Rébétiko : la mauvaise herbe (scénario et dessins de David Prudhomme, Futuropolis)

Bon allez ça reste entre nous mais je dois vous avouer quelque chose ! Rébétiko était mon favori dans  la sélection angoumoisine de cette année. Dommage… Z’ont préféré la finesse des banlieues à la poésie, c’est leur affaire après tout.

Le Rébétiko est une musique populaire grecque née dans les années 1920 dans les bas-fonds des grandes villes (Athènes en particulier). Comparable au fado par ses thèmes (les amours impossibles, l’exil, la pauvreté, le quotidien…), elle est une rencontre entre les traditions orientales et occidentales de la méditerranée.  Les rébétes, les musiciens du rébétiko, étaient souvent des expatriés turques ou des grecs insulaires exilés sur le continent, la plupart du temps des marginaux n’ayant pour seul mot d’ordre que musique, liberté et produits peu autorisés.

Notre histoire commence un matin d’octobre 1936 à Athènes, Stavros se lève dans une chambre ensoleillée, cigarette au bec. Il part rejoindre ses amis à la prison car Markos sort après 6 mois d’emprisonnement.  Son crime ? Hormis être rébéte ? Pas grand chose. Nous sommes au début de la dictature du Général Metaxas qui a juré de lutter contre l’amollissement des mœurs de la société. Les exilés, les étrangers et surtout leur musique sont des coupables tout trouvés, comme toujours (et encore) les premiers servis lorsqu’il s’agit de rétablir un prétendu ordre moral perdu. Mais Stravros, avec une légèreté propre à ces hommes, ne s’occupe pas de politique et ce soir, pour la sortie de Markos, ce sera la fête ! Et la nuit est prometteuse ! Voici donc raconté en une centaine de planche, une journée et une nuit de ces musiciens et de ces hommes hors norme… la mauvaise herbe que l’on souhaite arracher.

Et c’est de cette mauvaise herbe que naît la magie, la magie d’une musique venant de la crasse des bidonvilles, une musique pourtant emplie d’espoir, de liberté et d’insouciance. Rébétiko est un album à la hauteur de ses ambitions avec des personnages magnifiques, gonflés d’orgueil et de folie douce, amoureux de leur musique et d’une vie qu’il ne souhaite pas brader pour des idéaux poisseux. Album nourri d’une atmosphère sublime, où l’on sent la moiteur d’un automne méditerranéen, où la vie et la nuit grouille malgré une société clouée par la dictature, une atmosphère où les références à l’orient et l’occident se rejoignent dans un même dialogue. Et les dessins de David Prudhomme ! Gorgé de soleil, cherchant la finesse dans les traits et l’érotisme dans les courbes, donnant aux danseurs de rébétiko des allures de pythies, les oracles grecques qui entraient en transe pour prophétiser la parole divine.

On sent l’énorme travail de recherche de David Prudhomme mais on y devine surtout sa grande sensibilité, car pour un homme qui n’est pas musicien (avant propos de l’album) il a réussi à ressortir l’essence même de la musique populaire. Un album d’une incroyable beauté qui aurait mérité beaucoup plus qu’un prix Regards sur le monde.  Mais l’important n’est pas là, il est au-dessus… Tout là-haut.

A voir absolument : un blog consacré à la BD avec dessins, liens, vidéos sur le sujet. Très intéressant !!
A lire : l’avis d’un éminent spécialiste

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