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Chroniques BD, Mini-chronique

Mini-Chroniques | Bon vieux temps, dernière oeuvre, mangakas et bonhomme michelin…

Bonjour iddbdiens, iddbdéiennes. En ce moment, j’avoue être complètement à la ramasse sur l’écriture hebdomadaire de chroniques. J’ai des excuses faut dire… dont un projet professionnel dont je vous reparlerais dans quelques temps et qui impliquera sans doute le blog lui-même. Mais pour tout vous avouer, dans l’état actuel de mon cerveau, j’ai la pertinence de Suzy, 12 ans, dans l’approche critique de mes lectures et le niveau de Harold, 8 ans, dans ma rédaction de chronique. J’évite donc de me lancer dans de grande approche métaphysique et vous propose donc un billet de mini-chroniques, que dis-je, de micro-chroniques mêmes avec une approche simple mais efficace : Une partie = une chronique. Attention ça déchire… ou pas.

Petite histoire des colonies françaises (Otto T. & Grégory Jarry)

Faisant incontestablement partie des auteurs récurrents des chroniques d’IDDBD, nous sommes toujours heureux de vous présenter des œuvres d’Otto T. et Grégory Jarry (et non Alfred bougre de clavier qui tape sans réfléchir…). Le premier volume de cette série en 5 tomes date de 2006 et a fait découvrir ces deux auteurs au grand public, surtout lors d’une exposition qui lui fut consacré à Angoulême en 2012 et qui tourne toujours en France dans les médiathèques et autres centres culturels de bon goût. Plutôt habitués aux one-shot ou série très courte, voilà nos deux trublions de FLBLB qui se lance dans l’histoire ô combien révélatrice de l’Empire. Mais pas n’importe lequel. Celui de la France, le fameux pays des droits de l’homme et tout et tout…

Comme à leur habitude (cf les détails dans nos différentes chroniques de Petite histoire du grand Texas, La conquête de Mars ou Village Toxique), ils jouent constamment sur le décalage entre le dessin très stylisé d’Otto T. et le récit au ton d’universitaire en pleine gloire intellectuelle de Grégory Jarry. Résultat, il découpe avec gentillesse mais acidité les petites réalités de l’histoire de notre beau pays et de nous rappeler avec une certaine énergie les vertus positives de la colonisation (comme disait l’autre).

Si on peut reprocher un manque de renouvellement de la formule, on doit admettre qu’elle reste encore d’une grande efficacité. C’est drôle, décalé en plus d’être instructif car très bien documenté. A n’en pas douter, les cours d’histoire seraient moins rébarbatifs en compagnie de ces deux auteurs.

Une série qui fera bientôt l’objet d’une synthèse sur KBD.

Le vent se lève (Hayao Miyazaki)

J’avais prévu de faire une grande chronique pour évoquer l’ultime film du maître de l’animation japonaise. Une forme d’hommage. Mais le résultat elle était aussi pénible à écrire qu’à lire, trop de superlatifs.

Alors bon, à défaut de faire une vraie critique, je la fais courte. Ce que je pense de ce film ? Oui, assurément, Hayao Miyazaki est le plus grand. Et les plus grands savent se renouveler tout en maintenant leur propre univers. Ici, il signe un film d’un réalisme troublant, complètement ancrée dans l’histoire de son pays. Surprenant pour un homme qui a érigé son œuvre sur le fantastique. Mais le rêve n’est jamais très éloigné. Ce rêve, son héros va le poursuivre, malgré tout, au dépens des autres. Pour sa dernière œuvre, le créateur des studios Ghibli ouvre et ferme en même temps une parenthèse artistique riche et profonde. Sorte de testament artistique non avoué, Le Vent se lève n’a rien à envier dans sa mise en scène, dans ses dialogues, dans ses cadrages ou dans la profondeur de ses personnages au plus grandes œuvres des plus grands réalisateurs du 7e art… Qu’ajouter ?

Encore des superlatifs… et juste un merci.

Bakuman T16 et T17 (Obha & Obata)

Sans transition, souvenez-vous de notre chronique des premiers volumes de Bakuman. Le temps passe et je dois avouer que je suis toujours assez fan de ce shonen sur les coulisses de la création de manga. Après avoir dépassé la surprise et la découverte, la série a trouvé son rythme, ses personnages et gags récurrents. Un peu trop bavarde sur ces derniers volumes, on sent qu’il est maintenant le temps de conclure avec un ultime défi. La série, comme souvent avec ce genre de manga, commence lentement à s’essouffler. Heureusement, la série est terminée au Japon en 20 volumes. Suffisant pour terminer l’histoire en beauté.

Mais la question ultime reste en suspens, nos deux jeunes héros vont-ils réussir à atteindre leur rêve ? Devenir les n°1 et voir leur manga être adapté en série TV ? Nous avons bien une idée de la réponse mais… Bref, on attend avec impatience la fin.

Le Bibendum céleste (Nicolas de Crécy)

Option patrimoniale pour cette dernière micro-chronique d’une série phare de la Nouvelle BD. The chef d’œuvre de Nicolas de Crécy m’est retombé dans les mains il y a peu. Je ne me souvenais plus de cette ambiance si particulière et ce fut de nouveau un choc pour ce retour à New-York-sur-Loire.

Le Bibendum céleste nous plonge dans la folie pure des aventures d’un jeune phoque devenant la coqueluche innocente des hautes autorités pédagogico-culturelles de la ville. Un grand n’importe quoi où un mini-diable en salopette cherche à mener la danse sans pour autant être sûr qu’il tient la corde. Une histoire de fou pour les fous par un auteur au talent énorme qui a bien plus qu’inspiré Sylvain Chomet pour Les Triplettes de Belleville.

Je ne vous cacherais pas qu’il faut mieux être reposé pour apprécier à sa pleine mesure cette orgie graphique et narrative. Mais comme je l’écrivais à l’époque pour Journal d’un fantôme, Nicolas de Crécy est un auteur exigeant avec ses lecteurs. Bref, un livre monstrueux où l’absurde et la poésie est une norme artistique.

20 ans et pas une ride… à redécouvrir avec un plaisir de fin gourmet.

Chroniques BD

Chronique | Village Toxique

Scénario Grégory Jarry
Dessins Otto T.
Editions FLBLB & Le Nombril du monde (2010)
Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : Une bonne acquisition. Dans la lignée de leurs albums précédents (13€)

Il ne faut prendre les gens pour des c… (mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont)*

En 1987, l’état français avait sélectionné d’un commun accord avec lui-même 4 sous-sols afin d’accueillir les déchets nucléaires (et juste un peu radioactifs) générés par les centrales nucléaires. Comme par hasard – ce petit malin faisant toujours bien les choses – ces 4 régions étaient plutôt du genre rurales, en théorie pas trop habituées au grand charabia politico-financier… pour ainsi dire des péquenots. Oui mais, comment dire ? Il y eu comme un caillou dans le chabichou pour les grands penseurs technocrates. Dans les Deux-Sèvres – et les autres départements d’ailleurs – les « paysans » n’étaient pas tout à fait prêt à se laisser faire. Et c’est ainsi que la lutte commença…

Nous avions quitté Grégory Jarry et Otto T. après La Conquête de Mars, une réécriture ucrhonique de l’histoire où les nazis partaient vers la planète rouge. Avant cela, nous les avions découverts avec une ré-interprétation tout aussi comique de la Petite histoire du Grand Texas. Aujourd’hui, c’est toujours avec un style et un humour propre à leur duo que nous les retrouvons dans un livre à mi-chemin entre la pochade grinçante et le documentaire cynique…

Grégory Jarry et Otto T. jouent toujours sur ce décalage constant entre un petit texte court, documenté, descriptif, quasi-journalistique (le narrateur de Village Toxique est Yves Mourrousi c’est dire !) et ce dessin dynamique, réduit à la portion congrue (des ronds, quelques traits par-ci par-là) mais toujours très expressif.  On pourrait se dire : « oui bon maintenant on connaît ça va hein ! » et bien non ! Ca marche toujours. Plus on avance dans le récit, plus les textes deviennent précis et plus les dessins partent en vrille. Ce fossé est le moteur de cet humour à part.

Mais il ne faut pas s’y tromper car sous un masque bon enfant, cet album aborde des thèmes dépassant l’histoire principale. Village Toxique est un livre politique, au sens le plus noble du terme, sur des notions comme l’engagement, le respect de l’autre, l’écoute, le partage, le devoir citoyen. Cette histoire d’éleveur de chèvres (ou de petits ouvriers) s’élevant contre les plus hautes autorités de l’Etat a des airs de Robin des Bois. Il faut l’avouer on aime bien prendre le parti du soi-disant plus faible. Cependant, cet album se veut engagé ET didactique. Ici, les traits d’humour ne sont jamais gratuits et les flèches font mouche mais elles sont surtout décochés avec le travail documentaire et le talent nécessaire pour toucher la cible. Au bout du compte, même si parfois c’est un peu jaune on sourit beaucoup et on s’attache à ces gens comme s’ils étaient nos voisins (surtout que pour ma part c’était le cas).

Bref, encore une fois, les deux lascars des éditions FLBLB ont réussi leur coup : mettre le doigt sur une histoire qui a fait mal aux uns (les politiques) et montrer la grande solidarité des autres. Seul bémol, le nouveau format « album classique » que je trouve moins pertinent que leur petit format à l’italienne. Mais peu importe, en format à l’italienne, en classique, sur des pages des 3x3m ou sur écran, nous vous conseillons de lire ce très bon album. Un album rappelant aussi que la lutte pour vivre librement dans un monde sain n’est jamais terminée.


A découvrir :
le site des éditions FLBLB (retrouvez les dates de dédicaces)
A découvrir : le spectacle du conteur Nicolas Bonneau tiré de cette histoire
A lire : la page consacrée au livre sur le site de Sortir du nucléaire
A lire : la chronique de Sceneario.com

ps : le titre est une citation tirée d’un sketch des Inconnus (on a les références qu’on peut, hein !)

Chroniques BD

History of States

Petite histoire du grand Texas (textes de Grégory Jarry,  dessins d’Otto T., éditions FLBLB, 2005).

« Il est faux d’affirmer que le Texas n’est qu’une vaste et morne plaine. Au Texas, les plaines sont variées. Hautes plaines avec des rochers, basses plaines avec des étangs, moyennes plaines avec des cactus…«

La maison d’édition FLBLB nous offre ici un drôle de petit OBRI (objet bédéphilique rarement identifié) avec cette version non-officielle de l’histoire de cette belle et pacifiste région texanne. Voici une BD historique comme je les aime, sans format standard, sans récit calibré et surtout sans un dessin « copie conforme« .

Pour tout vous dire, Petite histoire du grand Texas est un pur moment de délire où l’histoire, revisitée sous

nos yeux, prend une réelle dimension comique. Jouant allégrement avec toutes les cordes de l’humour – décalage dessin/texte, répétition, cynisme à souhait, clins d’oeil, dérapage, anticipation – on sent chez Grégory Jarry et Otto T., un plaisir maximum à méchamment égratiner l’Etat de la famille B. (nous garderons leur anonymat pour éviter d’avoir les services secrets du Texas sur le dos). Plume assassine d’un côté, dessin épuré et efficace de l’autre, il n’en fallait pas plus pour faire passer le message. Le plaisir étant communicatif, on dévore avec joie ce gros pavé en format à l’italienne.

Cependant, n’allez pas croire que cet album n’est rien de moins qu’un catalogue de clichés. S’ils sont soumis à interprétation, les faits historiques relatés dans ces pages sont justes (n’étant pas historien, je n’irais pas jusqu’à l’affirmer). Le travail de documentation est à saluer. Mais Petite histoire du grand Texas reste avant tout une caricature jouant parfaitement son rôle. N’y voyez pas une américanophobie vulgaire – il y a bien trop de finesse d’esprit chez ces auteurs pour tomber là-dedans – mais plutôt une critique d’une certaine vision de l’Amérique.

Parfaitement maitrisé et ironique, le ton de ces deux auteurs fait vraiment mouche. On rit beaucoup et en refermant le livre on s’effraie quand même un peu en écoutant les actualités. A noter que l’autre série de Grégory Jarry et Otto T., Petite histoire des colonies françaises, est nominé pour les Essentiels d’Angoulême cette année. Beau travail messieurs et n’hésitez pas à toucher là où ça fait mal !

Je ne resiste pas à l’envie de mettre une musique en accompagnement de cette chronique.

A (re)voir : le site des éditions FLBLB (vous pourrez y découvrir une vidéo sur Petite histoire des colonies françaises) et la chronique d’été consacrée à cette maison d’édition.

A lire : des extraits sur le site de la Libraire Le Feu rouge à Poitiers ainsi que les biographies des deux auteurs.

A lire : la chronique sur le site Clair de Bulle

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