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Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Chronique | Cœur de Pierre (Gauthier & Almanza)

Il est né avec un cœur de pierre, elle, avec un cœur d’artichaut… (Synopsis éditeur)

Dans ce présent billet, je souhaitais rendre hommage
A l’écriture poétique de Séverine Gauthier
Qu’elle m’excuse par avance pour les futurs dommages
Et l’écrasement naïf de ses si jolis pieds

Bercé par un élan d’enthousiasme certain
cet album-là ma foi, a bien tout pour me plaire
Il surnage au milieu de ces vagues embruns
de BD jeunesses qui souvent m’indiffèrent.

Au milieu d’une biblio de mon quartier,
je l’ai vue exposé dans sa belle couverture.
Je m’en saisi aussitôt et d’un pas assuré
M’en allait tout gaiement vers sa saine lecture

J’avais entrevu un dessin en rondeur
Qui dès les premières planches se confirma.
Admirant tout autant ses belles couleurs,
j’aimais le travail de Monsieur Almanza

Contant les amours naissants de trois petits cœurs
Le texte était fort simple et touchant à la fois.
D’inspiration rappelant une Mécanique du cœur,
il faisait battre un rythme en tout point délicat

Pas d’excès de paroles dans des phylactères
mais une vraie osmose entre forme et histoire.
Qui malgré des thèmes parfaitement sévères
Saisit le sentiment et notamment l’espoir.

Balancé entre des cœurs d’or et de pierre
On s’identifie, on pleure et on s’inquiète.
Dans cet univers où ombre et lumière
aime à jouer ensemble jusqu’à perdre la tête.

Voici donc mon conseil à toi, ami lecteur :
Oublie donc ce billet qui vaut bien qu’on l’enterre
mais garde les noms de ces très bons auteurs
Gauthier, Almanza et leur Cœur de Pierre.

 

A découvrir : le blog de Séverine Gauthier

Cœur de pierre (one-shot)
Scénario : Séverine Gauthier

Dessins : Jérémie Almanza
Edtions : Delcourt (Jeunesse), 2013

Public : Tout public
Pour les bibliothécaires : Indispensable !

Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Chronique | Boule à Zéro T.1 (Serge Ernst & Zidrou)

Comment aborder des sujets difficiles comme la mort ou la maladie quand ils touchent les enfants ? Avec gravité à la manière d’un Cyril Pedrosa ou avec légèreté ou humour comme dans Boule à Zéro. Pari risqué pour le duo Ernst et Zidrou.

Je vous parle d’un temps…

Je crois que je vieillis. Au temps de ma splendeur, jamais au grand jamais je n’aurais enchaîné deux véritables chroniques sur des albums jeunesses. Ou alors c’est la faute de ma douce, bibliothécaire jeunesse de son état, qui m’influence un peu trop dans mes lectures ces derniers temps. Non, j’aime à croire que c’est un hasard qui m’a poussé à ouvrir cet album. Pourtant, graphiquement il baigne dans l’esprit « BD-à-papa » des années 80-début 90. Genre qui m’attire de moins en moins. Même les pseudos de ses auteurs ont un petit goût de madeleine de Proust rappelant l’époque où je lisais les albums Dupuis avec la liste des séries classées par héros à la fin des albums. Entre Tif et Tondu, Poussy, Yoko Tsuno… à l’époque les Tuniques bleues n’avaient qu’une petite dizaine de tomes. Je vieillis, vous dis-je !

Et pourtant, nous sommes pas chez Dupuis mais chez Bamboo. Là encore, vous m’auriez dit il y a quelques années que je ferais des éloges à un album de cette maison d’édition… Mais là, il faut reconnaître le très bon choix de cet éditeur. Soyons honnête et reconnaissons notre mauvaise foi légendaire.

Mais revenons au dessin car Ernst s’inscrit directement dans la mouvance graphique de cette époque plus ancienne par son classicisme absolu dans l’imaginaire humoristique de la BD franco-belge. Même si au premier abord je ne suis plus vraiment amateur de ce genre de dessin, je dois reconnaître son efficacité et surtout la stabilité qu’il apporte dans une histoire tout à fait particulière par son thème et la manière de l’aborder.

Urgences (sans George mais le cœur y est…)

Durant le premier volume de cette série, nous rencontrons une petite héroïne bien particulière. Elle s’appelle Zita, dite « Boule à Zéro ». Cette fille de 13 ans vit à l’hôpital La Gaufre depuis plusieurs années car elle est atteinte d’une leucémie. Ouah ! Mais dans les bandes dessinées de ma jeunesse, les héroïnes étaient toujours fraîches et en forme ! Elles gambadaient dans des petites robes (ou en scaphandre spatial), elle attrapait un méchant, rarement un rhume et au grand jamais une maladie grave.

Quand je vous disais que le scénariste prenait des risques.

Ici, Zita est chez elle. Elle connaît tout le monde et tout le monde la connaît. Ses amis, tous malades également, portent tous des surnoms amusants (Supermalade qui a une maladie rare, Wilfrite le grand brûlé, Puzzle…). Cette année, Zita fête ses 13 ans et parcourt l’hôpîtal entier pour distribuer ses invitations pour sa fête d’anniversaire. Prétexte entendu pour nous faire découvrir le petit monde de l’hôpital, véritable ville dans la ville, et surtout pour enchainer gags et bons mots à la vitesse de l’éclair. Il y a du rythme, on se laisse porter car cette bande dessinée destinée à un jeune public est une vraie réussite. Comme vous avez pu le constater son histoire est très simple et tiens surtout sur le personnage de cette petite fille malade à la fois joyeuse et tourmentée, vivante et pourtant proche de la mort (d’ailleurs la lettre d’introduction à Madame la mort est magnifique). Cette petite Zita, on l’aime pour son caractère et son inventivité. Elle représente bien cette communauté.

Car, ce qui frappe dans Boule à Zéro, c’est cette énergie et cet espoir qui en émanent. Il y a une forme d’attitude positive en même temps qu’une vigilance de tous les instants. Non, ce n’est pas rose mais il y a de la joie quand même. Le message est positif car au-delà de la maladie et de la mort, c’est l’amitié, l’amour, le rire, bref la vie qui ressortent. Zidrou, connut surtout pour son élève Ducobu (et les Crannibales) montrent toute l’étendue de son talent de scénariste dans ce premier volume.

Sélectionné dans les albums de l’été par l’ACBD en 2012, on devrait retrouver Boule à Zéro dans la sélection jeunesse d’Angoulême. Pour moi, un album jeunesse incontournable. Un vrai coup de cœur !

Boule à Zéro, T.1 Petit coeur chômeur (série en cours)
Scénario : Zidrou
Dessins : Serge Ernst
Éditions : Bamboo, 2012

Public : Jeunesse… et adultes
Pour les bibliothécaires : Incontournable. Un album qui dérangera certainement plus les parents que les enfants. A lire et faire lire.

Bibliothèques

Chronique | Daddy’s Girl (Dreschler)

Lily est un ado américaine. Elle a deux sœurs, des parents, vit sa petite vie d’ado américaine moyenne. Seulement quand la nuit tombe et que tous dorment dans la maison, son père se glisse dans sa chambre. Lily doit devenir alors la « gentille  fille à son papa »…

Dire et montrer

Debbie Drechsler est une artiste touche-à-tout, peintre, graphiste, maquettiste, illustratrice et parfois, auteure de bande dessinée. Daddy’s girl est un recueil d’histoires paru initialement dans plusieurs revues américaines entre 1992 et 1996. C’est donc un travail sur le long terme pour l’auteur de Summer of love (également chez L’Association) mais surtout un travail de mémoire. Car, si tout n’est pas autobiographique, les événements racontés ici sont largement inspirés de son histoire personnelle.

Dans la bande dessinée, les malheurs de l’enfance ont parfois été abordés de manière très indirecte par de jolies allégories ou des métaphores bien choisies. Je pense par exemple aux Trois Ombres de Cyril Pedrosa. Or, dans le cas de Daddy’s Girl, il n’y a justement pas de chemins détournés. Frontal et rude, aussi présent que ce père dans la chambre de sa fille, nous entrons dans le vif du sujet dès les premiers instants par cette histoire introductive Visiteurs dans la nuit aux pages crument violentes. Le graphisme choisi est tout sauf académique. Il est sombre et torturé, tout sauf « beau ». Et heureusement. En effet, il ne faudrait pas lier ce qui est de la perversion érotique comme peuvent l’être les travaux d’un Manara par exemple, à cette machine infernale de domination et de violence. Ici les formes du corps sont absentes ou déformées, les visages serties de lèvres surdimensionnées, le travail du noir – malgré quelques histoires en couleur ou bichromie – rend à chaque fois l’atmosphère lourde. Rien n’est serein dans cet univers. Mais cela n’empêche pas un sens de la composition et du cadrage intéressant qui donne une véritable dynamique à un dessin que l’on pourrait faussement croire figé.

La mécanique du pire

En suivant le personnage de Lily sur plusieurs années, nous découvrons au gré des histoires le phénomène et son fonctionnement : la solitude de la victime, l’angoisse de la découverte, son sentiment de culpabilité et surtout l’abominable normalité de son bourreau. Car si le père n’est pas omniprésent dans ce récit, sa figure est celle d’un homme plutôt simple. On l’imagine aisément jouant son petit rôle d’américain moyen dans sa communauté, lisant son journal le matin, faisant l’aumône aux pauvres. Qui pourrait dire qu’il viole sa fille dès qu’il est seul avec elle ? Personne. Et sans même chercher à faire passer ce message, Debbie Dreschler laisse une marque dans nos esprits. Le masque ordinaire de la cruauté. Certaines histoires sont particulièrement révélatrices comme, par exemple, celle des premières relations amoureuses entre Lily et un garçon. Relation qui est évidemment assez mal vécue par le père. Celui-ci lui rappelant sans cesse qu’il sera toujours le seul et unique homme de sa vie. On est ici dans la manipulation et le lavage de cerveau le plus pervers.

La grande force de cet album est de ne pas se refermer sur le seul point de vue de l’inceste. Par le format d’histoires courtes, Debbie Drechsler s’offre la possibilité d’aborder la vie de Lily sous divers aspects et même parfois sous l’angle d’un autre personnage. Ainsi, on voit la jeune femme se forger par delà son malheur, rencontrer d’autres personnes, découvrir d’autres horizons. Le lecteur peut ainsi percevoir les évolutions de l’héroïne et voir comment cette dernière grandit malgré cette menace et ce lourd secret difficile voire impossible à partager, excepté avec son journal intime… ou en la dessinant sur des planches de bandes dessinées quelques années plus tard.

Œuvre forte abordant un sujet difficile et complexe, Daddy’s girl est le récit d’une âme violée, déchirée par l’enfance mais qui malgré tout réussi à se relever. Un message dur, parfois difficilement soutenable mais qui cherche à montrer que les solutions sont possibles. A lire, à faire lire, à recommander pour que ce message passe enfin.

A lire : l’interview de Debbie Drechsler et la chronique de cet album sur du9
A lire : la très bonne et très fine analyse sur leblog « Les lectures de Raymond »
A noter : Cette chronique s’inscrit dans le Reading Comics Challenge de Mister Zombi. Option « A mort les super-héros » encore une fois…

scénario et dessins : Debbie Drechsler
Editions : L’Association (1999)
Collection : Eperluette
Edition Originale : Fantagraphics Books / Drawn & Quaterly (1992-1996)

Public : Adulte / ados prêt à lire ce genre de livres
Pour les bibliothécaires : Oeuvre sans doute pas assez connu d’une auteur de grand talent. A acheter.

Chroniques BD

Chronique | Dallas Cowboy

scénario et dessins : Manu Larcenet
Éditions : Les Rêveurs (1997)
Collection : On Verra bien
Public : Adulte
Pour les bibliothécaires : Important pour une bédéthèque de grande taille, plus anecdotique pour les moyennes, à oublier pour les petites.

« la nuit, il se passe des trucs étranges »

Au départ, j’avais envie de faire une chronique du second volume de Blast. Puis, j’ai lu les nombreuses critiques qui ont déjà été faites un peu partout. La plupart sont, à juste titre, dithyrambiques et beaucoup de belles analyses ont rendu hommage à une série qui, c’est mon humble avis, confirme mon impression initiale. Blast marquera pour très longtemps l’œuvre de Manu Larcenet.

Ainsi, plutôt que de répéter des choses qui ont déjà été évoqués en mieux, je préfère consacrer ma chronique (et mon temps qui vaut ce qu’il vaut mais quand même) à un album qui date de 1997. Le siècle dernier donc. C’était bien avant la reconnaissance du grand public avec Le Combat Ordinaire ou le Retour à la terre. Il date d’une époque où Blast n’aurait pu sortir chez un éditeur comme Dargaud et où Larcenet était en froid avec les indépendants. La solution était toute trouvée, publier soi-même ses livres.

Dallas Cowboy fait donc partie des premiers titres parus chez Les Rêveurs (de runes à l’époque). Dallas Cowboy, L’artiste de la famille, On fera avec, Presque… Dans ces premiers livres, Manu Larcenet adopte un ton très différent, en tout cas très différent des albums d’humour qu’il créé à l’époque. Introspectifs, ils sont à chaque fois des réflexions sur son passé, sa condition d’artiste, sur ce qui l’a marqué en tant qu’homme. On découvre avec étonnement un autre Larcenet, au trait sombre et charbonneux. Mais c’est surtout l’écriture de l’auteur qui frappe, cette plume qui lui permet de mettre les mots sur ses maux et de toucher avec justesse le cœur des événements et des lecteurs. Bien entendu, nous ne sommes pas encore au niveau de Blast.

Dans Dallas Cowboy, Manu Larcenet cherche le sommeil à l’heure où Juvisy se réveille. A la lueur des premiers rayons de soleil, il laisse aller son esprit, sa mémoire et ses angoisses. Et déjà les mots frappent : « Quand j’étais petit j’étais heureux ? Mmh… non… J’étais gros… déjà ! ». Oui, de là à franchir le rubicon de la comparaison avec Blast… Non sans moi. Alors , où le petit Manu arborant fièrement le T-Shirt des Cowboys de Dallas nous emmènera-t-il ? Loin, très loin dans l’esprit du personnage/auteur, entre le présent moite d’une chambre où le sommeil tarde à pointer et le passé ingrat fait d’humiliations et de souvenirs sombres. Ce court récit oscille sans cesse entre ces états et sont marqués par un changement de style graphique. D’un dessin gros pif proche de celui de Bill Baroud on passe à des masses noires formant des personnages aux traits cadavériques et des paysages inquiétants. Ici, seul le présent apparaît comme réel, le reste, le passé, n’est constitué que de figures floues et malsaines. Pour le lecteur, ce n’est pas facile d’être dans la tête de ce Manu Larcenet là. Il est sans concession et cherche à expliquer… Quoi ? La question est bonne. Elle est sans aucun doute le moteur principal de l’intérêt du récit. On ne pourra pas répondre, les albums de BD ne remplace pas une psychanalyse.

Soyons clairs. Ne cherchez pas dans cette chronique une tentative pour lier Dallas Cowboy à l’œuvre actuelle de Manu Larcenet. Cet album et les autres ne sont pas des prémisses à Blast, pas plus que ceux d’un Combat Ordinaire. Ils ne vous révéleront pas les clefs de l’esprit de Polza Mancini, pas plus que celui de l’auteur de ces magnifiques albums. Ils sont pourtant à mon avis, non pas essentiels, mais important pour comprendre et prendre la pleine mesure des évolutions d’un auteur devenu un incontournable. Pour détourner un peu la célèbre phrase de Mère Thérèsa : « ce ne sont que quelques page dans un livre mais si elles n’étaient pas là, elles manqueraient… »

A consulter : la fiche album sur le site des Rêveurs

A lire : la chronique (de 2006) de Mike consacré à Presque… D’ailleurs il rend hommage à un certain bibliothécaire

A voir : la vidéo d’Un Monde de Bulles consacrés à Blast et à Larcenet (entres autres)

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