Depuis tout jeune, Kenichi Shirahama est un souffre-douleur. Petit et malingre, il veut changer les choses et s’inscrit dans le club de Karaté du lycée. Mais les ennuis arrivent vite et il est confronté aux velléités agressives de ses petits camarades. Heureusement, peu de temps avant, il a rencontré Myu, une jeune et sexy jolie jeune fille. Cette dernière s’avère être en fait une spécialiste des arts martiaux. Mais d’où tient-elle cette force ? Kenichi va bien vite le découvrir en devenant le disciple du Ryôzampaku… un dojo regroupant les plus grands maîtres d’art martiaux.

Certaines œuvres visent les plus hautes sphères du monde de la bande dessinée, certains auteurs ont de grandes prétentions, cherchant par un trait, une phrase, un scénario bien pensé à nous transporter dans des univers fabuleux, merveilleux, différents… Soyons francs, ce n’est absolument pas le cas de cette série. Kenichi assume pleinement son côté divertissant. Voici un manga d’action et d’humour. Rien de plus, rien de moins. Fin de la chronique.

Bon d’accord, je développe un peu. Sinon, mon ami Pfff risque encore de me dire que je fais dans la chronique défécatoire. Bref, assumer c’est bien mais encore faut-il le faire correctement ! Shun Matsuena réussit plutôt bien son coup et s’inscrivant dans la plus pure tradition du shonen d’arts martiaux, un genre qui se destine principalement aux ados boutonneux à chromosome Y. Je sais d’expérience que les filles rigolent bien aussi. On pense évidemment aux grandes séries qui ont bercé la jeunesse de la génération Club Dorothée type Ranma 1/2 et bien sûr au cultissime Dragon Ball (et ses fameux saignements de nez…).

Alors quels sont les éléments qui vous feront aimer ou détester Kenichi ? Tout d’abord, l’idée force, celle qui fait avancer tous bons shonen : le dépassement de soi. Classique ! Notre héros est un jeune homme sans véritable talent pour les arts martiaux mais peu à peu, il devient un vrai combattant à force de travail et d’application. Au passage, KBD a consacré son mois de juillet au dépassement de soi, vous trouverez une bonne liste d’albums sur cette page. Mais bon, le petit Kenichi a son petit truc en plus, le détail qui fait la différence entre un bon élève et un disciple ultime. Mais ça, je ne le dévoilerai pas ici.

Viens ensuite la narration. Les ficelles sont grosses mais le lecteur est vite pris dans l’engrenage de cette série (46 volumes au Japon quand même !). Grosso-modo, le premier cycle des aventures correspondant à l’apprentissage et au combat contre le Raghnarok – la bande de voyou locale –  compte 16 volumes. Durant ce temps très longs, le challenge monte en puissance au fur et à mesure. Les adversaires sont de plus en plus fort, de plus en plus résistant, bref de plus en plus tout… Les combats, qui mêlent situations farfelues et précisions dans la description de certains coups (au vu de mes connaissances – limitées – en karaté) sont très bien amenés. Rien n’est jamais gratuit de ce côté-là. De plus, ces combats ne dépassent jamais un ou deux chapitres. On ne ressent pas la lassitude des éternels combats de Saint Seya (Les Chevaliers du Zodiaque en VF). Emportés par le graphisme dynamique, là encore classique pour du manga, on veut en savoir plus : les mystères des bons et des gentils. Au passage, on remarquera les pirouettes scénaristiques qui font passer les personnages d’un camp vers l’autre. Heureusement, nous avons suffisamment de méchants en réserve (quasi inépuisable d’ailleurs).

Mais cette série tient surtout sur son auto-dérision potache. Nous sommes presque plus dans le genre « humour » que « combat à la Dragon Ball ». Cette capacité à se moquer de soi-même est incarné par les personnages secondaires. En particulier les six maîtres du Ryôzampaku. Je ne vais pas trop vous révéler leurs caractéristiques, disons qu’ils sont de grands originaux… ou plus simplement de grands malades qui n’hésitent jamais à maltraiter ce pauvre Kenichi. On dit souvent que la richesse d’une série tient beaucoup sur ses personnages secondaires. Dans ce cas, ce manga est une vraie mine de franc éclat de rire. Nous ne sommes pas dans l’intellectuel, loin de là. Mais il y a beaucoup de légèreté et franchement ça fait du bien parfois de poser le cerveau (sous réserve de le retrouver à la sortie) ! Dans le même ordre d’idée, j’ai apprécié le personnage de Myu. Héroïne bien plus complexe que son graphisme ne le laisse penser. Par la grâce du fameux « fan service » (je vous laisse regarder les couvertures, vous comprendrez) qui a si longtemps catalogué le manga au rang de BD pourrie pour obsédés sexuels, cette héroïne repose sur tout un tas de clichés. Heureusement, ils volent vers d’autres cieux au fur et à mesure. Finalement, elle est bien la pierre angulaire qui fait que tout ce petit monde cohabite. Un personnage féminin plutôt bien penser. D’ailleurs les personnages récurrents ont tous un petit background. Cela permet aussi à l’auteur de se ménager des moments de pause en déviant de l’histoire principale pour approfondir un personnage secondaire. Cela donne un peu de profondeur à l’ensemble.

Si vous aimez rire, si vous aimez les combattants qui ne prennent pas au sérieux alors Kenichi est pour vous. Pur manga de divertissement, ce shonen vous fera passer de très bons moments. On regrettera juste le « fan service » qui bloquera quelques lecteurs (et surtout leurs parents) à la couverture. Mais ce côté est plutôt bien intégré dans le récit. Bref, Kenichi, c’est divertissant, ça s’assume… et c’est déjà pas mal !

A lire : la fiche technique sur manga-news

Kenichi, le disciple ultime. (27 tomes, série en cours)
Titre original : Shijou Saikyou no Deshi Kenichi
Scénario et dessins : Shun Matsuena
Editions : Kurokawa, 2008 (6,60€)
Edition originale : Shogakukan, 2002

Public : à partir de 10 ans
Pour les bibliothécaires : un style tout à fait classique pour du shonen. Très prenant. Nombre important de volume cependant (mais pas trop cher). Bref, réfléchir avant de se lancer mais une série qui devrait connaître son petit succès auprès de vos lecteurs.

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