Articles Tagged with

Wilfrid Lupano

Home / Wilfrid Lupano
Chroniques BD, Recommandé par IDDBD

Les vieux fourneaux (Lupano & Cauuet)

Antoine, Emile et Pierre sont de vieux amis, de très vieux amis, de très très très vieux amis même. Ancien syndicaliste, vieil aventurier ou anarchiste profond, ils ont tous les trois des personnalités et des caractères bien particuliers. A la mort de Lucette, la femme d’Antoine, ils se retrouvent après des années sans se voir… mais ce n’est pas l’unique évènement. En effet, un secret vieux de plusieurs dizaines d’années se révèle… et lance nos camarades sur les routes accompagnées de Sophie, petite-fille d’Antoine, enceinte… et qui a hérité du bon caractère de sa grand-mère (c’est de famille).

Retour vers le passé

Nous avions commencé l’année sur IDDBD en vous proposant mon coup de cœur pour de l’année 2013, le très bon Mon ami Dahmer de Derf Backderf. Pour la dernière chronique annuelle, on remet le couvert la série qui nous aura marqué en 2014 : Les vieux fourneaux de Wilfrid Lupano au scénario et Paul Cauuet aux dessins (et couleurs).

On entend ici et là que la bande dessinée d’humour classique pour adulte se perd. Convenu, facile, lourd sont des adjectifs qui reviennent souvent dans les discussions. C’est vrai que si on se limite aux collections qui passent en revue toutes les professions (en particulier de la fonction publique) qui sont à l’humour ce que la musique militaire est à la musique, qu’on admet que la grande époque de Fluide Glacial est plutôt derrière nous (pas complètement mais…) et qu’on ne peut vraisemblablement pas obliger Goossens à faire 5 ou 6 albums par an, il faut avouer qu’on se marre de bon cœur avec plus de difficultés qu’il y a plusieurs années. Pourquoi ? A l’aune de l’histoire de la BD adulte, on pourrait éventuellement l’expliquer par le fait qu’elle est sortie définitivement du carcan « jeunesse » dans lequel elle était empêtrée avec les années Gotlib et consort… Je vous dis ça mais en fait, je n’en sais rien. Est-ce que les formules des anciens ne se perdent pas au fil du temps ?

Racines du rire

Visiblement, ce n’est pas le cas avec Les Vieux fourneaux. Pour rappel, cette série a presque reçu un quasi-plébiscite lors du prix des libraires 2014 (et pour la 2e fois consécutive au même scénariste d’ailleurs). Comme disait ma grand-tante Agathe : c’est dans les vieilles marmites… mais vous connaissez la suite. En lisant les deux premiers albums, j’ai immédiatement pensé à l’amour que l’on porte souvent aux vieux emmerdeurs dans les histoires en France. Les deux papys du Muppet show, les anciens du village corse d’Astérix et bien entendu, les héros de Les Vieux de la Vieille », roman de René Fallet adapté en 1960 par Gilles Grangier (avec Jean Gabin notamment). Trois vieux caractériels, une histoire bornée de bons mots et de franches rigolades…

Oui, je vous assure, il y a un air !

Oui, Les Vieux fourneaux, c’est exactement ça : des dialogues du tonnerre qui sentent le Michel Audiard, des quiproquos et des coups de sang pour finalement aboutir à une belle histoire d’amitié mais aussi de transmission avec la nouvelle génération – par le personnage de Sophie – qui semblent bien valoir la première. Au passage, les deux « pétages de plomb » en 4e de couverture proviennent bien du seul personnage féminin de – de 80 ans de cette histoire. Au bout du compte, on rit et on s’amuse avec ces personnages qui ne se refusent plus rien. Des dialogues et un scénario vraiment bien servi par un dessin comme seule la BD franco-belge est capable de sortir. Un dessin héritier des meilleures années Spirou où le réalisme s’accompagne de vraies caricatures (franchement nos héros ont des vrais gueules) tout en conservant un vrai dynamisme. C’est vraiment agréable, lisible tout en étant détaillé. Il y a parfois du Franquin dans le dessin de Paul Cauuet.

La place du vieux clown

Mais au-delà des apparences comiques, cette série ne propose pas uniquement une galerie de clown. Ses personnages ont une vraie histoire, positive ou négative, que chacun emporte avec lui. Ne pas profiter de leur expérience, de leur vécu, aurait été une vraie erreur de scénario. Cet écueil, Wilfrid Lupano l’évite avec beaucoup de maestria et en fait même le principal moteur de ses deux albums. Autre point fort, et je terminerai cette chronique (et l’année 2014) sur ce point, il ne s’agit pas ici de parler de vieux nostalgiques. Les personnages, même s’ils ont certaines préoccupations de leur âge, reste très ancré dans le monde actuel. Certes, il y a leur lien avec Sophie, la jeunesse prenant le relais un peu utopiste de leurs vieilles idées, mais ils sont toujours bien présent et tiennent leur rôle de vieux sages, de vieux philosophes… ou plus simplement de vieux emmerdeurs (oui, j’ai dit deux fois emmerdeurs dans cette chronique mais ils le valent bien). Bref, une place que l’on ne laisse plus beaucoup au 3e ou 4e âge aujourd’hui. Je pense en avoir assez dit pour cette série. Ouvrez, lisez, riez… On ne fait pas plus simple. Je n’aurais qu’un mot pour terminer cette chronique : bonne année 2015 à vous tous ! A lire : la synthèse des Kamarades de K.BD

Les Vieux fourneaux (2 volumes, en cours) Scénario : Wilfrid Lupano Dessins et couleurs : Paul Cauuet Editions : Dargaud, 2014 (12€) Public : Ado-adulte Pour les bibliothécaires : Prix des libraires 2014. Indispensable !

Chroniques BD

Ma révérence (Lupano et Rodguen)

Vincent est un trentenaire paumé. Pour sortir de sa condition, il prépare l’attaque d’un fourgon blindé avec son vieux pote, Gabriel, alias Gaby Rocket, un quinquagénaire tout aussi perdu que lui. Pour cela, ils vont prendre le fils du chauffeur en otage. Mais voilà, nos deux apprentis malfrats ne sont pas des pros et les imprévus se succèdent.

Faux polar

Ma révérence a reçu le prix polar au festival d’Angoulême en 2014. Bravo à Rodguen (aux dessins), Ohazar (le coloriste) et à Wilfrid Lupano qui est décidément un scénariste qui a le vent en poupe. C’est très bien excepté que Ma révérence n’est pas un polar.

Si on se base sur une définition stricte, à savoir qu’un polar intègre une enquête, un mystère et un policier (ou un détective) comme personnage principal. Ici, rien de cela. A y regarder de plus près, même sans cette définition stricte, cette histoire est avant tout une affaire de personnages, de contexte social, d’utopie et de quête de soi. Les deux apprentis malfrats ne sont pas des durs, mais deux types un peu paumés en décalage avec la réalité qui les entoure. Bref, de magnifiques losers comme on les aime. L’un poursuit un rêve, l’autre survit malgré tout. Nous pourrions presque nous passer du « casse de fourgon » tant il paraît anecdotique à côté de l’aspect quasi-sociologique présentant une France des années 2000 en manque de repères.

Vrai réalisme

C’est là toute la force de l’écriture de Wilfrid Lupano. Il décrit avec beaucoup de justesse, mais aussi d’humour à travers des dialogues incisifs, une société où racisme, individualisme, quête de l’apparence, manque de courage sont au cœur des préoccupations et des débats. Vincent et Gaby n’échappent pas à ce contexte mais ce sont surtout les personnages secondaires nombreux qui enrichissent tour à tour le cadre de cette histoire.

Côté récit, l’ensemble est d’une grande fluidité et on prend plaisir devant les multiples rebondissements. Le dénouement ne surprendra toutefois pas vraiment le lecteur. Ce n’est pas grave car l’intérêt de cet album est ailleurs. Graphiquement, le dessin et la couleur rappellent le travail d’un illustrateur comme Gazzotti (Seuls). Un trait plutôt classique mais qui correspond à l’esprit particulièrement réaliste de cet album. Classique mais efficace, donc !

Finalement, cette lecture est agréable. Je doute toutefois que cet album demeure dans les mémoires très longtemps. Référence politique, sociale, graphisme très classique oblige. Toutefois, on prend un vrai plaisir à suivre les aventures de ce personnage plutôt positif qu’est Vincent. Looser ? Pas tant que ça. Un bon album, ça c’est sûr !

A lire : la critique de Mo’

Ma révérence (one-shot)
Scénario : Wilfrid Lupano
Dessins : Rodguen
Couleurs : Ohazar
Editions : Delcourt, 2013

Public : Ados-Adulte
Pour les bibliothécaires : un bon album, un prix, de quoi plaire aux lecteurs.

Privacy Settings
We use cookies to enhance your experience while using our website. If you are using our Services via a browser you can restrict, block or remove cookies through your web browser settings. We also use content and scripts from third parties that may use tracking technologies. You can selectively provide your consent below to allow such third party embeds. For complete information about the cookies we use, data we collect and how we process them, please check our Privacy Policy
Youtube
Consent to display content from - Youtube
Vimeo
Consent to display content from - Vimeo
Google Maps
Consent to display content from - Google
Spotify
Consent to display content from - Spotify
Sound Cloud
Consent to display content from - Sound