Les lecteurs de Sandman, l’œuvre majeure de Neil Gaiman (dont nous reparlerons sans doute un jour sur IDDBD) se souviennent sans aucun doute de l’impression étrange émanant des couvertures créées par Dave McKean. Dans Cages, ce mélange amer perdure tout au long des 500 pages de cette expérience rare voire unique.
Cages raconte l’histoire de trois artistes : un dessinateur en reconquête d’inspiration, un romancier en quête d’oubli et un musicien de jazz spirituellement accomplit. Ils habitent un lieu étrange où insolite, bizarrerie, folie, fantasmagorie et même fantastique se confrontent sans cesse. Eux-même sont des personnages bien curieux. Leur immeuble se situe au milieu d’une mégalopole contemporaine.
Dans cet endroit particulier, il se passe des évènements faussement anodins. Entre rencontres, monologues intérieurs, discussions et chants spirituels, entre témoignages « à la façon » d’un documentaire télé et longs silences, Dave McKean donne toutes les autorisations et le temps nécessaires à sa réflexion personnelle sur l’art et la création pour se développer.
Cette recherche narrative s’accompagne alors d’une incroyable variété graphique. La plupart du temps épurées, en noir, blanc et gris, les illustrations changent d’une page, voire d’une case, à une autre. On passe ainsi d’un crayonné simplissime à un dessin baroque en couleur, d’une photo à un montage finement pensé. Déroutant mais magnifique ! Surtout quand ces choix apportent une valeur supplémentaire aux impressions et aux sensations liées au texte. C’est violent et beau à la fois ! De ces expériences qui marquent la vie d’un bédéphile amateur.
A n’en pas douter, Cages est un authentique joyau. Il a été d’ailleurs largement récompensé à travers le monde (Alph’Art du meilleur album étranger en 1999) et fait partie de ces chefs d’œuvres incontournables, difficiles c’est vrai, mais magnifiques.
A voir : le site officiel de Dave McKean
A lire : deux bonnes critiques sur le site Bulle d’Air