(scénario et dessins de Taiyou Matsumoto, éditions Tonkam)

Contrastes Urbains

A Takara, mégalopole contemporaine où règnent misère et petites arnaques, Noiro et Blanko sont deux orphelins vivant de rapines et de racket. D’une remarquable agilité, les chats survolent les toits et sont impitoyables. Ils règnent en maitre sur « leur » ville.
Si Blanko est extraverti, complément déconnecté de la réalité, à la limite de la folie, son grand frère Noiro est sombre, secret, toujours prêt à dépasser les limites de la violence. Mais cet équilibre précaire est remis en cause le jour où une série d’évènements vient remettre en cause leur suprématie. Voici le début d’une quête initiatique pour les deux frères… et d’une oeuvre riche et magnifique.

Sorti en 1995 au japon, le manga de Taiyou Matusmoto est une chronique d’une urbanité oppressante, noyant ou plutôt conservant l’individu dans sa folie et dans sa démesure. Takara littéralement Trésorville, est bien plus qu’un décor. C’est un symbole. Si les deux orphelins portent même jusque dans leurs noms sa part d’obscurité et de lumière, les personnages secondaires (en particulier les deux figures formidablement réussies des Yakuza) font également parti de ce corps omnipotent.

Seule figure féminine importante du récit, Takara est une ville-mère, moteur de l’histoire. En effet, ce sont bien ses propres évolutions qui obligent les personnages à se découvrir eux-même, parfois pour leur plus grand malheur. Dans Amer Béton, peu d’entre eux échappent aux vicissitudes de leurs destins même si l’espoir ne disparait jamais.

Le dessin est très surprenant, loin des canons classiques du manga. Il indignera encore plus que d’habitude les ayatollahs du franco-belge. Pas grave on a l’habitude ! Si vous avez la chance de passer outre, alors vous découvrirez une histoire riche, parfois rude et sans complaisance, mais absolument passionnante qui, sous bien des aspects, me fait penser au cultissime Akira de Katsuhiro Otomo. Je regretterai seulement le travail un peu léger des éditions Tonkam. L’absence de traductions d’idéogrammes ou quelques pages d’explication aurait pu être un plus, surtout pour une édition intégrale… Enfin, je chipote…

Avant de refermer cette chronique, je ne saurais trop vous conseiller de voir la superbe adaptation du manga. Un pur joyau d’animation (pour les grands hein, évitez de regarder ça avec vos enfants) !

A lire : la chronique du Monde à l’occasion de la sortie du film

A lire (encore) : la chronique (énorme et archi complète : respect) sur du9.org

A lire (toujours) : le dossier réalisé par le site Akata (Delcourt) sur Amer Béton

A voir : des extraits vidéos du film

A faire : voter pour Jibé et Sans Emploi pour la révélation Blog

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