Scénario de Pierre Oscar Lévy
Scénario et dessins de Frederik Peeters
Editions Atrabile (2010)
Public : Adultes
Pour les bibliothécaires : comme à chaque album, tout simplement essentiel.
Une journée à la mer
Un jour j’aimerai pouvoir vous écrire : « Désolé mais pour une fois, le Frederik Peeters, ben… c’est vraiment pas terrible ! ». Depuis que j’écris sur IDDBD, je vous rabâche sans cesse la même litanie : « Fred Peeters c’est génial, Fred Peeters c’est la classe, Fred Peeters c’est le haut du panier, Fred Peeters et gnagnagna… » Et bien devinez ? Château de Sable est encore une réussite.
Désolé… je n’y peux rien.
Je ne m’attarderai pas à vous faire un résumé de l’histoire car il est bien plus intéressant de pénétrer dans cet album en se laissant juste guider par l’impression dérangeante de la couverture. On ouvre le livre et dès les premières planches nous voici projetés dans un univers où l’atmosphère surnaturelle se dégage de la banalité. Quelques détails seulement pourraient trahir mais les dialogues de Pierre Oscar Lévy sont ceux du commun. Graphiquement, on ne retrouve pas les volutes et les cases folles de Lupus mais juste des visages d’enfants, de parents, de vieillards et un décor naturel. Non, ici rien ne laisse présager… Mais j’ai dis que je ne trahirais pas le secret de cet album.
Encore une fois, et cette fois-ci en duo avec Pierre Oscar Lévy, Frederik Peeters est là où on ne l’attend pas… Enfin pas vraiment car cet album va de surprise en surprise, de moment de grâce en moment de grâce. Après l’aventure intérieure (Lupus), l’autobiographie (Pilules Bleues), le conte fantastique jeunesse (Koma avec Wazem), le recueil de nouvelles, le polar (RG avec Pierre Dragon) ou le fantastique (Pachyderme), Peeters aborde encore un nouveau rivage dans ses thèmes et ses genres. Cependant, sur la forme, Château de Sable s’inscrit dans une certaine continuité car on y retrouve la patte caractéristique de l’auteur suisse : le rythme du récit prenant le temps de dresser le portrait de chaque individu ; le goût prononcé pour un forme d’humour pince-sans-rire décalé et surtout, cette volonté farouche, quasi marque de fabrique de mettre l’humain au centre du récit.
Car Château de Sable est avant tout une chronique humaniste. Un huis-clos étourdissant et dérangeant où réflexions sur la vie, la mort, le temps qui passe, les rapports aux autres et les angoisses qui en résultent se mêlent et constituent l’essence même du livre. Château de Sable est une auberge espagnole où chacun apporte un peu de soi : personnages, auteurs et lecteurs. Face aux événements et en refermant l’album on se pose inévitablement la question… et moi ?
Comment ne pas encore vous inviter à vous plonger, si ce n’est pas encore fait, dans l’œuvre magique de cet auteur ? Comment ne pas vous inviter à lire un album, qui encore une fois, vous donnera l’impression d’avoir abordé quelque chose d’essentiel qui pourrait, dans une certaine mesure, changer votre propre regard sur la vie ? Un album tout a fait important, dans la lignée des publications de Peeters chez Atrabile. Sans doute, un des plus bel album de cette année 2010… on en reparlera à la fin du mois de janvier 2011…
Message Post-chronique : mon refus de dévoiler le contenu de l’album étant assez frustrant, je vous invite à réagir dans les commentaires. Je serais ravi de discuter de votre point de vue.
A découvrir : le site consacré à Frederik Peeters
A relire (rappel d’une chronique de vacances) : l’interview de Pierre Oscar Lévy consacré à Château de Sable