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Chroniques Cinéma

Le temps de quelques jours (Nicolas Gayraud)

Pour la première fois, un réalisateur a reçu l’autorisation de pénétrer dans le couvent de Notre-Dame de Bonneval, au cœur de l’Aveyron. Entre ces murs presque millénaires, il rencontre les sœurs de ce couvent et partage leur quotidien. Si au départ, le contact est difficile, il lie une relation particulière avec certaines d’entre elles. Ces dernières, ainsi que le chocolatier employé par le couvent, se livrent dans des discussions parfois surprenantes entre vérité, sourire et intériorité.

En toute honnêteté, la perspective d’entrer le temps d’un film dans un couvent et d’écouter parler des sœurs ne m’enchantait guère. Je suis un mécréant assumé. J’admire l’imagination débordante des religions modernes pour interpréter le monde et produire ou inspirer des œuvres incroyables. Mais bon, en ce qui concerne la foi, je suis dubitatif face à leur « vérité », c’est comme ça. Donc au départ, c’est avec une certaine appréhension que je m’apprêtais à passer 77 minutes d’un enfer terrestre peuplée de gentilles dames de 94 ans m’expliquant leur foi et le pourquoi du comment il fallait croire pour sauver son âme…

Et pourtant, malgré des défauts que j’évoquerais plus bas, ce film n’a pas arrêté de me surprendre positivement. Surpris par le témoignage de ces femmes rayonnantes d’une spiritualité apaisée dépassant largement le cadre étriqué de la religion. Le film tire toute sa force et son intérêt de leur présence. Sur les 26 sœurs peuplant ce couvent, elles ne sont que quelques une à apparaître devant la caméra (dont la mère supérieure). Évoquant tour à tour leurs rapports avec la société contemporaine, leur famille ou la notion très relative de liberté, elles possèdent une liberté de ton vraiment déstabilisante loin des clichés dont j’étais moi-même prisonnier. Durant plus d’une heure, on s’émeut, on s’interroge, on sourit aussi devant ce dialogue entre elle et la caméra. Derrière l’austérité du lieu et l’image sombre du convent, on découvre une humanité cachée débordante de vie qui met à mal nos certitudes.Cependant, si le film tire sa force des témoignages des sœurs, il n’en demeure pas moins limité sur quelques aspects de la réalisation. On ressent par exemple le manque chronique de temps. Sur ce point, le film porte bien son nom. La première image présente le couvent dans un plan d’ensemble. Niché au cœur d’une vallée, entouré par la forêt et les montagnes, ce lieu est enchanteur, hors d’âge et hors du monde. C’est une promesse d’un rapport particulier entre les habitantes et cet espace. Ce lieu forge aussi la communauté. Mais cette idée ne sera que très peu exploitée à l’image. Comme si le réalisateur ne s’était focalisé que sur cette parole par peur de rater, de manquer de temps. Ainsi, il n’épouse pas le projet dans son ensemble, n’inscrit pas cette communauté dans la continuité historique (le couvent existe depuis presque un millénaire) mais uniquement dans un présent. Frustrant pour le spectateur qui ne fait qu’entr’apercevoir ce lien.

Ensuite, le choix du réalisateur est d’intervenir uniquement via des panneaux noirs entrecoupant et rythmant les scènes. Il faut lui rendre hommage sur ce point, il ne cache pas les difficultés rencontrées durant le tournage, en particulier le refus de certaines sœurs d’être filmées. C’est une vraie confiance dans son spectateur. Cependant, si les premiers apportent une certaine information sur son état d’esprit, les suivants parasitent un peu le déroulement du film, « surcoupant » certains passages.

En conclusion, même s’il souffre de quelques petits défauts qui auraient pu le rendre incontournable, ce film tranche avec l’image habituelle et rend un bel hommage à ces religieuses. Loin de toute forme de prédication, Le temps de quelques jours est tourné au rythme tranquille de ces femmes qu’on peut admirer pour leur spiritualité positive, loin des heurts du monde. En filigrane, un message de tolérance qui appelle à une réflexion sur soi-même. Sur ce point, ce film est une réussite.

La bande annonce :

Le temps de quelques jours
Réalisation : Nicolas Gayraud
Durée : 77′
Production : La Vint-Cinquième heure, 2014
Edition DVD : Editions Montparnasse, 2015

Chroniques Cinéma

Silence Radio (Valéry Rosier)

Depuis 1983, Radio Puisaleine émet entre l’Oise, l’Aisne et la Somme. Ils sont 30 bénévoles à maintenir cette station de radio locale tournée vers la musique française et les informations. Mais bien plus qu’un simple média, Radio Puisaleine crée un lien social fort dans la communauté. Valéry Rosier va au-devant des auditeurs et des animateurs dans un film à la fois léger et décalé. Parfois, on reproche au cinéma documentaire de n’aborder que des thèmes négatifs : guerre, chômage, violence, mal de vivre… Si ce cinéma se nourrit en partie des difficultés du monde il sait, au détour d’une séance, nous faire également découvrir des films de qualité au sujet plus légers. Ainsi, Silence Radio plonge le spectateur dans la réalité d’une petite radio tenue par une armée de bénévole mais aussi, et c’est là tout l’intérêt de la démarche de Valéry Rosier, dans le quotidien de ceux qui les écoutent. Pour montrer ce double visage, le réalisateur belge propose un montage dynamique tout en équilibre entre plans filmés à la radio et lieux d’écoute (salons, salle de bains, voitures…) avec toujours ce souci de placer l’humain et son environnement au centre de l’écran. En fil rouge de cette aventure cinématographique, les sons de Radio Pusaleine et une bande originale de référence dans le genre (je suggère au producteur d’éditer la BO, je pense que ça devrait marcher. Grâce à ce procédé, nous sommes immédiatement frappés par ce lien fort qui unit les deux groupes : lL’un derrière le micro, l’autre derrière son poste de radio. Dans les grésillements d’un matériel d’émission à la dérive (lâchera, lâchera pas ?), la vie des uns et des autres est marquée par les appels téléphoniques à la station, les dédicaces et la musique française gentiment désuète de ces « années-là ». Car Radio Puisaleine n’est pas une radio de « djeun’s », ni même une radio libre version année 80, mais plutôt, à l’image de ses animateurs et de ses auditeurs, une élégante vieille dame qui propose des moments d’amitiés, d’écoutes et de partages. Une radio de proximité pour âme seule. Dans cet  émouvant portrait, Valéry Rosier est comme le petit-fils taquin de cette vieille dame : il l’aime bien et apprécie de la chahuter un peu. Ainsi, on rit avec tendresse devant des conversations improbables, des entretiens radiophoniques d’un autre âge ou des couacs techniques qui feront pâlir les professionnels. Mais voilà, il y a tellement de belles volontés qu’invariablement on s’attache à ces gens-là. Personnellement, je retrouve dans ces bénévoles radiophoniques les mêmes petits écarts, les mêmes petits défauts et surtout la même énergie que chez les bénévoles de bibliothèques. Au final, un film sympathique à la réalisation très propre qui vous mènera dans le petit monde de la radio associative, dans la nostalgie des chansons d’antan, dans un univers en décalage… un petit peu de simplicité dans un monde complexe. Un peu de bonheur quoi ! A noter que ce film a reçu le FIPA documentaire 2013. A écouter (en streaming) : Radio Pusaleine évidemment ! A lire : la fiche sur Need Productions

Silence Radio Réalisateur : Valéry Rosier Durée : 52′ Productions : Need Productions / Perspective films Année de production : 2013

Chroniques Cinéma

Dans leur jeunesse, il y a du passé (Elsa Oliarj-Inès)

Elle a vécu et grandi avec eux avant de choisir de partir pour étudier en ville, découvrir autre chose. Elle était dans les montagnes de La Soule, au milieu du pays Basque. Elsa est partie, ses amis sont restés. Pourquoi ? Pourquoi décide-t-on de rester ? Par choix ou parce que ça va de soi ?

« Il faut avoir un pays, ne serait-ce que pour avoir le plaisir d’en partir. Un pays ça veut dire ne pas être seul et savoir que chez les gens, dans les arbres, dans la terre, il y a quelque chose de nous qui même quand on n’est pas là, nous attend patiemment ». Ces mots empruntés à Cesare Pavese (La lune et les feux) sont les premières paroles prononcées par la réalisatrice elle-même. Véritable fil rouge de ce film, cette voix off nous sert de guide dans ce pays qui semble un peu hors de ce monde contemporain, urbain, où l’on prône mobilité et vitesse.

Pourquoi ses amis sont-ils restés dans leur région natale ? Pour chercher une réponse, elle parcourt les magnifiques paysages basques, filme ses amis entre eux, en famille, dans leurs activités et montre dans le même temps cette fameuse culture basque. Sans jamais tomber dans une démonstration d’un régionalisme exacerbé digne de la balade des gens qui sont nés quelque part de Georges Brassens, la réalisatrice montre tout ce qui unit ces jeunes adultes à une culture bien vivante. Au-delà des traditions, c’est bien un art de vivre qui est transmis de génération en génération. Et si certains, comme elle, s’interroge ou se sont interrogés sur l’opportunité de départ, d’autres ne se posent même pas la question. « Parce que je suis bien » explique l’un d’entre eux. « Parce qu’il n’aurait pas pu faire de rugby à Marseille ou à Lyon » répond le père d’un autre. On sourit devant cette logique évidente.

Mais en contrepartie, Elsa Oliarj-Inès montre aussi le poids de cette société et de cette forme de « contrat social » à remplir pour « être d’ici ». On ressent entre les mots la difficulté de porter cet héritage et le tiraillement entre les univers. Une sociabilité obligatoire symbolisée par ces fêtes du samedi soir, répétitive mais liant les membres d’une même génération.

A seulement 24 ans, Elsa Oliarj-Inès signe un film d’une grande maîtrise. (photo : Gilles Choury)

Au bout du compte, je salue le beau travail de réalisation conclut par une très belle scène finale très révélatrice. Ce film trouve un équilibre entre l’environnement et l’humanité des personnes filmés. Je n’oublierai pas non plus le très bon travail d’écriture avec des textes à la fois sobres et justes. Faire un film de cette qualité à seulement 24 ans promet de belles choses pour l’avenir. J’aime l’idée, malgré l’ethnocentrisme logique vu le sujet, de cet écho qui résonne en chacun d’entre nous. Qu’importe nos origines mais qu’est-ce qui nous attache (ou non) à notre région natale ? S’il ne cherche pas véritablement à cette question, Dans leur jeunesse, il y a du passé donne des pistes à explorer.

A voir : la fiche du film sur Zaradoc
A lire : un portrait de la réalisatrice sur EHKZ

Dans leur jeunesse, il y a du passé
Réalisateurs : Elsa Oliarj-Inès
Durée : 52
Production : Zaradoc films / France TV / Aldudarrak bideo
Année de production : 2014

Chroniques Cinéma

Tout va bien : 1er commandement du clown (Rosenblatt & Desjardins)

Durant deux ans, Pablo Rosenblatt et Emilie Desjardins ont suivi un petit groupe d’élèves de Bagnolet. Mais cette école est bien originale. En effet, on y apprend à faire le clown. Bienvenue à l’école du Samovar.

Vis comica : le pouvoir de faire rire

Le clown est une figure populaire à la fois attachante et emprunte d’une certaine forme de mystère. Derrière son nez rouge, il fait rire aux éclats les grands et les petits par cette gentille idiotie qui le caractérise si bien. Mais au fond, on ne sait pas vraiment qui il est, ce qu’il pense, ce qu’il aime. Pablo Rosenblatt et Emilie Desjardins nous invitent à passer sous la couche de maquillage et les oripeaux ridicules en compagnie de ces apprentis prêts à tout pour trouver le clown qui sommeillent en eux. Seront-ils clown triste, grand clown, affreux clown, bébé clown, clown punk ? Qui peut bien le dire ? Au cours de leur apprentissage, ils vont peut-être le découvrir.

Par une démarche assez classique en cinéma documentaire, nous entrons donc par de longs plans séquences dans le quotidien de ce petit groupe de quatorze élèves à l’âge et aux parcours hétéroclites. Ainsi, des cours aux pauses cigarettes, nous sommes les petites souris silencieuses qui écoutons et attendons de voir se poindre le « monstre », ce fameux clown tant recherché. Si la forme est assez sage, le spectateur comprend dès les premières minutes toute la difficulté de la tâche. Et si ce film expliquait pourquoi les clowns ont parfois l’air triste ?

Nosce te ipsum : connais-toi toi même

Pour ces élèves, il ne s’agit pas simplement d’appliquer des méthodes toutes faites par une école qui les poussent à outrepasser les valeurs morales établies. N’est-ce pas le rôle d’un clown après tout ? Non, l’idée principale est de fouiller au fond de soi, de faire ressortir l’inconscient avec son lot d’angoisse mais aussi tirer parti de son potentiel, d’explorer de nouveau chemin avant de faire demi-tour. Bref, de trouver sa propre énergie qui poussera à exceller dans le ridicule, la folie et le rire.

La grande réussite de Pablo Rosenblatt et Emilie Desjardins est de  montrer l’importance de ce côté introspectif dans leur cheminement. Ne se bornant pas à « filmer des apprentis clowns », ils ont mis en écho la personnalité de chacun par un subtil travail de montage et de bande son. Ainsi, si le groupe est filmé sans véritable focus sur l’un des personnages, des témoignages courts en voix off viennent ponctués le film. Ces derniers nous font découvrir tour à tour l’ état d’esprit, les attentes, les choix de l’un des membres. Les réalisateurs créent ainsi un petit tableau de cette communauté et rappellent que si le clown reste unique, il fait partie d’une grande famille.

Ab imo pectore : du fond du coeur

Finalement, en entrant autant dans leur intimité, une sorte d’empathie se créer pour ces personnalités si attachantes et souvent très originales. Une originalité recherchée et même revendiqué par les profs et les élèves. Durant 1h30, ils se cherchent, se trouvent, se perdent, se heurtent souvent aux murs de leurs propres limites avant de les dépasser. A notre tour, nous nous interrogeons et nous inquiétons sur leur présence, leurs échecs, leurs réussites, leurs forces, leurs faiblesses…

Au final, ce film trouvera sana aucun doute un écho chez ceux qui ont eu, un jour, à affronter les difficultés de la création artistique. Doutes, faiblesses, exaltations et passions sont le moteur d’un film qui, sous les aspects de la simplicité, est réalisé avec beaucoup de délicatesse. Il montre aussi la force du travail et de l’abnégation. Un film à l’image de ces artistes de cirque, qui, après avoir fait exploser de rire des foules entières, font naître la nostalgie à l’aide quelques notes. Cette musique qui accompagne finement ce joli documentaire pour nous rappeler que même les clowns peuvent être des poètes. Oui, tout va bien.

A voir : le site du film et la page Facebook


Tout va bien – 1er commandement du clown Bande-annonce VF

 

Tout va bien : 1er commandement du clown
Réalisateurs : Pablo Rosenblatt et Emilie Desjardins
Durée : 94′
Production :  Lardux / DHR
Année de production : 2013

Chroniques Cinéma, Recommandé par IDDBD

Casedoc#4 | Edmond, un portrait de Baudoin (Laetitia Carton)

Durant plus d’un an, la réalisatrice a suivi Edmond Baudoin. A 70 ans, cet ancien chef-comptable devenu dessinateur par désir profond et par peur de l’ennui fait partie des grands auteurs de la bande dessinée contemporaine. Avec son dessin unique au pinceau, il est dès ses premières planches dans les années 80, un personnage tout à fait à part dans l’édition. 30 ans et une cinquantaine de livres plus tard, ce portrait filmé nous permet de le découvrir dans son intimité, entre son petit village de l’arrière-pays niçois, les grands festivals et surtout les discussions feutrées autour d’un dessin, moments privilégiés d’échanges sur l’art, la liberté, la vie.

Au risque de me répéter, dire qu‘Edmond Baudoin est un monument de la bande dessinée est un doux euphémisme. Totalement décalé dans la production très standardisée des années 80, il reste malgré l’explosion de l’édition alternative, un auteur « différent ». Je dois avouer que je partage avec la réalisatrice – et sans doute beaucoup des amateurs de Baudoin – un rapport très particulier à cette œuvre majeure, reposant principalement sur l’intime et une façon singulière de raconter des histoires.

D’ailleurs, en y réfléchissant un peu, Baudoin ne raconte pas d’histoires. Il les livre à la vue des lecteurs. Et c’est justement toute la réussite de ce film : reprendre cet état d’esprit particulier. Par l’intermédiaire d’un montage réalisé avec beaucoup de justesse, Lætitia Carton met en parallèle ses propres images avec celle d’Edmond Baudoin. Elles illustrent ainsi les lieux, les discours et les pensées offertes à la caméra par le dessinateur. On découvre ainsi ce lien permanent entre l’œuvre et l’homme. Les lieux, les paysages, les êtres voire même les situations qui peuplent les albums de Baudoin sont irrémédiablement liées à sa vie.

De plus, la complicité entre la réalisatrice et son sujet (qui a d’ailleurs participé à l’écriture) lui permettent d’offrir au spectateur une vision profonde de l’homme. Outre l’artiste, on découvre un message, celui d’un homme qui a fait le choix de la liberté, de la passion et d’une certaine forme d’épicurisme. Une philosophie qui trouve son écho dans les traits de son pinceau. Libre et profond.

Une belle mise en perspective soutenue (je m’en voudrais de l’oublier) par une bande-son entre jazz et accordéon de grande qualité. Un film réussi qui donne envie d’en découvrir un peu plus et de retourner sur le chemin de St-Jean.

A noter : ce film n’est pas pour l’instant pas diffusé autre part qu’en festival et recherche donc un diffuseur. A bon entendeur…

A lire : le film ayant été financé en partie via Ulule, retrouvez la page de présentation

A voir : la bande annonce

EDMOND, un portrait de Baudoin (trailer) from Kaleo films on Vimeo.

 

Edmond, un portrait de Baudoin
Réalisateur : Laetitia Carton
Durée : 86′
Production : Kaelo
Année de production : 2014

Chroniques Cinéma, Recommandé par IDDBD

Chronique | Marina Abramovic : the artist is present (Matthew Akers)

En 2010, le MoMA, le célèbre musée d’art contemporain de New York, consacre une rétrospective à l’œuvre de Marina Abramovic. La plasticienne serbe réalise depuis 40 ans des performances mettant à l’épreuve son propre corps. A la veille de cette exposition, nouvelle démarche artistique en soi, le réalisateur Matthew Akers se penche sur cette artiste hors limite.

L’art de la question

Parfois, le hasard nous fait découvrir une œuvre singulière qui change notre perspective sur un objet, une pensée, un mouvement. Pour tout vous avouer, je ne suis pas vraiment un aficionados de l’art contemporain. Je reste souvent dubitatif face à des œuvres dont l’expression esthétique me semble parfois réduite au minimum. A vrai dire, je n’ai pas vraiment les clefs. C’est donc avec un détachement très professionnel que j’ai découvert ce film, le visualisant d’un œil distrait afin de savoir où et comment le classer dans les rayons de la vidéothèque. Marina Abramovic, non, ça ne me disait rien.

Très vite, j’ai été happé par ce personnage charismatique, fille en mal de tendresse de héros communistes de l’ex-Yougoslavie, que certains aiment nommer « la grand-mère de la performance artistique« . Rester assise durant des jours, se flageller devant une caméra, jouer avec des couteaux, foncer dans un mur ou marcher durant 3 mois le long de la grande muraille de Chine pour rejoindre son amoureux parti de l’autre bout, voici quelques exemples d’œuvres réalisés par Marina Abramovic. Je vous entends vous poser LA question : « mais nom d’un petit flûtiau, en quoi est-ce de l’art ? »

L’art d’ouvrir les yeux

Cette question qu’on n’ose plus lui poser trouve tout son écho dans ce film et peut-être un début de réponse dans le nouveau défi qu’elle affronte dans la rétrospective qui lui est consacré au MoMA. The Artist is present est le nom de sa nouvelle œuvre. Pendant trois mois, durant l’ouverture du musée, Marina Abramovic sera dans un carré de lumière, assise sur une chaise, attendant qu’une personne veuille bien s’asseoir face à elle dans un dialogue silencieux. Dans cette rencontre entre l’artiste et son public, éprouvante pour la première, bouleversant pour le second, la question de l’art se pose sans cesse et apporte son lot d’interrogations et d’interprétations. Qu’apporte le public ? Qu’y trouve-t-il ? Est-il touché ?

Pour nous aider à comprendre, Matthew Akers utilise les outils classiques du documentaire : témoignage de son entourage professionnel, scène de travail, discussions avec Marina, retour sur le passé – en particulier sur sa relation avec l’artiste allemand Ulay – et focus sur des œuvres représentatives. Si parfois des effets faciles auraient pu être évités (une utilisation malvenue de violons par exemple), le réalisateur évite le schéma chronologique « jeunesse-début-accomplissement-présent ». Par un montage efficace, il dissémine les éléments afin d’en faire ressortir ce qui résonne dans la préparation et le déroulement de « The Artist is present« , véritable fil rouge du film.

Résultat, le spectateur reçoit des clefs de lecture permettant d’appréhender l’œuvre globale de l’artiste. Outre le caractère attachant du personnage principal – même si je la soupçonne de savoir particulièrement bien utiliser l’objet cinématographique – ce film est une porte ouverte vers une désacralisation relative de l’art contemporain. A l’image de cette performance et de cette artiste, il traite avec égalité le moindre spectateur, ouvrant son cœur les yeux dans les yeux. Quand l’art est émotion.

A lire : l’article de Libération sur la retrospective au MoMA

La bande annonce

 

Marina Abramovic : the artist is present
Réalisateur : Matthew Akers
Production : Show of force, HBO Documentary
Année de production : 2012

Chroniques Cinéma, Recommandé par IDDBD

Chronique | Jasmine (Alain Ughetto)

En 1978, Alain fait du cinéma d’animation en pâte à modeler et Jasmine étudie le théâtre de l’absurde. Ils tombent amoureux. En France, tout est simple mais à la fin de ses études, elle doit repartir en Iran au moment où une Révolution se met en marche. Quelques mois plus tard, il la rejoint à Téhéran. Tous les deux vivent une histoire d’amour singulière dans les heurts du changement. Mais il y a 30 ans, Alain laisse Jasmine et oublie la pâte à modeler.

Quand je tente de présenter le documentaire de création à des profanes, j’explique qu’il s’agit pour le réalisateur de chercher à capter l’instant afin de le retravailler à la manière de n’importe quel cinéaste pour donner sa propre vision du « réel ». Mais dès les premiers instants du film, il apparaît clairement que Jasmine échappe à cette définition très (trop) simple de ce qu’est le cinéma documentaire. Et oui, la création échappe encore aux petites cases du bibliothécaire !

L’angoisse d’une révolution

Ni tout à fait dans la réalité, ni tout à fait dans la fiction, Jasmine nous plonge dans les souvenirs amoureux du réalisateur. Mais des questions se posent : comment raconter le passé ? Comment en faire un documentaire sans images d’époques ? Qu’importe car une autre matière existe, bien présente. De réel, le réalisateur possède les dizaines de lettres envoyées par une jeune femme passionnée se languissant de l’absence de ce français dont elle est tombée amoureuse, la nostalgie et les regrets, les images oubliées en Super 8 ou encore, les archives d’une révolution pleine d’espoir au futur sombre.

La multitude

Quant aux images, comme un symbole, il choisit de les créer lui-même en renouant avec un savoir-faire qu’il avait perdu il y a 30 ans. Une matière « physique » cette fois-ci, une matière charnelle qui prend corps entre les doigts du réalisateur. Ainsi, pendant plus d’une heure, alternant prises de vue « réelles », images d’archives et séquences d’animation d’une beauté esthétique rare, Alain Ughetto raconte cet amour nostalgique et apaisé à l’aide de simple pâte à modeler. Il se met en scène en créant un personnage jaune et installe une  Jasmine bleue à ses côtés. Prenant vie, ces êtres incarnent une réalité, racontent l’Iran de la révolution, les femmes de ce pays, une autre culture et évoquent surtout une déchirure.

Sur les toits d’un Téhéran de polystyrène

Ainsi, bercés par les voix chaudes et profondes de Jean-Pierre Darroussin et Fanzaneh Ramzi, passeurs d’une écriture tout en subtilité, nous voici plongés dans une forme cinématographique bouleversante. A l’image de cette scène d’amour où les personnages et leurs couleurs s’entrelacent dans un jeu de couleur enivrant, ce film repousse sans cesse les limites. Celles d’un genre bien entendu mais aussi du regard sur l’autre.

Jasmine
Réalisateur : Alain Ughetto
Durée : 70′
Production : Les films du Tambour de Soie
Année de production : 2013
Distribution : Shellac Sud

Chroniques Cinéma

CaseDoc #2 | Histoire de la planche 52 (Avril Tembouret)

Ce film retrace la création de la planche 52 du dernier album de Valerian, personnage mythique de la bande dessinée de science-fiction. S’immergeant dans le quotidien des auteurs, essentiellement celui de l’illustrateur, le spectateur découvre le travail quasi-artisanal de transformation des mots en images. Difficultés, choix, retour en arrière et discussions sont le quotidien de Jean-Claude Mézières et Pierre Christin. Durant plusieurs jours dans le cadre feutré de l’atelier de l’illustrateur, on voit naître la planche finale des crayonnés à l’encrage.

De mon point de vue d’humble bédéphile, j’ai trouvé ce témoignage intéressant. On retrouve ce que tout bon fan de BD a ressenti un jour dans sa vie quand, après quelques heures ou quelques minutes (c’est selon) d’attentes pour une dédicace, il découvre la magie d’un dessinateur. Ce fameux geste qui, en quelques traits, fait naître une silhouette sous les yeux ébahies de son public. Merveilleux et fascinant. Dans Histoire de la page 52, nous allons un peu plus loin que ces mouvements ô combien maîtrisés. On assiste également aux errements, aux doutes ou à l’enthousiasme d’un illustrateur. Tout cela dans un style cinématographique très sobre, avec un montage plutôt sage laissant la belle place à un Jean-Claude Mézières en verve. Je trouve juste dommage de voir aussi peu Pierre Christin, l’un des plus grands scénaristes de la BD européenne.

Et justement, c’est là que, pour moi, le film manque un peu sa cible et est assez représentatif de la vision de la bande dessinée en Europe… à savoir un art avant tout graphique. Rappelez-moi le nombre de scénaristes qui ont reçu un prix à Angoulême ? Sans commentaire.

En fait, Histoire de la page 52 ne filme pas vraiment la création d’une planche mais le dessin d’une planche. La nuance est subtile – et discutable certes –  mais nous ne voyons finalement que la moitié « visuelle » de la création. On oublie que faire de la bande dessinée c’est aussi raconter une histoire. Qu’en est-il de Pierre Christin et de son travail d’écriture ? On en distingue l’aboutissement au début de film mais de nombreuses questions restent en suspens. Comment cette planche est apparue dans son esprit ? Quelle est sa place dans le récit ? Quelles ont été ses difficultés ? A-t-il eu le syndrome de la « page blanche » ? Quid du découpage, de la construction des dialogues, etc… Si on s’attarde avec un certain brio sur les errements de Jean-Claude Mézières, on oublie presque totalement l’invisible travail des mots pourtant fondamental en BD… ou en cinéma.

Finalement, je ressors de ce film un peu frustré. Il me manque des éléments non pas pour comprendre mais pour apprécier ce travail. Malgré cette réalisation propre, ce film manque pour moi d’un peu de matière pour atteindre son but : vouloir nous faire entrer dans les profondeurs de la création d’une bande dessinée. Au-delà, j’attends toujours LE film documentaire qui saura prendra un parti esthétique fort pour nous parler de 9e art.

A voir : la fiche du film sur le site du producteur

Histoire de la page 52
Réalisateur : Avril Tembouret
Durée : 43′
Production : Kanari
Pays : France
Version : VF
Année de production : 2013

La bande annonce

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Chroniques Cinéma

CaseDoc | Matt Konture, l’éthique du souterrain (Francis Vadillo)

Avant propos : CaseDoc, c’est quoi ?

Comme vous l’avez remarqué depuis quelques mois, IDDBD ne parle plus uniquement de bande dessinée mais aussi de cinéma, de cinéma documentaire pour être précis (avec une parenthèse animation cet été). Or, je constate que de nombreux films ont été réalisé sur ou autour de la bande dessinée. Afin de lier l’utile à l’agréable, je vous propose donc CaseDoc, des séries de chroniques autour de ces documentaires consacrés au 9e art. J’ai le bonheur de vous proposer Mattt Konture pour ce premier billet. Tout simplement l’un des membres fondateurs de la mythique Association.

Mattt Konture : l’Artiste

Qui de tête pourrait me donner les 7 membres fondateurs de l’Association sans aller faire un tour sur Wikipedia ? Essayons ensemble : David B,  Jean-Christophe Menu, Lewis Trondheim… Euh… ça devient plus dur ensuite… Normal, ces trois là sont les plus médiatiques. Je suis persuadé que beaucoup d’entre nous pourraient ajouté Joann Sfar en se mettant profondément le doigt dans l’œil. Pourtant, ils étaient bien 7… et pas des moindre : Patrice Killofer, Stanislas, Mokeit et Mattt Konture. Mais pourquoi parler de ce dernier ? Après tout, n’est-il pas plus intéressant de faire une chronique de la vie du protestataire Jean-Christophe Menu, par exemple ? Pourquoi faire le portrait d’un auteur qui a passé la majorité de son temps à parler de lui-même dans ses œuvres ? N’est-ce pas suffisant pour le comprendre ? Quel est l’intérêt de ce film en fait ?  Les premières minutes sont révélatrice et résume assez bien l’esprit général du propos développé par le réalisateur. L’artiste est seul au milieu de la Lozère de son enfance. Il est là avec son crayon, retranscrivant graphiquement ces quelques instants, se dessinant gentiment au milieu de ce grand espace. Son dessin est reconnaissable, joyeusement sombre. Il parle avec sérennité. On sent un peu de timidité et pourtant, il se livre avec une véritable volonté de partage. A cet instant, et ce sera le cas tout le long du film, ni la plume ni la voix de Mattt Konture ne mentent. Rare sont les artistes qui font corps avec leur art. Mattt Konture est de ceux-là. Dans son petit appart’, dans sa manière d’être, dans sa manière de se vêtir, de parler, il  ne se différencie pas de son œuvre. Il est ce qu’il fait… jusqu’au bout de ses incroyables cheveux (seul partie du corps où l’on peut se permettre d’être créatif dixit l’intéressé). Il suffit de voir cette scène incroyable où il peint avec ses propres cheveux dans un petit festival de musique alternative en pleine campagne pour être convaincu du propos. Moment de folie ou d’extase artistique ?

Portrait d’un auteur libre

A travers le témoignage de ses amis et surtout de cette très belle scène – sorte de fil rouge du film – où Patrice Killofer tente (et réussi) de dessiner son camarade, on perçoit véritablement toute l’importance de ce personnage dans le monde de la bande dessinée contemporaine. Certes, comme je le disais plus haut Mattt Konture n’est pas le plus médiatique, certes il ne vend pas 100 000 albums, certes il n’a pas l’honneur des sunlights. Mais il est le créateur d’une œuvre toute particulière qui l’a conduit très tôt à se mettre lui-même en scène et par le fil du destin à évoquer sa maladie, la sclérose en plaque. D’une manière frontale, il l’évoque sans mensonge ni pathos avec toujours ce lien fort unissant travail et être profond. Par ce mouvement autobiographique, il a marqué directement ou indirectement le monde de la bande dessinée et particulièrement des auteurs de l’Association. Si l’on peut discuter de la naissance de l’autobiographie BD en France, une chose est certaine : elle doit beaucoup à Mattt Konture.  Mais, tout cela semble le dépasser un peu ou du moins n’en fait-il pas une montagne. On le voit, 20 ans après la création de l’Association alors que de nombreux petits camarades sont allées vers les cieux plus chauds de la BD mainstream, continuer de travailler dans le milieu underground. Fils spirituel et indirect d’un Robert Crumb, il fait ses fanzines, de la musique, se déplace dans les petits festivals, travaille avec des jeunes et les aide à porter leurs projets. On pense par exemple au collectif En Traits Libre dont Kristophe Bauer, dessinateur de Sentinelles de l’Imaginaire fait partie. Sous les yeux du spectateur, Mattt Konture apparaît comme un géant. Mais l’important n’est pas là. L’important est de continuer… toujours…

Comme une absence

Au-delà de l’artiste en lui-même, le film de Francis Vadillo montre en filigrane cette rupture qui s’est créée depuis quelques années dans le milieu de la BD. Alors qu’on s’évertue souvent à parler de la bande dessinée comme d’un média unitaire, on comprend rapidement toutes les dissensions au sein des différents mouvements qui l’animent. Après tout, la BD est maintenant considéré comme un art à part entière – enfin la plupart des gens le reconnaisse aujourd’hui – pourquoi serait-il différent des autres ? Qu’est-ce qu’il le rendrait différent ?  Ce qui frappe dans ce film c’est justement l’absence des grandes figures historiques et ancien partenaires de l’auteur Mattt Konture. Vous ne verrez jamais Trondheim ou David B., ni même des auteurs apparentés comme Sfar qui a pourtant connu des moments de gloire avec ses fameux carnets (tiens de l’autobiographie justement). En revanche, on verra Jean-Christophe Menu et sa parole toujours très marquée. Le film se déroule au moment des 20 ans de l’Association et justement ces absences font un peu mal et témoignent très indirectement des évolutions de la BD depuis 20 ans. Quelques mois plus tard, c’est la crise chez l’éditeur historique de la BD alternative… Finalement, Mattt Konture semble être un catalyseur d’une forme qui reste et restera très expérimentale et rejette toute facilité, une sorte de bohème du 9e art. Sur IDDBD, on a une tendresse particulière pour les Artistes. A travers son parcours, on ressent les évolutions de la bande dessinée underground (bien plus qu’alternative) depuis les années 80. Bref, ce film propose un point de vue intéressant pour les amateurs de 9e art. Les profanes seront peut-être un peu perdus dans les méandres de ce portrait singulier. Je regrette juste une forme cinématographique parfois un peu sage, j’aurais aimé quelques surprises à la hauteur du personnage principal. Mais après tout, c’est un format télévision. Faudrait pas trop faire peur au spectateur non plus ! Malgré cela, j’insiste sur la qualité du documentaire et sur le beau regard posé par Francis Vadillo sur cet artiste attachant. Petit post-scriptum à ma chronique : comme je vous l’expliquais, Kristophe Bauer travaille avec Mattt Konture dans En Traits Libres. Juste pour vous signaler la sortie d’un nouveau numéro Des Sentinelles de l’Imaginaire (nos premières chroniques ici). Je m’excuse car j’ai reçu le n°4 il y a déjà quelques mois et je n’ai pas pris le temps de faire un billet. En revanche je l’ai lu et ça s’améliore encore ! Bravo à eux et bonne continuation ! A voir : l’allèchant coffret Film + Comixture sur le site de l’Association Les premières minutes du film Mattt Konture – L’éthique du souterrain from Pages et Images on Vimeo.

Mattt Konture : l’éthique du souterrain un film de Francis Vadillo Production : Pages & Images / France Telévision 64mn, 2010

Bibliothèques, Chroniques BD, Chroniques Cinéma, Mini-chronique

Mini-chronique | Le libraire de Belfast à la BPI

Amis parisiens, vous avez bien de la chance ! Jeudi 16 mai à 20h la BPI projette dans le cadre de son cycle sur l’imaginaire des villes, le très bon film documentaire Le libraire de Belfast de la réalisatrice Alessandra Celesia.

Ce film est bien plus qu’un portrait d’un vieux libraire nord-irlandais à la retraite. C’est celui de toute une communauté à la fois excentrique et terriblement touchante : un jeune rappeur à l’accent trop marqué, un punk dyslexique amateur d’opéra, une serveuse cherchant à percer dans la chanson…

Dans ce film choral, les sensations et les éléments s’enchainent et se contredisent. Alessandra Celesia filme une communauté d’exclue d’une modernité réservée à des privilégiés. A la place, solidarité, simplicité, écoute, vivre ensemble… Tous ces mots et toutes ses valeurs transparaissent durant 52 minutes.

Les valeurs, ce vieux libraire en a tant à transmettre alors il parle, de lui, de sa vie, de son plaisir charnel du contact avec le livre, de son esprit commercial qui ne l’a pas aidé à devenir riche. Sur son visage, le temps qui passe. Et en filigrane, avec l’écho des paroles de ses amis, la présence de cette ville, immuable et forte, pesante, avec son histoire furieuse.

Voilà, ce film c’est un peu ça et beaucoup d’autres choses. Si vous avez l’occasion de le voir, à la BPI ou dans les collections de n’importe quelle bonne bibliothèque, n’hésitez pas ! 50 minutes de très bon cinéma.

Plus d’info sur l’image ci-dessous et sur le site de la BPI.

 

Le libraire de Belfast
un film documentaire d’Alessandra Celesia
Production : Zeugma Films, 2012
54min, VOSTFR

A voir : la bande annonce sur le site de Zeugma Films

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