Preacher – 3 tomes parus (scénario de Garth Ennis, dessins de Steve Dillon, Panini, collection Vertigo).
J’ai enfin trouvé 3 minutes (un peu plus d’ailleurs) pour m’attaquer à la tour d’album à côté de mon lit. Le premier de la pile porte le doux nom de Preacher. La couverture nous rappellerai presque une phrase célèbre de La Divine Comédie « Toi qui entre ici abandonne toute espérance » et pour un peu…
Car amis bien pensants, aux valeurs morales et religieuses assumées et solides, voici un comics qui vous fera retrouver le noble chemin de la censure ! Voici un comics choc, un comics qui a fait date dans les années 90 ! Preacher est une grenade dégoupillée prête à éclater à tout moment !
Après tout, ça commençait pas si mal. Par un dimanche matin au beau milieu du Texas, le révérend Jesse Custer, qui la veille vient de se battre dans un bar, s’occupe de son troupeau de braves gens. Mais soudain, une comète tombe du ciel et le frappe en anéantissant purement et simplement l’église et toute sa population. Unique rescapé, Custer a fusionné avec un être mi-ange, mi-démon nommé Genesis. Au passage cet être hybride s’est un peu échappé du paradis (oui, oui le vrai !), et bien entendu, les anges qui ne sont pas des enfants de cœur aimeraient bien le récupérer (mort de préférence).
De son côté, Jesse souhaiterait bien quelques explications et, accompagné par une ex-petite amie à la gâchette facile et un irlandais tout aussi mystérieux que déjanté, entreprend un voyage encombré d’embûches et même bien plus que ça.
Autant vous prévenir, les aventures de Jesse Custer et de ses acolytes ne vous épargnera rien ! Rien excepté le bon goût peut-être. En effet entre sexe, bagarres, drogues, blasphèmes en tout genre, sang, flingues, immoralité et tout autres choses du même genre, Garth Ennis et Steve Dillon ne se sont rien refusés.
Mais attention, Preacher est loin d’être un film d’action où Jean-Claude Van Damme aurait le premier rôle. Non, les deux auteurs jouent tout en finesse et distillent avec talent des petits bouts de passé et d’explications. Bref, ils réussissent à crédibiliser leur histoire, à rendre attachant des personnages aux passés sulfureux et à l’avenir incertain et surtout, à faire rire ou trembler à chaque chapitre.
Et puis Preacher, c’est le « chat » de la « souris cliché »: il joue avec avant la croquer. Il ne fait pas bon être un personnage récurrent des films US : le super-flic ou le texas rangers, le serial-killer, le cow-boy, le journaliste et bien d’autres s’en prennent plein la tête dans une histoire mêlant western, road-movie, quête fantastique, thriller et bien entendu, catholic-fantasy. Preacher est une joyeuse cacophonie qui malgré tout, est entièrement maîtrisée. Rebondissements et suspense sont au rendez-vous de cette œuvre à part mais totalement sympathique… si vos valeurs morales ne sont pas trop susceptibles bien entendu… Mais, pour le coup je vous aurai prévenu. Trois mots pour conclure : tout simplement jouissif !
Et comme je ne conclus jamais directement, j’aimerais remercier Jimmy (qui se reconnaitra s’il passe par ici) pour ce conseil. Je n’aurai sans doute pas eu l’occasion de le lire sans lui. A charge de revanche !
A lire : la très bonne chronique sur culturofil
A voir : le site très complet du BDvore