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Chroniques BD

Prophecy (Tetsuya Tsutsui)

Au Japon, la jeune et séduisante lieutenant Yoshino est à la tête d’une brigade de police spécialisée dans la cybercriminalité. Un jour, son équipe remarque une vidéo postée sur Youtube par dénommé Paperboy. Il y annonce des punitions à l’encontre de personnes amorales, toutes ont un point commun, leur histoire a fait le buzz sur internet. Après avoir pris les menaces de Paperboy avec légèreté, le lieutenant Yoshino comprend qu’il n’est pas qu’un simple excentrique derrière son écran.

Freeters mon héros

Freeters. Drôle de terme, non ? Ce mot venant de l’anglais « free time » (temps libre) et de l’allemand « frei arbeiter » (travailleur libre) désigne les jeunes travailleurs japonais cumulant les petits boulots et les situations précaires. Apparu à la fin des années 80, il évoque plus largement cette frange de la population japonaise qui, volontairement ou involontairement, s’est retrouvé exclue du fameux modèle nippon. Je vous invite à découvrir le très bon documentaire Tokyo Freeters de Marc Petitjean sur ce sujet. Dans ce film, nous découvrons les conditions de vie de ces jeunes. Exploités dans des petits boulots journaliers, souvent considérés comme des parasites, parfois sans domicile, ils hantent ces cybercafés où l’on peut, pour quelques heures, dormir, manger voire prendre une douche… Des endroits qui sont au cœur de l’intrigue des 3 volumes de Prophecy.

Extrait de Tokyo Freeters de Marc Petitjean

Car, au-delà des questions habituelles des thrillers sur l’identité ou le mobile du criminel, c’est surtout l’approche sociétale de Tetsuya Tsutsui qui présente ici un véritable intérêt. Un peu comme d’habitude serions-nous tentés de dire avec cet auteur. Outre les freeters – véritable objet de débats  au Japon – on retrouve dans cette œuvre ses thèmes habituels comme Internet, les technologies de la communication, la violence du système. Si ses personnages restent toujours des exclus prenant la place d’une société incapable de réparer ses erreurs, Tetsuya Tsutsui va cette fois-ci plus loin en dénonçant les dérives de ce monde de la communication. Grosso-modo, il met l’internaute, et souvent ses propres lecteurs car il est lui-même issu du monde du web, face à ses propres contradictions. Vous savez, le fameux web 2.0 qui, derrière les écrans et l’anonymat qu’ils procurent, balance en pâture les plus faibles, les plus maladroits et transforme les moutons en loups. Ainsi, Paperboy, son héros qui porte à la fois le titre de livreur de journaux (boulot de freeter par excellence) et du célèbre héros d’un jeu vidéo éponyme, joue avec eux, avec la rapidité de leur réaction et en profite aussi pour mettre en place un plan qui dépasse l’imagination des policiers qui le poursuivent.

Cependant, même si le scénario est plutôt bien construit, distillant peu à peu des informations, il n’en reste pas moins des plus classiques avec des forces de l’ordre qui ont toujours un coup ou deux de retard. Et c’est là que l’auteur déçoit le plus. Lui qui fut loué pour son indépendance et ses productions souvent décalées et sans concessions (cf Reset ou Duds Hunt), propose ici une histoire certes efficace mais intégrée dans un schéma trop bien établi. Il choque tout en restant politiquement correct, jouant parfois sur des clichés bien éculés (ah le fameux politicard gras et profiteur). Bref, malgré un sujet des plus pertinents, la prise de risque est minimum. Est-ce lié à l’entrée de l’auteur dans le sérail des grandes maisons d’éditions japonaises ? Je suis bien incapable de vous répondre. Cependant, au vu de l’historique de l’auteur, on pouvait s’attendre à mieux. Ici, on a juste une œuvre intéressante mais pas vraiment inoubliable.

Prophecy (3 volumes, série terminée)
Dessins et scénario : Tetsuya Tsutsui
Editions : Ki-oon, 2013

Public : ados, adultes
Pour les bibliothécaires : Pas génial mais l’avantage d’être une série courte et efficace

Chroniques BD

Tripes gratuites

Jackals (scénario de Shinya Murata, dessins de Kim Byunh Jin, éditions Ki-oon, 6 tomes parus série en cours)

Amandine, ancienne collègue et fournisseuse officielle de manga « que j’aurais jamais ouvert ça », me l’avait bien dit : « euh, je te préviens, c’est un poil bourrin… ». Pour le coup, Amandine, je crois que ton analyse est suffisamment fine pour t’offrir un poste de chroniqueur chez nous !

C’est vrai, Jackals, ce n’est pas du manga de sensibles. Ceux qui pleurent en se cassant un ongle (bon c’est vrai ça fait mal !) et n’aiment pas croiser les cadavres de hérisson sur la route au printemps risque de voir leur élan calmé dès les premières (en fait dès LA première) pages.

Jackals se passent à la fin du XIXe siècle à Cicero City, une petite ville (américaine ?) tenue par deux bandes rivales : le clan Gabriela (italiens ?) et le clan Tenmouren (chinois). Friedlich Town (la ville de la paix) est une zone neutre où l’affrontement fait rage, c’est également le lieu de prédilection d’assassins-mercenaires, les Jackals, qui louent leurs services aux plus offrant. Bien entendu, le héros principal de cette histoire est l’un d’entre eux : un dénommé Nichol « Alligator » Heyward. Ce surnom d’Alligator provient d’un héritage de sa maman, une espèce d’épée-hachoir-bouclier assez impressionnant.

Bien entendu, il n’est pas évident de « vendre » ce genre de manga. Oui, il y a des combats à chaque chapitre ! Oui, ça gicle ! Oui, les héros sont balèzes et courageux ! Oui, on trouve de grosses épées (et celles-ci sont sacrément énormes) Oui, oui, oui on est dans les codes d’un manga profilé pour un certain public. Mais, j’ai presque envie de dire… et alors ?
Peut-on faire une œuvre de qualité dans ce genre-là ? Oui bien entendu. Et Jackals en est la preuve. Outre les scènes d’action efficaces de plus en plus spectaculaires, le scénario est suffisamment étoffé pour susciter un autre intérêt que « celui qui a la plus grosse » habituel à ce genre de récit. Entre rebondissements, blessures et fantômes du passé, codes d’honneur et désir de liberté, la tension est palpable et on se retrouve surpris à attendre la suite des aventures de ces faux méchants héros. Reste à savoir ce qui est faux, le méchant ou le héros…
Pour ceux qui intéressent un peu aux jeux vidéo, Jackals est paru dans le magazine Young Gangan de Square Enix. SquareSoft étant l’éditeur de la série des Final Fantasy. Nichol et son pote Foa ne sont pas sans rappeler les héros principaux de la mythique saga où même si les grosses épées sont de rigueur, la qualité des scénarii n’est pas à démontrer.

Pour conclure, Jackals n’est pas à lire si vous souhaitez parler philosophie, littérature où amourettes de lycéennes. En revanche, si vous souhaitez de l’action, du combat et malgré tout un scénario tenant sur autre chose qu’un timbre poste, alors c’est pour vous, sans aucun doute !
On remercie tous Amandine pour ce bon conseil ! Allez, si, si, j’insiste !

Et promis, ma prochaine chronique sera plus calme !

A lire : 20 pages sur le site de manga sanctuary

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