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Mini-chronique

Mini-chroniques | Saucisse, patrimoine, rail et goodbye…

Quelques jours avant Noël, je vous propose une petite série de mini-chroniques, comme ça, sans prise de tête, juste histoire de se faire une petite synthèse de mes dernières lectures. J’ai lu beaucoup de choses mais pas forcément de quoi en faire une chronique intéressante… positive ou négative. Bref, rien qui me permettent d’argumenter un peu.

Du patrimoine en BD

On commence avec Les mystérieux mystères insolubles de Grégoire Kocjan (scénario) & Julie Ricossé (dessins) chez Les ateliers du Poisson soluble publié en 2014.

Cette série en 6 volumes (j’ai reçu les volumes 5 & 6 en service presse) propose de suivre les aventures des agents de la ZIZEMPC (Zorganisation Internationale et Zecrète des Enfants qui en ont Marre d’être Pris pour des Imbéciles) dans des enquêtes étranges à travers le patrimoine de la région Centre. Oui, ça ressemble bien à une commande. Les deux volumes que j’ai eu entre les mains ont pour cadre la ville de Blois et à la Cathédrale de Chartres.

Je dois avouer que je suis assez mauvais client de ce type d’ouvrage pédagogico-ludique. En général, ils sont assez mal fait. Sous couvert d’aventure, on nous propose des un discours bourré de poncifs et pénible comme la pluie. Dans le cas de cette série, je dois avouer que j’ai été plutôt agréablement surpris par les premières planches. Une histoire dynamique qui ne s’essouffle pas, un humour léger qui devrait plaire au plus jeune, quelques clins d’œil. Bref, ça s’assume.

De plus, l’éditeur a eu la bonne idée de proposer un format oblong assez surprenant avec une partie « histoire/BD » en haut et une bande « pédagogique/exposé photo » en bas. Un choix qui n’alourdit pas l’histoire et qui permet d’intégrer des éléments culturels intéressants. On peut facilement lire la partie BD et revenir plus tard à la partie photo et réciproquement. Côté graphisme, j’ai trouvé le dessin et le découpage plutôt intéressant, même si parfois un peu inégal sur certaines planches.

Cependant, le gros problème de cette série est la chute de chaque histoire. Pour les deux albums, j’ai eu deux fois la même réaction : une frustration devant l’impression de fin bâclée. Grégoire Kocjan arrive à nous emmener avec lui mais terminent son histoire en 2 planches quand il en aurait fallu 5 ou 6 de plus. Pour une fois qu’une série pédagogique pouvait s’avérer pas trop mal réussie, elle est gâchée par un final peu enthousiasmant. Je le répète, c’est vraiment dommage.

Boucherie, cocufiage et bande dessinée

On continue avec Crève saucisse de Simon Hureau au dessins et l’incontournable Pascal Rabaté  au scénario. Je n’oublie pas Claire Champion aux couleurs. Album publié en 2013 chez Futuropolis et qui avait fait un petit peu parler de lui à l’époque.

Si je pouvais résumer cette histoire en une phrase je dirais : il s’agit du récit de la vengeance d’un boucher cocu fan de BD. Et oui, tous les éléments sont importants.

Rabaté est vraiment un maître dans l’art de raconter les drames des gens du commun. Avec lui, pas de milliardaires bondissants ou de super-héros volants, Crève saucisse est le récit simple et déchirant d’un basculement d’un homme. Il met en scène un personnage particulièrement touchant. Un homme normal qui perd pied par trop de souffrance. Sa psychologie est remarquablement mise en place jusqu’au moment où… C’est subtil, simple mais subtil.

Côté graphisme, je ne suis pas un très grand fan du travail de Simon Hureau. C’est peut-être pour cela que je ne suis pas complètement entré dans cet album. En fait, je reste totalement hermétique  à son dessin car j’ai tendance à me perdre dans ses traits très compacts. Toutefois,  la couleur de Claire Champion réussit à rendre l’ensemble plus visible pour moi. Cependant, je trouve que le lien ne se fait pas vraiment avec le scénario.

Au final, un album à découvrir si vous aimez les drames sociaux… mais seulement si le dessin de Simon Hureau vous convient.

Cataclysme documentaire

Santetsu : 11 mars 2011 – Après le cataclysme de Koji Yoshimoto revient sur le drame japonais de l’année 2011.

Tout le monde connaît les conséquences du séisme qui a eu lieu au large du Japon en 2011. Les images du Tsunami qui ont ravagé l’archipel nippon ont fait le tour du monde. Sans parler de Fukushima. Dans ce cadre, la ligne de chemin de fer Sanriku, célèbre au Japon pour son charme, fut complètement ravagé par la catastrophe. Sorte de lien social pour toute la communauté, les ouvriers du rail ont décidé de la remettre en marche le plus rapidement possible. Ce manga-documentaire créé à partir de témoignages récoltés parmi les cheminots et les habitants racontent cette histoire.

Comme souvent après les drames, les créateurs s’approprient les histoires et les réutilisent pour raconter les évènements de leur point de vue d’artiste. Cinéma, littérature, bande dessinée, peinture, etc… Les œuvres sur le drame japonais ne manquent pas depuis 2011.Ici, Koji Yoshimoto, qui se met d’ailleurs lui-même en scène dans son manga, raconte la longue remise en marche d’un petit train. On ne peut qu’admirer cette solidarité et ce courage devant l’adversité. Peu de plainte, beaucoup d’action, de générosité et de patience. Les différents récits sont des exemples pour nous tous.

Côté artistique, je regrette juste le manque de créativité. C’est très classique, trop classique pour éveiller autre chose que de l’intérêt pour les histoires racontées. De plus, même si je ne suis pas d’une exigence folle avec les mangakas j’ai peu apprécié les dessins. Disons que c’est parfois à la limite du rétro, genre manga classique des années 70-80. Je n’ai rien contre ce style, mais en 2014…

Si on n’est pas trop exigeant sur la forme, le fond est vraiment à découvrir

Salut les artistes !

Pour finir, l’ultime volume de Bakuman de Obata et Obha chez Kana.

Ce n’est pas vraiment une chronique, même mini, mais plutôt un hommage à une shonen-manga qui se termine. Un manga sympa qui m’a tenu en haleine jusqu’au bout malgré ces 20 volumes. Beaucoup d’énergie et de qualité chez ces deux auteurs habitués au haut du panier (Death Note notamment…). J’en ai déjà suffisament parler pour ne pas revenir dessus. Vous pouvez retrouver nos chroniques.

Bref, un manga à découvrir pour découvrir d’une manière romancée (et un peu romantique) l’autre facette de la vie des mangakas !

Chroniques Cinéma

Chronique | Mur (Simone Bitton)

Une méditation cinématographique sur le conflit israélo-palestinien proposée par une réalisatrice qui brouille les pistes de la haine en affirmant sa double culture juive et arabe. Le film longe le tracé de séparation qui éventre l’un des paysages les plus chargés d’histoire du monde, emprisonnant les uns et enfermant les autres (synopsis producteur).

Note de début de chronique : Voilà ça commence ! Je vous avais parlé de changement, le plus éclatant étant celui-ci : IDDBD parle cinéma. Écrire sur le cinéma, c’est une première pour moi alors soyez gentil de ne pas être trop exigeant sur la forme. Nous en reparlerons quand nous serons à plusieurs centaines de chroniques. Pour l’instant, il faudra se contenter de ça.

Mur est un film documentaire mais le cinéma documentaire qu’est-ce que c’est ? Un reportage comme à la télé ? Non, pas vraiment. Ici, l’approche est celle d’un cinéaste, pas celle du journaliste. Si le journaliste démontre à coup d’interview, d’images d’archives, parfois de caméra cachée pour répondre à une question centrale, le cinéma documentaire (appelé aussi Cinéma du Réel ou Documentaire de création) est un regard posé à un instant T sur une situation. Bien souvent le déroulé du film suit la réalité et le réalisateur travaille « sans filet ». Il filme sans savoir ce qui se passera : la réalité s’impose et le documentariste travaille avec cette matière brute pour en faire son œuvre. Simone Bitton est franco-israélienne et revendique sa double culture juive et arabe. L’idée de ce film est venu en 2002 quand à la télévision, le ministre Israéliens de la défense a présenté ce « mur » comme une solution aux problèmes de la violence.

Il serait mal venue de na pas qualifier le film de Simone Bitton d’œuvre. Elle ne n’est pas seulement contenté de poser sa caméra et d’interviewer les gens. Son film est marqué par une recherche esthétique constante. Sur des musiques alliant tradition juive et arabe, de longs plans séquences montrent ce pays magique. Mais une image, symbole du film, frappe les esprits : un village sur les collines au loin, paysage magnifique et soudain des morceaux de mur qui se posent peu à peu, envahissant progressivement l’image jusqu’à remplir l’horizon de gris. C’est à la fois très simple et bien plus compliqué qu’il n’y paraît.

Outre ses longs plan séquence, la réalisatrice offre la parole aux gens du peuple. Scène ouverte, sans questions, juste une écoute de témoignages de ceux qu’on n’entend pas assez souvent. Ce ne sont pas des politiciens, ni des militants, juste des personnes comme vous et moi : habitants de Jérusalem ou de ses environs, psychiatre dans la bande de Gaza, ouvrier arabe du chantier de construction (notons l’ironie de la situation), habitant d’un kiboutz… israeliens et palestiniens mélangés. Ces personnes vivent le murs au quotidien, sa construction et les conséquences. Certains vivent près de ce mur, les autres le construisent, certains même l’ont pensé. Mais pas de discours extrémistes, simplement un constat :  l’inutilité de cette barrière. Le puzzle que forme ces témoignages est accablant. D’un côté, celui des juifs, on ressent cette peur constante de l’instabilité qui les pousse à chercher à se défendre jusqu’à s’enfermer et enfermer l’autre. On se prête alors à penser que la peur est bien mauvaise conseillère.  De l’autre, celui des arabes, on perçoit ce sentiment d’injustice et d’incompréhension quand le mur sépare les terres cultivées des cultivateurs, quand les personnes doivent parcourir plusieurs kilomètres à pied pour aller travailler, quand les citoyens israéliens n’ont plus le droit d’entrer dans les villages arabes. Chacun est sur ses gardes, chacun regarde l’autre et le dialogue semble presque impossible. Réalité du lieu, la plupart des témoignages se font en voix off. Peur de représailles ?

Finalement, le film montre toute l’absurdité d’un tel choix. Poreuse, cette barrière l’est assurément. Elle n’empêche ni la peur, ni la frustration de passer. Seul le dialogue et la rencontre se meurent, emprisonnant les uns, enfermant les autres… Et la Paix dans tout ça ?

Pour rebondir : comme la BD n’est jamais très loin je vous invite à découvrir l’album Faire le mur de Maximilien Le Roy (avec une préface de… Simone Bitton). Je laisse Mo’ ,  ainsi que Lunch et Badelel vous en parler avec leur brio habituel.
Vous pouvez également vous pencher sur la chronique d’IDDBD de Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden

La Bande annonce

Mur, un film de Simone Bitton, 2004, 1h29min

Festival de Cannes: Sélection officielle Quinzaine des Réalisateurs
Festival International FIDMarseille: Grand Prix
Festival de Sundance: Prix spécial du Jury
Festival du Nouveau Cinema de Montréal: Prix ONF du Meilleur Documentaire

Chroniques BD

Chronique | Village Toxique

Scénario Grégory Jarry
Dessins Otto T.
Editions FLBLB & Le Nombril du monde (2010)
Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : Une bonne acquisition. Dans la lignée de leurs albums précédents (13€)

Il ne faut prendre les gens pour des c… (mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont)*

En 1987, l’état français avait sélectionné d’un commun accord avec lui-même 4 sous-sols afin d’accueillir les déchets nucléaires (et juste un peu radioactifs) générés par les centrales nucléaires. Comme par hasard – ce petit malin faisant toujours bien les choses – ces 4 régions étaient plutôt du genre rurales, en théorie pas trop habituées au grand charabia politico-financier… pour ainsi dire des péquenots. Oui mais, comment dire ? Il y eu comme un caillou dans le chabichou pour les grands penseurs technocrates. Dans les Deux-Sèvres – et les autres départements d’ailleurs – les « paysans » n’étaient pas tout à fait prêt à se laisser faire. Et c’est ainsi que la lutte commença…

Nous avions quitté Grégory Jarry et Otto T. après La Conquête de Mars, une réécriture ucrhonique de l’histoire où les nazis partaient vers la planète rouge. Avant cela, nous les avions découverts avec une ré-interprétation tout aussi comique de la Petite histoire du Grand Texas. Aujourd’hui, c’est toujours avec un style et un humour propre à leur duo que nous les retrouvons dans un livre à mi-chemin entre la pochade grinçante et le documentaire cynique…

Grégory Jarry et Otto T. jouent toujours sur ce décalage constant entre un petit texte court, documenté, descriptif, quasi-journalistique (le narrateur de Village Toxique est Yves Mourrousi c’est dire !) et ce dessin dynamique, réduit à la portion congrue (des ronds, quelques traits par-ci par-là) mais toujours très expressif.  On pourrait se dire : « oui bon maintenant on connaît ça va hein ! » et bien non ! Ca marche toujours. Plus on avance dans le récit, plus les textes deviennent précis et plus les dessins partent en vrille. Ce fossé est le moteur de cet humour à part.

Mais il ne faut pas s’y tromper car sous un masque bon enfant, cet album aborde des thèmes dépassant l’histoire principale. Village Toxique est un livre politique, au sens le plus noble du terme, sur des notions comme l’engagement, le respect de l’autre, l’écoute, le partage, le devoir citoyen. Cette histoire d’éleveur de chèvres (ou de petits ouvriers) s’élevant contre les plus hautes autorités de l’Etat a des airs de Robin des Bois. Il faut l’avouer on aime bien prendre le parti du soi-disant plus faible. Cependant, cet album se veut engagé ET didactique. Ici, les traits d’humour ne sont jamais gratuits et les flèches font mouche mais elles sont surtout décochés avec le travail documentaire et le talent nécessaire pour toucher la cible. Au bout du compte, même si parfois c’est un peu jaune on sourit beaucoup et on s’attache à ces gens comme s’ils étaient nos voisins (surtout que pour ma part c’était le cas).

Bref, encore une fois, les deux lascars des éditions FLBLB ont réussi leur coup : mettre le doigt sur une histoire qui a fait mal aux uns (les politiques) et montrer la grande solidarité des autres. Seul bémol, le nouveau format « album classique » que je trouve moins pertinent que leur petit format à l’italienne. Mais peu importe, en format à l’italienne, en classique, sur des pages des 3x3m ou sur écran, nous vous conseillons de lire ce très bon album. Un album rappelant aussi que la lutte pour vivre librement dans un monde sain n’est jamais terminée.


A découvrir :
le site des éditions FLBLB (retrouvez les dates de dédicaces)
A découvrir : le spectacle du conteur Nicolas Bonneau tiré de cette histoire
A lire : la page consacrée au livre sur le site de Sortir du nucléaire
A lire : la chronique de Sceneario.com

ps : le titre est une citation tirée d’un sketch des Inconnus (on a les références qu’on peut, hein !)

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