dessinées ? Y avez-vous déjà pensé ? Seulement pour nous divertir ? Ou aussi pour y trouver « autre chose » ? Et quoi ?

Les cinq conteurs de Bagdad ne répondra peut-être pas à toutes ces questions, mais ce magnifique album vous aidera intelligement à trouver vos propres réponses. A la fin de ce récit initiatique qui va conduire cinq personnages hors du commun (Tarek, Wahida, Anouar, Nazim et Ahmed) de Bagdad jusqu’au bord du monde, au pays des Djinns, un dialogue nous éclaire. Nazim, le conteur populaire des marchés de la capitale babylonienne, nous interpelle. Lui, il parle des histoires qu’il raconte. Nous, à travers ses mots, nous nous demandons si les BD ne seraient pas « de petits récits divertissants [fabriqués] avec coeur, c’est tout« . Le séduisant Tarek lui (nous) répond – de manière plus intellectuelle, moins populaire – que ce serait plutôt « des histoires [destinées à ] changer la manière de voir les choses de ceux qui les [lisent], [car] changer le regard sur le monde, c’est déjà changer le monde« …

Personnellement, je crois que les deux points de vues sont non seulement possibles mais absolument nécessaires et souhaitables ? Pourquoi ? Je préfère laisser le dernier mot à l’humble (mais non moins intelligent) Nazim : « Continuez à me mépriser, moi et mon public de merde ! Ces gens qui ont le mauvais goût de ne chercher qu’un peu de rêve et de soleil après une foutue journée de travail ! Mais quand à force de raconter des histoires que nul ne comprend, vous vous retrouverez entre vous, tellement entre vous que vous serez tout seuls, alors revenez m’expliquer comment vous parviendrez à changer le monde ! ».

Et si, après tout, cet avertissement valait aussi pour la littérature, les arts, la politique… la vie tout simplement ?

A lire : la fiche album sur le site de Dargaud (avec 5 planches à découvrir)

A lire (aussi) : la très bonne critique (comme d’hab’) sur sceneario.com (celle-là, elle est de Berthold)

A lire (enfin) : l’intéresante chronique de Sarah sur le site clochettes.net

Chroniques BD

Moins d’un quart de seconde pour vivre

(8 cases de Jean-Christophe Menu, 100 strips de Lewis Trondheim, L’association, collection Eperluette,1990, 1996 (réédition) ).

En 1990, JC Menu dessine quatre cases pour Lewis Trondheim. Ce dernier réalise alors 20 strips de 4 cases en réorganisant l’ordre de ces dernières et en ajoutant du texte. Puis trouvant le nombre de combinaisons trop faible, Trondheim demande à Menu de réaliser 4 cases supplémentaires. Avec 8 cases, il réalise 100 strips et l’une des toutes premières BD à contrainte volontaire artistique. Moins d’un quart de seconde pour vivre fut plus tard qualifié d’Oubapienne par anticipation. Oubapienne ? Kézaco ?

Et bien ceux qui n’ont pas dormi en cours de lettres, connaissent sans doute l’OULIPO, l’ouvroir de littérature potentielle, fondé (entre autres) par Raymond Queneau (Exercices de style, Zazie dans le métro). Le principe étant de se donner des contraintes pour réaliser une œuvre. En 1992, l’OUBAPO est créé sur le même principe : expérimenter de nouvelles façons de lire et de faire de la BD.

Toujours visionnaires et curieux, Trondheim et Menu offrent une œuvre déroutante et forcément brillante à leurs lecteurs, un pur exercice de style ! Si la répétition des cases peut gêner au départ, on entre rapidement dans cette multitude de petites histoires qui finissent par former un ensemble cohérent ! C’est terrible le talent. En tout cas, Moins d’un quart de seconde pour vivre est à lire pour au moins deux raisons : la première étant que c’est un bon album, la seconde pour son importance dans l’histoire de la BD contemporaine.

A lire : quelques explications sur l’Oubapo sur wikipedia
A découvrir : la page dédiée à l’Oubapo sur le site du CNBDI (avec pleins de liens intéressants ! )

Chroniques BD

Billy Wild T1(/2) : Mais où est donc Linus ?

(scénario de Erick Lasnel dit Céka, dessin de Guillaume Griffon dit Sthrad, collection Regard Noir et Blanc, éditions Akileos, janvier 2007)

IDDBD vous a souvent parlé de western. Vous avez eu droit au western à la Sergio Leone, au western classique, au western humoristique, au western déjanté. Il ne vous manquait plus que le western gothique ! Gothique ? Vous avez dit gothique ? Pour ça, il n’y a qu’une maison d’édition qui puisse vous proposer du gothique de qualité : Akileos (non, cette chronique n’est pas un publi-reportage…).

En effet, vous connaissez maintenant les quelques titres d’Akileos qui ont plus particulièrement retenus l’attention d’IDDBD. Ils sont tous de cette veine fantastique, noire, avec une pointe d’humour (Akileos n’aime pas le gothique désespéré… voire désespérant !). Et bien vous retrouverez tout cela dans Billy Wild, version far west du bon vieux mythe de Faust.

Imaginez Clint Eastwood ayant pactisé avec le diable lui-même, John Wayne ayant vendu son âme (et son accent traînant…), James West ayant finalement préféré se damner avec le docteur Loveless et vous aurez une pâle idée de qui peut être Billy Wild, le chasseur de prime le plus sanglant du Darkwest. Billy Wild, c’est plus de 220 victimes au compteur (pas innocentes pour un cents…) et une insolente santé de fer, malgré les balles qui pleuvent comme long horn qui pisse. Sauf que cette santé de fer, cette « immortalité » à toute épreuve, Billy Wild la doit à la magic potion d’un certain Linus, être malfaisant et retors qu’il a rencontré dans sa jeunesse. Et que se passe-t-il lorsque Linus et son précieux breuvage disparaît ?

Ca, vous le saurez en lisant le premier tome de cet excellent diptyque noir et blanc, au dessin aussi classe que le scénario…

A visiter (impérativement !) : le site de Billy Wild

A lire : quelques pages de Billy Wild sur fnac.com

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Koma

4 tomes parus (scénario de Pierre Wazem, dessin de Frederik Peeters, Les Humanoïdes associés).

Ah, je sais, vous pensiez être tranquille pour un moment avec Frederik Peeters. Mais voilà, à IDDBD, quand on aime, on le dit ! Et il me restait à vous parler de Koma. Sur cette série, scénarisé par l’excellent Pierre Wazem (Week-end avec préméditation, Promenade(s), Le chant des pavots, Monroe), Peeters passe pour la première fois à la couleur.

La petite Addidas (pas comme les chaussures) travaille avec son père, un petit ramoneur. Ils vivent dans une étrange ville industrielle où il règne une atmosphère à la 1984 de Georges Orwell. Addidas est très régulièrement frappé par une sorte de coma, elle tombe d’un seul coup pour se réveiller quelques minutes plus tard. Un jour, par hasard, elle découvre un passage dans une cheminée qui l’amène dans une salle où d’énormes monstres travaillent sur des machines. Je vous laisse découvrir la suite.

Encore, une merveilleuse histoire raconté par ces deux très bons auteurs. Elle tient par cette fantaisie incroyable qui s’en dégage, par un scénario totalement imprévisible, par ses personnages (la petite Addidas, son père et le monstre) et également par le dessin énergique et sensible de Peeters. Si certains « spécialistes » du noir et blanc perdent parfois en qualité avec la couleur, il reste égale à lui-même.

Bref, si ces deux auteurs ne s’étaient pas rencontrés, Koma aurait manqué au paysage éditorial car dans le brouhaha actuel c’est une belle série, douce et poétique, qui apporte un peu de frâicheur et d’imagination.

A lire : la (toujours) excellente chronique sur sceneario.com
A voir : les planches sur le site des humano

Chroniques BD

Les voyages du Docteur Gulliver / Kokor

Les Voyages du docteur Gulliver – Livre 1 (scénario et dessin de Kokor, collection Equinoxe, éditions Vent d’Ouest, 2006)

Avec Miss pas touche de Hubert et Kerascoet, je pensais avoir trouvé mon album 2006 (attends David, c’est quand même très très bon…). Et bien non, encore une fois, j’avais parlé trop tôt ! Ayant retrouvé mes pleins pouvoirs d’internautes, je peux sans complexe vous faire part de mon second coup de cœur de l’année car oui je dois l’avouer le premier tome des Voyages du Docteur Gulliver est un petit bijou ! (marque déposée IDDBD). Après Frederik Peeters, Manu Larcenet et quelques autres encore, je crois que je viens de me découvrir un autre chouchou en la personne de Kokor.

L’histoire, libre adaptation du roman de Swift, est celle d’un petit médecin des pauvres dans une ville du bord de mer, rêvant d’aventures en contemplant l’horizon. Un jour, un capitaine de la marine royale lui ordonne de monter à son bord, il est tiraillé entre son désir de partir et sa femme… L’aventure commence…

A l’image de son fabuleux Balade, Balade, Kokor prend le temps de raconter cette fable en abordant des thèmes variés et surtout, en replaçant le héros de Swift au centre de l’histoire. L’aventure, oui certes, mais Gulliver est avant tout un homme, avec ses défauts et ses qualités. Critique vis-à-vis des dérives de son propre monde, Gulliver devient peu à peu l’interlocuteur idéal des habitants de Liliput. Hymne à la tolérance et au partage, à l’aventure et aux rêves, pamphlet contre la barbarie et les paradoxes de la « civilisation », Les Aventures du docteur Gulliver est un album sensible, doux et profond.

Quant au talent de Kokor, simplement remarquable ! Son dessin est toujours sympathique, sa mise en couleur basée sur des tons orangés et bleus est très sobre et il manie le flashback avec une facilité déconcertante, je dois bien vous avouer que j’ai encore été bluffé. Une belle adaptation qui apporte sa pierre à l’édifice du roman de Swift et surtout à la bande dessinée !

David Donnat

A voir : la présentation de l’album sur le site de Vents d’Ouest et quelques planches sur BDgest.com

A lire : une réflexion sur le rapport « littérature/BD » dans Marianne

A lire : le roman de Swift en ligne sur Wikisource

Chroniques BD

Presque

(histoire et dessin de Manu Larcenet, aux éditions Les rêveurs de runes)

Je ne connaissais pas l’album Presque de Manu Larcenet. Je l’ai pris en faisant confiance à l’un des bibliothécaires de Poissy et je ne le regrette vraiment pas…

Je regrette seulement d’avoir chroniqué La ligne de front sans avoir lu Presque avant. J’aurai mieux compris les engoulevents, les gradés stupides et les angoisses du caporal Van Gogh…

Je regrette aussi d’avoir chroniqué Le combat ordinaire sans connaître le Marco de Presque et la mère de Manu lui annoncer (déjà) « Je t’ai fait du poulet…« .

Je regrette enfin d’avoir fait mon service militaire sans trop me poser de questions et, surtout, sans colère, puisque c’est de cela dont nous parle Manu Larcenet dans Presque.

Enfin, il nous parle surtout d’enbrigadement, de violence, de perte d’identité et d’humanité, de repères et d’une journée très particulière vécue pendant les manoeuvres de fin de classes sur une base désaffectée de l’Armée de l’Air, en Lorraine, avec son compagnon Marco.

Presque n’est pas un cri anti-militariste râgeur. C’est un coup de poing visuel en même temps qu’un témoignage intime et bouleversant, calmement sussurré à votre oreille (c’est d’autant plus terrifiant). On y retrouve déjà (l’album date de 1998) tout ce qui a fait le Manu Larcenet que nous connaissons aujourd’hui…

Merci au personnel de la Bibliothèque Municipale de Poissy sans qui la rencontre avec cet album essentiel ne serait pas arrivée…

A lire (indispensable) : l’interview de Manu Larcenet sur du9.org (1998)

A lire : les chroniques de Presque sur du9.org et coinbd.com

A lire (aussi) : la bio de Manu Larcenet sur Wikipedia.org

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Chronique | Isaac le Pirate

(scénario et dessin de Christophe Blain, couleurs de Walter et Yuka, aux éditions Dargaud, collection Poisson Pilote, 2001)

La série Isaac le Pirate est l’occasion de faire le point sur un sujet qui peut dérouter le néophyte : le dessin d’une bande dessinée doit-il être « beau » ?
Sans hésiter, la réponse est « oui, évidemment », s’agissant d’une oeuvre d’art (car n’en déplaise aux esprits chagrins, la BD est un art à part entière, et non des moindres…).
Pour autant, le trait, le dessin doit-il être nécessairement « académique » pour être beau. Et avec le même aplomb, IDDBD répond « non, évidemment ». Comment ça « évidemment » ?

Pour simplifier à l’extrême (les spécialistes vont lancer un « contrat » sur ma tête), la BD se divise en deux catégories, selon le genre de dessin utilisé : d’un côté la BD « académique« , de l’autre la BD « expressionniste« .

Même si les styles peuvent être très différents d’un dessinateur à l’autre, la première catégorie utilise un trait classique, de celui dont on peut dire immédiatement « ouah, le mec, y sait dessiner, la vache » (c’est une image : les dessinateurs savent généralement dessiner autre chose que des vaches…). On peut classer dans cette catégorie des bandes dessinées comme Blacksad, Où le regard ne porte pas, Le Marquis d’Anaon, Cuervos, Rapaces ou Luuna pour reprendre des exemples de BD qu’IDDBD a récemment chroniqué. Pour enfoncer le clou, des BD telles qu’Astérix, Tintin ou Lucky Luke sont emblématiques du genre.

La deuxième catégorie utilise un trait moins conventionnel et des formes graphiques plus originales, plus détachées de la contrainte immédiatement esthétique au profit de l’expression des personnages, des sentiments, du mouvement, etc…
Le néophyte identifie facilement ce genre (par opposition à ce qu’il connaît déjà visuellement de la BD), et rajoute souvent des commentaires du style « Peuh, trop naze, mon neveu de 5 ans dessine pareil« . Outre qu’il est grammaticalement incorrect, cet avis dénote un esprit fermé qu’IDDBD se propose d’ouvrir, à grand coup de claques s’il le faut… (bien entendu, c’est une image… quoique…).
On peut classer dans cette catégorie des bandes dessinées comme Lincoln, la série Donjon, le Combat ordinaire, ou les Imposteurs pour reprendre encore une fois des exemples dont IDDBD a récemment parlé.
Incontestablement, Isaac le Pirate appartient à cette deuxième catégorie. Il en est même emblématique.
Si vous débutez en BD, ne vous laissez pas rebuter par un dessin auquel vous n’êtes pas habitués mais qui se révèle d’une justesse incroyable. C’est déjà ce que je vous conseillais pour les Imposteurs.
Par nature, la BD est un art qui mêle inextricablement le trait et l’écrit. Dans la BD expressionniste, cette définition prend encore plus de son sens.

Aussi laissez-vous emporter par Isaac le Pirate, jeune peintre du XVIIIème siècle embarqué presque malgré lui par un étrange médecin dans le monde de la piraterie, loin de sa belle fiancée Alice.
Des Caraïbes aux glaces de l’Antartique, il y rencontrera des personnages hauts en couleur mais toujours très humains, très vrais : Jean Mainbasse, le Baril, la Teigne, Jacques (dont il deviendra l’ami que nous retrouverons dans tous les autres épisodes). Il y vivra aussi des aventures palpitantes, mêlant action et philosophie, amitié et amour…
Isaac le Pirate, c’est beau, c’est intelligent, c’est sensible ! Le trait de Christophe Blain traduit parfaitement les sentiments, les ambiances, l’action… Son scénario est impeccable, plein des rebondissements que l’on est en droit d’attendre d’une grande fresque romanesque, et plus encore (Alice succombera-t-elle ?).
N’hésitez pas une seconde et lancez-vous à l’abordage des 5 tomes actuellement disponibles !
Isaac le Pirate est un trésor de la BD (et même pas enterré avec ça !).

Vous aimerez si vous aimez : les vraies histoires de pirates (ah les scènes d’abordage ou de combat), les vraies histoires d’amour et d’amitié (nous suivons, en parallèle la vie d’Alice et celle d’Issac…).

A lire (avant de partir à l’abordage) : les cinq premières planches des tomes 1 (Les Amériques), 2 (Les glaces), 3 (Olga), 4 (La capitale) et 5 (Jacques), disponibles sur le site Poisson Pilote (ne ratez pas les galeries d’images, superbes !).

A lire (en escale) : les interviews de Christophe Blain sur bdparadisio.com et sur artelio.org

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